Duel le long du Brésil
Après l’épreuve du Pot-au-Noir, Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont franchi l’équateur en tête, hier jeudi à 21h35 (HF), après seulement 7 jours 8 heures et 35 minutes de course depuis Le Havre ; un chrono bluffant en double, proche des temps de record en équipage. Les deux hommes carburent désormais plein Sud, en approchant de la latitude de Recife qu’ils couperont dans la soirée. Avec toujours plus de 70 milles d’avance (130 km), l’équipage d’Edmond de Rothschild met du charbon dans l’alizé de Sud-Est malgré la lance à incendie des embruns qui balaye le pont. A bord d’Oman Air-Musandam, Sidney Gavignet et Damian Foxall font de même plus à l’Est, se tenant prêts à saisir toutes opportunités de revenir au contact.

Si les deux trimarans 70’ de la Transat Jacques Vabre naviguent déjà au large du Brésil, le suspens de ce « duel en haute mer » a encore de belles heures devant lui. En effet, avec plus de 1 500 milles (2780 km) restant à parcourir avant le port d’Itajaí, situé à 700 km au Sud de Rio, les deux tandems qui ne se lâchent pas depuis huit jours vont devoir garder les nerfs solides et tenir le coup physiquement pour ce dernier sprint qui va demander encore pas mal de finesse tactique.

Un « run » en double digne d’un Trophée Jules Verne

Alors que le reste de la flotte de la Transat Jacques Vabre navigue encore dans l’hémisphère nord, les deux Multi70 ont franchi hier l’équateur avec seulement deux heures d’écart. Menés en double pour la première fois depuis qu’ils existent, ces trimarans monotypes de 21 mètres affolent les compteurs depuis le départ. S’ils ont mis 7 jours 8 heures et 35 minutes à couper l’équateur depuis le Havre, le duo d’Edmond de Rothschild a mis 6 jours 11 heures et 35 minutes depuis la Pointe bretagne (St Mathieu) soit un temps très proche de celui de Groupama 3 mené par Franck Cammas lors de sa première tentative sur le Trophée Jules Verne en 2008. L’équipage de dix marins avait alors effectué Ouessant-équateur en 6 jours 6 heures et 24 minutes.

Pied au plancher dans l’Alizé

« Nous avons accéléré dans 25 nœuds Sud-Est et nous progressons à 25-30 nœuds sur une mer assez plate, » confiait Charles Caudrelier ce matin. « A ce rythme, nous serons devant la pointe de Recife dans 12-13 heures (18-19h ce soir) et là, ça va redevenir agréable. » Même son de cloche de la part du skipper, Sébastien Josse, particulièrement en forme : « Tout va bien ! Nous sommes sous le soleil à bonne vitesse et trempés jusqu’au cou mais c’est normal : on a rien sans rien ! La coque centrale fait un jet d’eau permanent et dès que tu sors de la casquette, tu es trempé.»

Avec quelques ajustements de voiles selon l’intensité de l’alizé, c’est le pilotage qui prime actuellement à bord du trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild. Dans ces conditions, terminé les grandes options, il faut gagner au Sud au plus vite et tenir son adversaire à distance.

Oman dans le rétroviseur

Et cet adversaire est coriace ! En se décalant dans l’Est au passage du Pot-au-Noir, le « challenger » a réussi à réduire son écart latéral avec le leader mais ne semble pas, pour l’heure, bénéficier d’un avantage très significatif tant en angle qu’en vitesse.

Néanmoins, Sébastien et Charles restent vigilants. « Cette nuit, nous n’avons pas chômé » confie le skipper. « Nous étions à l’attaque en nous relayant beaucoup pour exploiter au maximum le potentiel du bateau. Avec leur décalage dans l’Est à la sortie du Pot-au-Noir, ce n’était pas gagné avec Oman et nous voulions nous assurer de sortir bien devant eux. »

Vers une fin haletante

Si le dénouement reste encore loin (arrivée estimée entre lundi dans la nuit et mardi), tous les observateurs s’accordent à dire qu’au Sud du Cabo Frio, la météo se complique, pour même devenir très aléatoire sur les derniers milles avant Itajaí.

Classement du vendredi 15 novembre à 16h30 (heure française)
  1. Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) à 1 507, 8 milles du but / 24,3 nds de moyenne sur 2h
  2. Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) à 69,8 milles du leader / 26,9 nds de moyenne sur 2h
Note aux éditeurs

Le duo d’Edmond de Rothschild

Sébastien Josse, skipper
38 ans, vit en couple
6 Solitaire du Figaro, 2 Vendée Globe, 1 Volvo Ocean Race, 1 Trophée Jules Verne
2011, intègre le Gitana Team et fait ses premiers bords en multicoque océanique
3e participation à la Transat Jacques Vabre, 1ère en multicoque
Pour en savoir-plus sur Sébastien Josse : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=sebastien_josse_2013.html

Charles Caudrelier, co-skipper
39 ans, marié, deux enfants
8 Solitaire du Figaro, 11 transatlantiques en course, 1 Volvo Ocean Race
4e participation à la Transat Jacques Vabre, 2e en multicoque, dont 1 victoire en 2009 dans la classe Imoca avec Safran
Pour en savoir-plus sur Charles Caudrelier : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=charles_caudrelier_2013.html 

Transat Jacques Vabre
11ème édition, fête ses 20 ans cette année
Transatlantique en double entre Le Havre et Itajaí (Brésil)
5 400 milles à parcourir sur la route directe
4 classes de bateaux inscrits (Class40’, Imoca60, Multi50 et Multi70), 44 duos engagés
Départ du Havre : le jeudi 7 novembre à 13h
Temps de traversée estimé : entre 12 et 16 jours

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