Il y a des paramètres incontrôlables en mer, à l’image de cette bande orageuse venue des Canaries et qui en balayant le Sud des Açores en fin de nuit dernière a engendré des zones sans vent ! Voilà donc l’explication de la vitesse inquiétante de 2,2 nœuds enregistrée par Gitana 11 au classement de 8 heures de ce jeudi 4 novembre. Le bilan est redoutable puisque Yann Guichard est resté à vitesse réduite - deux petits nœuds de moyenne - pendant que Francis Joyon, pourtant peu éloigné, continuait sa route à plus de vingt nœuds… Quasiment cinquante milles perdus alors que le jeune solitaire avait réussi mercredi à prendre l’ascendant sur le recordman autour du monde. Contacté par le PC presse parisien, Yann Guichard relatait simplement ce coup de malchance : « Je bataille, mais ça va… Je me suis fait prendre par des grains orageux qui venaient de nulle part. C’est comme ça : il n’y avait pas de vent en dessous ! Rien n’indiquait qu’il y aurait ces orages venus du Sud. Et je ne suis pas encore sorti d’affaires… Depuis le départ, le vent est inconstant et le pilote a du mal à suivre, je dois donc barrer très souvent. Mais c’est aussi le cas pour Francis Joyon.» Si Gitana 11 retrouvait sa « vitesse de croisière » au cours de la matinée, le classement de midi forçait à constater que cette zone orageuse n’avait pas non plus épargné Idec. En effet, Francis Joyon peinait alors à dix nœuds de moyenne.
Seul partisan de la Route nord depuis l’abandon hier soir de Sidney Gavignet, dont le trimaran a été victime d’avaries majeures suite à la casse du bras de liaison avant, Thomas Coville se trouvait aujourd’hui dans un environnement bien différent. Le skipper trinitain avait d’ores et déjà traversé le front froid que Yann Guichard devrait atteindre la nuit prochaine. Après quatre jours de course, le jeu reste ouvert, même si l’échappée de Franck Cammas, qui ne cesse de se confirmer, rend de plus en plus difficile un retour de ses poursuivants.
Quoique ! Les Antilles sont encore à 2 000 milles des étraves et la situation météorologique s’annonce extrêmement confuse pour les trois derniers jours de course. En tout cas, le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild a démontré aux mains de Yann Guichard, qu’il méritait son statut d’outsider et depuis le départ de Saint-Malo, le rythme que s’est imposé le skipper est pour le moins élevé ! Certes la fatigue commence à poindre, mais le solitaire devrait pouvoir récupérer un peu ces prochaines heures dans un vent de Sud un peu mieux établi. Car après la traversée du front, il faudra gérer une mer très agitée et de nouveau du vent portant qui se renforcera. Les 24 heures à venir s’annoncent intenses, comme l’indiquait le skipper du Gitana Team ce matin : « Je suis toujours dans l’alizé de secteur Sud-Est et je vais chercher une dépression qui est devant. Il y a un long bord bâbord à faire. Groupama 3 a toujours été plus élevé en vitesse depuis le départ et il faudrait vraiment un gros coup pour revenir à sa portée. Il va falloir surveiller Thomas Coville, au Nord, car il doit bientôt passer le front et va ensuite accélérer, même s’il devra négocier une mer forte. La bataille pour moi en ce moment, c’est avec Francis. Mais il reste au moins quatre jours de mer alors je ne me focalise pas sur les classements, je fais ma course et nous verrons bien à l’arrivée… »
Classement de la Catégorie Ultime le 4 novembre à 16h00
1- Groupama 3 à 1 771,9 milles de l’arrivée
2- Sodebo à 346,4 milles du leader
3- Gitana 11 à 356,6 milles
4- Idec à 372,3 milles
5- La Boite à Pizza à 684,9 milles
6- Défi Cancale à 953,4 milles
7- Saint-Malo 2015 à 995,1 milles
Abandon- Côte d'Or II
Abandon- Oman Air Majan
La Route du Rhum – La Banque Postale 2010 …
Départ le dimanche 31 octobre 2010 à 13h02
85 voiliers inscrits, dont 9 dans la Catégorie Ultime
3 540 milles à parcourir entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre