La neuvième nuit de mer de ce Vendée Globe 2008-2009 a été propice aux rapprochements … Un regroupement dû non seulement à des vents plus faibles pour les ouvreurs mais également à la direction de ce flux, qui selon les dires du skipper de Gitana Eighty se révèlait bien plus Nord que Est : « La nuit a été malheureusement calme avec moins de vent que prévu sur les fichiers, beaucoup moins de vent ! Il y a eu des variations énormes, ce qui m'a demandé une grosse présence sur le pont. » De la présence oui mais pas de changements de voiles éreintants comme ce fut le cas pour certains de ses concurrents ; Loïck préférant ainsi s'économiser des manœuvres éprouvantes pour le capital forme : « Je ne m'énerve pas là-dessus ! Si c'est pour remettre l'autre voile juste derrière, le rapport gain / effort n'est pas suffisamment intéressant.» Une phrase qui résume parfaitement l'une des clés de la « méthode Peyron ».
Le ralentissement des premiers 60 pieds est certes profitable à l'arrière de la flotte, notamment pour le deuxième paquet qui navigue encore dans des alizés soutenus, mais après neuf jours de course, le groupe de tête a su maintenir ses distances. L'avance est minime à l'échelle du tour du monde que les solitaires accomplissent et les marins avertis savent combien il est plus facile de perdre des milles que d'en gagner, mais ce crédit est toujours bon à prendre ne serait-ce que pour le moral !
Naviguant, en milieu d'après-midi, par 11°16 de latitude Nord, Loïck Peyron profite de conditions climatiques bien difficiles à imaginer depuis notre automne européen : « Il fait chaud à l'intérieur de Gitana Eighty, d'autant que j'ai dû fermer les écoutilles à l'avant car ça mouille trop sur le pont. Mais c'est tenable car il n'y pas trop de soleil » assurait le skipper.
Lors de la traditionnelle vacation avec le PC de la course, le bruit de fond ne laissait pas planer de doute : le monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild avait retrouvé de l'air et bénéficiait à nouveau de bonnes conditions de glisse ; un fait confirmé par la vitesse de Gitana Eighty au classement de 16 heures. Mais pour combien de temps ? Selon les différents fichiers météorologiques, qui ont bien du mal à s'accorder ces derniers jours, le casse-tête ne fait que commencer ! : « Je navigue un peu à l'ancienne, en me fixant des points et en faisant du rapprochant avec le vent que l'on trouve sur l'eau. Tout ça sans oublier de surveiller mes petits copains » expliquait le navigateur baulois.
Dès ce soir ou la nuit prochaine, les solitaires devraient sentir les premiers effets du Pot-au-Noir, avec la présence de grains orageux venant se mêler au scénario qui se joue actuellement au milieu de l'Atlantique Nord.
De retour en avant de la flotte cet après-midi, le monocoque armé par la Baron Benjamin de Rothschild possédait 22,5 milles sur son plus fidèle concurrent, le 60 pieds de Jean Le Cam, tandis que Sébastien Josse conservait sa place sur le podium, avec 38,7 milles de retard sur Loïck Peyron. « Je me trouve bien là où je suis ! Il y a plus malheureux que moi et … quand on est devant, on est devant ! » concluait un Loïck Peyron reposé et prêt à affronter les caprices du Pot-au-Noir.
Classement du mardi 18 novembre – 16 heures (heure française)
1. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 21 357 milles de l'arrivée
2. VM Matériaux (Jean Le Cam) à 22,5 milles du 1er
3. BT (Sébastien Josse) à 38,7 milles
4. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 48,5 milles
5. Brit Air (Armel Le Cléac'h) à 61, milles
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