Ce matin, après s’être correctement reposé, Yann Guichard revenait sur les longues heures d’hier passées, impuissant, dans les calmes : « la journée a été longue, très longue … Pas ou peu de vent et une petite mer qui vient taper dans tous les sens. Les voiles claquaient tellement que j’ai bien pensé en déchirer une ou casser des lattes. En plus, dans ces conditions là le pilote automatique est totalement perdu et il se met souvent en erreur. Il faut donc toujours être près de la barre et des réglages. C’est une situation usante pour les nerfs et durant laquelle toute sieste est exclue » décrivait pour nous le skipper de Gitana 11 avant de poursuivre : « J’ai eu un peu de mal à accuser le coup d’autant que hier matin j’étais bien dans le match. J’avais pas mal attaqué la veille au reaching avant le passage du front et j’étais parvenu à faire le décalage Sud que nous souhaitions. Mais c’est la vie de la course et il faut l’accepter pour passer rapidement à autre chose et se projeter dans l’avenir. Il me reste quelques 1 500 milles à parcourir et je vais essayer de bien finir, tout en prenant du plaisir sur l’eau. »
A l’observation des vitesses moyennes alignées par les trois premiers Ultimes, nous pourrions penser que la vie est un long fleuve tranquille dans l’approche de l’arc caraïbe. Mais à 1000 milles de l’arrivée, les solitaires doivent composer avec des conditions pas toujours très confortables pour le bateau mais aussi pour l’homme. A bord du maxi-trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild, le plus à l’Est du quatuor de tête, Yann Guichard nous glissait quelques informations sur les conditions météorologiques : « compris entre 10 et 15 nœuds toute la nuit dernière, le vent a fraîchi ce matin pour atteindre les 24 nœuds. » Mais dans le même temps une mer agitée à forte, animée par des creux de 2 à 3 mètres, se formait. Des conditions une nouvelle fois délicates pour Gitana 11 qui rappelons-le accuse près de dix mètres de déficit à la flottaison par rapport à ses adversaires et qui par conséquent passe moins bien qu’eux dans les vagues. Ceci expliquant naturellement les différences de vitesse observées entre Gitana 11 et ses plus proches concurrents lors des derniers classements.
Pour le plus grand bonheur de son skipper, les voiles de Gitana 11 ont donc retrouvé le souffle indispensable à une bonne progression du maxi-trimaran vers l’arrivée. Mais la partie qui s’annonce ne sera pas des plus simples à négocier tant les conditions météorologiques restent confuses. Une tendance qui se confirme de jour en jour.
Classement de la Catégorie Ultime le 6 novembre à 8h00
1- Groupama 3 à 1 026,3 milles de l’arrivée
2- Idec à 260,1 milles
3- Sodebo à 272,4 milles
4- Gitana 11 à 508,8 milles
5- La Boite à Pizza à 1076,8 milles
6- Défi Cancale à 1269,6 milles
7- Saint-Malo 2015 à 1307,3 milles
Abandon- Côte d'Or II
Abandon- Oman Air Majan