La transat Québec-Saint Malo vue par Fred Le Peutrec
Après deux participations à cette transat en équipage d'Ouest en Est, Fred Le Peutrec ne part pas dans l'inconnu et donne son point de vue sur cette course qui mélange descente du fleuve Saint Laurent, navigation sur l'océan Atlantique et parcours côtier en Manche.

Après un grand prix à La Trinité-sur-mer (France) pour ouvrir la saison, puis une transat anglaise en solitaire entre Plymouth (GB) et Boston (USA), Fred Le Peutrec s'aligne avec cinq équipiers sur Gitana 11 pour cette épreuve unique en son genre, la transat Québec-Saint Malo. Le parcours est en effet très particulier puisqu'il débute par une régate à vue le long du fleuve Saint Laurent, puis enchaîne une navigation côtière entre Gaspé et Terre-Neuve, se prolonge ensuite par une transatlantique jusqu'au phare irlandais du Fastnet, pour terminer par un parcours côtier le long des côtes anglaises et bretonnes de la Manche.

« La première fois que j'ai fait cette transat Québec-Saint Malo, c'était en 1992 avec Jean Maurel sur l'ex-Elf Aquitaine, renommé Allianz Via Assurances, le trimaran qui est devenu depuis Gitana IX ! La seconde fois, c'était lors de la dernière édition en 2000, avec Marc Guillemot sur Biscuits La Trinitaine… »

« C'est la seule course océanique en équipage du circuit Orma et cela permet de tirer à 100% sur les bateaux. Après la transat anglaise, c'est très intéressant d'avoir des yeux nouveaux pour confirmer ou infirmer les perceptions qu'on a eues. En plus, c'est un parcours « retour » en été, qui nous ramène à la « maison »… Avec de fortes chances de naviguer au portant, c'est-à-dire poussé par le vent. Nous aurons deux séquences côtières qui seront passionnantes : une régate le long de la côte québécoise sur le Saint Laurent avec des effets de côte, de la brise thermique, du courant, et une autre après le phare du Fastnet au sud de l'Irlande, le long des côtes de la Manche. La séquence milieu est la traversée de l'Atlantique avec probablement un front qui fait faire du portant sous gennaker. C'est un peu comme un Grand Prix Offshore… plus long ! Nous sommes en équipage réduit, à six au lieu de onze en grand prix, avec en plus la notion de traversée, de navigation de nuit, de longueur de parcours, de gestion de l'équipage, de sa fatigue et de son énergie… «

« La première journée et la première nuit, c'est à dire les 200 premiers milles, vont être intenses, avec beaucoup de manœuvres, de virements, d'empannages, de calmes et de risées à gérer. Beaucoup de bagarres en perspective entre les douze multicoques, avec des échappées, des regroupements. Il faut que l'équipage soit tout le temps sur le pont, très attentif et réactif. Un virement raté peut faire perdre pas mal de temps ! Surtout qu'en schématisant, les bateaux vont aller vers du vent au fur et à mesure qu'ils descendent le fleuve. Etre devant permet de toucher la brise en premier, ce qui permet de s'échapper, de créer le décalage avant d'attaquer l'Atlantique. Après, il n'y a plus qu'un passage à niveau possible en arrivant en Manche pour regagner un terrain éventuellement perdu… Il y a donc urgence à sortir en tête à Terre-Neuve, en tous cas bien positionné pour pouvoir se faire « aspirer » par la première dépression qui passe ! C'est une régate très excitante, car l'Atlantique à cette latitude, est très court (environ quatre jours). De plus, cette année la flotte est très homogène, il n'y a pas beaucoup d'écarts de potentiel entre les douze multicoques et  les équipages sont de très haut niveau. Cela ne va pas être de tout repos… »

Gitana 11

« Gitana 11 est un super trimaran de portant dans la brise : il est très sain, très franc, très sécurisant au portant avec un fort potentiel de vitesse. Il ne sollicite pas trop l'équipage car il n'est pas humide. Il est très bien équilibré entre la portance des foils et la puissance du plan de voilure. Plus il va vite au portant, plus il est rassurant ! C'est un super bateau avec un seul petit défaut : il est parfois difficile à faire virer car il faut une synchronisation parfaite entre la barre, l'écoute et le chariot de grand voile. C'est un peu délicat en grand prix avec des d'enchaînements courts de virements de bord mais au large, pas de problème avec son excellente stabilité de route et sa plate-forme très raide.

Côté équipage, nous avons envisagé un rythme de récupération systématique dès que possible pour ne pas s'épuiser, surtout après la première journée qui s'annonce très sollicitante. Mais plus vite nous serons sortis du Saint Laurent, plus vite nous pourrons récupérer… Autrement, je suis dédié avec Yann Guichard à la barre et à la navigation, la tactique, la stratégie, en relais selon les phases ; François Denis est plutôt sur la plage avant, à la manœuvre ; Yann Marilley, Fred Brousse et le Baron Benjamin de Rothschild s'occupent plus spécifiquement des réglages, sachant qu'au large, tout le monde est interchangeable et peut passer sur tous les postes. »

« Mardi, nous sommes re-sortis avec Gitana 11 sur le Saint Laurent pour essayer des voiles, se remettre en route, enchaîner des manœuvres, repérer encore les lieux, les particularités du départ… Le bateau est prêt, l'équipe technique a super bien bossé : il n'y a plus qu'à s'en servir ! En tous cas, au vu des conditions météo que nous avons eues hier (petite brise avec effet thermique), le parcours de départ risque d'être intéressant et vivant : un aller au près et un retour au portant devant Québec avant de descendre le fleuve, tout ça dans un vent faible… ça peut faire des écarts dès le départ ! »

Quelques chiffres :

- 12 concurrents dans la classe 60 pieds Multicoques Open : Banque Covéfi, Banque Populaire, Foncia, Géant, Groupama, Médiatis Région Aquitaine, Sergio Tacchini, Sodébo, Sopra Group, TIM Progretto Italie et bien sûr ….Gitana X et Gitana 11.
- 6ème édition de cette grande classique. La 1ère édition de la transat Québec – Saint Malo a eu lieu en 1984, pour célébrer le 450ème anniversaire de l'arrivée au Canada de Jacques Cartier, originaire de Saint Malo.
- Départ :  le 11 juillet à 12h 50 (heure locale) pour les Multicoques Orma (60 pieds), 12h 35 pour les Monocoques et Multicoques Classe II (50 pieds).
- Décalage horaire avec l'heure française : - 6 heures
- Un parcours de 3 000 milles (5 560 km) dont 371 sur le fleuve Saint Laurent.
- Record à battre : Fujicolor - Loïck Peyron en 1996 : 7 jours, 20 heures et 24 minutes.
- Tenant du titre : Groupama – édition 2000 en 9jours, 23heures, 16 mn.
- Québec – Saint Malo 2000 : 1ère participation à une course transatlantique d'un multicoque aux couleurs du Baron Benjamin de Rothschild, Gitana IX.

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