Effet papillon
Petits écarts et grandes conséquences ! Ces quelques mots résument la scène qui s’est jouée hier après le passage de l’archipel portugais. Car la zone de molles, qui se présentait devant les étraves de six des sept concurrents de la classe Ultimes, a laissé des stigmates sur le classement de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. De même, elle a joué avec les nerfs des solitaires en ne les libérant de ses griffes qu’au compte-gouttes : « La situation a été compliquée la nuit dernière car la transition a finalement avancé avec eux. La sortie était vraiment proche – moins de 20 milles - mais Sébastien a couru après toute la nuit, avec beaucoup de manœuvres sous les nombreux grains. Lionel Lemonchois a réussi à passer dans un trou de souris mais Sébastien, qui a croisé seulement quelques milles derrière lui, n’avait pas du tout les mêmes conditions. C’est parfois ainsi la météo ! Il faut savoir rester philosophe et patient. La route est encore longue et il nous reste des coups à jouer jusqu’à la fin » rappelait Antoine Koch, l’un des routeurs du Multi70 Edmond de Rothschild.
Enfin de la glisse
Depuis le départ de Saint-Malo, il y a quatre jours, les conversations avec Sébastien Josse étaient rares et brèves, se résumant au strict nécessaire. Cet après-midi, tandis que le Multi70 Edmond de Rothschild filait au portant, son skipper a pu s’extraire un peu du bateau pour nous faire partager sa vie à bord : « C’est cool ici ! » lâchait le solitaire en grande forme, avant de nous dresser sa première carte postale de la Route du Rhum : « Autour de moi, le décor a bien changé. La nuit dernière, j’étais sous les grains avec de la pluie et un vent quasi absent. Alors que maintenant, le vent est enfin rentré et j’avance dans le bon sens, direction la Guadeloupe. Le bateau glisse bien et c’est une autre course qui démarre. C’est grand ciel bleu, la mer est ordonnée et les températures sont déjà bien plus sympathiques avec 23° à 25°C. Mais ça va vite donc le ciré est encore de rigueur. Ce matin, j’ai pu me changer et faire un brin de toilette … la première depuis le départ.»
Sébastien ne manquait pas de glisser un mot à l’attention de Julien Gatillon, le chef du restaurant gastronomique du 1920 (Domaine du Mont d’Arbois) qui lui a confectionné des plats sous vide spécialement pour sa traversée : « Côté alimentation, mieux serait indécent. Je ne risque pas de perdre du poids sur cette transat ! Les plats de Julien sont délicieux … avec une préférence pour l’instant pour les cakes aux fruits et le navarin d’Agneau.»
Si le moral est au beau fixe, le bilan comptable est conséquent. Le Multi70 Edmond de Rothschild accuse en fin d’après-midi plus de 400 milles de retard sur le leader et une centaine de milles sur Prince de Bretagne, actuellement 3e. Au pointage de 18h, tous – exception faite de Paprec Recyclage - semblaient être sortis de cette zone de transition et naviguaient enfin dans un régime de Nord-Est plus soutenu ; la course pouvait reprendre ses droits.
Pointage du 6 novembre à 18h (HF)
- Banque Populaire VII (Loïck Peyron) – 1691,3 milles du but
- Spindrift 2 (Yann Guichard) – 168,4 milles du leader
- Prince de Bretagne (Lionel Lemonchois) – 296,8 milles
- Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) – 405,5 milles
- Idec Sport (Francis Joyon) – 432,7 milles
- Musandam Oman Sail (Sidney Gavignet) – 455,3 milles
- Paprec Recyclage (Yann Elies) – 608,7 milles
Abd – Sodebo Ultim’