Parlons record

Cette traversée Pacifique va se terminer avec un objectif atteint : améliorer de manière conséquente le record en place. Bien évidement, le temps que nous allons établir sera battu un jour ou l'autre. Mais cela ne sera pas tâche facile pour autant. Ce qu'il convient de savoir est que cette traversée est irréalisable sur la route orthodromique, soit la distance la plus courte entre San Francisco et Yokohama (4 482 milles). En raison de la rotondité de la terre, cette route théorique fait passer à raser les Aleutian, chapelet d'îles qui séparent le Pacifique de la mer de Bering. Ces îles, qui barrent l'accès au nord sauf par d'étroits canaux, empêchent du coup de passer du bon côté des dépressions (par le nord justement). Sans parler bien évidement de la présence toujours possible dans ce coin fort peu fréquenté d'icebergs et autres growlers. Nous sommes donc loin d'un record de la traversée de l'Atlantique, où les dernières tentatives victorieuses se sont soldées par des routes très proches, à quelques poignées de milles près, de la route théorique.

Le challenge est donc de suivre une route « météorologiquement » réalisable, tout en essayant de parcourir le moins de milles possible. Avec la toujours précieuse collaboration de Sylvain Mondon, c'est ce que nous avons entrepris. Le challenge est complexe vu l'immensité de cet océan. Si sur une traversée de l'Atlantique, un seul système météo est en jeu, ici, c'est loin d'être le cas. Nous avons eu à négocier deux dépressions : une au départ, l'autre à l'arrivée. Entre les deux, ce ne sont pas moins de trois anticyclones que nous avons eu à gérer, avec à la clef  les passages toujours « tordus » pour glisser de l'un à l'autre. On le voit, énormément de paramètres entrent en ligne de compte et la belle mécanique peut s'arrêter à la moindre anicroche. Côté distance, nous aurons parcouru réellement 5 633 milles, chiffre qui tient compte des 100 milles qui nous séparent encore de l'arrivée au moment où j'écris ces lignes (17h00 TU).  Nous avons donc parcouru  1 152 milles de plus que la route théorique. Notre vitesse moyenne réelle sera donc de l'ordre de 21,33 nœuds sur le fond. Si ces chiffres ne figurent pas sur les « tablettes » du WSSRC, ce sont eux qui seront examinés de près par les futurs prétendants au  record.

Quant à la vie à bord, il va sans dire que nous sommes allés tout le temps à l'essentiel, à savoir, manger, dormir (quand cela était possible) et être sur le pont. Pas beaucoup de fioriture dans notre emploi du temps, avec un Gitana 13 qui nous a « scotché » dans sa capacité à encaisser les coups.  Pas un seul bobo à déplorer, il convient de le signaler. Même si nous n'avons jamais été « over limit », avec parfois au contraire une belle marge de sécurité,  il est certain que le capitaine Lionel sait imposer un rythme élevé. Il ne laisse rien passer. A naviguer à ses côtés, on comprend tout de suite pourquoi il a laissé dans son sillage tous ses adversaires lors de la Route du Rhum 2006.

A bientôt

Nicolas Raynaud

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