Gitana 13 a doublé le Cap Horn à 23h54 TU
Gitana 13 a doublé le Cap Horn d'Est en Ouest cette nuit à 0h54 (heure française). Parti de New York le 16 janvier dernier à la conquête de la Route de l'Or, le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild établit une nouvelle référence sur cette tranche de parcours en 22 jours 7 heures et 25 minutes.

Et ce malgré cinq jours «  à blanc » dus à une météo défavorable aux abords du célèbre rocher.

Tout vient à point à qui sait attendre … Ce proverbe qui trouve son origine dans l'œuvre du poète français Clément Marot, sied aujourd'hui à merveille aux marins du Gitana Team. Après cinq jours de stand by forcé le long des rivages de la Terre de Feu, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers ont pu profiter d'une accalmie pour reprendre leur route en direction de San Francisco.
Mais la centaine de milles qui séparait hier encore Gitana 13 du Cap Horn n'a pas été une partie de plaisir, comme le confirmait le skipper à son équipe à terre : « Nous nous tenions prêts à l'entrée du Détroit de Le Maire depuis mercredi soir, mais il nous a fallu patienter une nouvelle fois : 40 nœuds de vent et une mer toujours forte n'étant pas les conditions idéales pour emprunter le Détroit. C'est finalement à 10h30 jeudi matin que nous nous sommes engouffrés dans cette étroite passe, où les 5 à 6 mètres de creux ne nous ont pas autorisé à dépasser les 8 à 9 nœuds de vitesse. Ca tapait beaucoup trop. Puis, nous avons rasé les cailloux pour essayer de ne pas trop se faire ralentir par la mer et rejoindre la pointe sud-américaine au louvoyage »

Le Cap Horn dans son sillage, ce sont désormais les eaux du Pacifique qui se présentent devant les étraves de Gitana 13 : « Au passage du Horn nous avons fait un bord au Sud-Sud Ouest de façon à nous dégager des côtes particulièrement mauvaises dans le coin et à aller chercher une bascule de vent favorable. L'objectif de ces prochains jours est clair : essayer de gagner assez vite dans le Nord-Ouest afin de ne pas tomber dans la dorsale d'une dépression, actuellement en formation plus au Nord. Nous devrons négocier le passage de ces basses pressions sur notre route. Ce seront quelques heures de mer peu confortables mais lors de notre rencontre nous serons en théorie loin des côtes, ce qui est déjà beaucoup moins gênant » expliquait Lionel Lemonchois. 

A bord du catamaran de 33 mètres, ces quelques jours « hors du temps » ont été mis à profit pour se reposer et aborder ainsi la remontée le long des côtes Ouest de l'Amérique Latine en pleine forme. Tout comme les hommes, c'est à 100 % de son potentiel que Gitana 13 s'engage sur les quelques 6 200 milles lui restant à parcourir.
Alors, loin de se décourager de ces cinq jours perdus au bon vouloir d'Eole, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers repartent à l'assaut de la Route de l'Or forts d'une motivation intacte : tout simplement heureux de renouer avec le record qu'ils sont venus chercher.

Pour l'histoire

Par 55°59 Sud et 67°16 Ouest se dresse le plus sud et le plus légendaire des grands caps : Le Cap Horn. Haut de 425 mètres, il est situé à l'extrémité sud chilienne de la Terre de Feu sur l'île Horn, qui dépend de l'archipel des Iles Hermite.

Découvert en 1616 par le commerçant Jacob Le Maire et le navigateur Wilhem Schouten, le fameux promontoire doit son nom au port hollandais de Hoorne, qui avait soutenu les deux hommes dans leur expédition. Car à l'époque, Le Maire et Schouten cherchaient à trouver une nouvelle route maritime vers le Pacifique et l'archipel des Moluques, afin de pouvoir contourner les restrictions commerciales imposées par la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. C'est ainsi qu'avec un régiment de marins ils prirent la mer à bord de deux voiliers - l'Eendracht et le Hoorne-, afin d'explorer l'hypothèse soulevée quelques années plus tôt par Francis Drake.
En 1578, ce corsaire anglais, lancé dans une expédition de pillage des colonies espagnoles d'Amérique du Sud, avait emprunté le Détroit de Magellan pour rejoindre le Pacifique. A la sortie de ce dernier, il se trouva pris dans une succession de tempêtes qui le firent dériver jusque 70° de latitude Sud, et suffisamment à l'est pour qu'il estime s'être retrouvé dans l'Océan Atlantique. C'est pourquoi le passage entre le Sud du continent américain et l'Antarctique porte son nom.

Les chiffres du record

Le temps à battre : 57 jours 3 heures 21 minutes 45 secondes, record établi par Yves Parlier et son équipage en 1998

Départ de New York : Mercredi 16 janvier, à 17h29 (heure française)
Passage à l'équateur : Mercredi 23 janvier à 8h24 (heure française),
Temps de passage - 6 jours 14 heures 52 minutes
Passage du Cap Horn : Vendredi 8 février à 00h54 (heure française),
Temps de passage - 22 jours 7 heures 25 minutes

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