Frustré, déçu et conscient du fait qu'il venait selon toute probabilité de se faire voler la seconde place, Lalou Roucayrol lâchait hier à la vacation radio : "c'est la galère, je ne m'en sors pas". Banque Populaire a en effet du mal à dépasser les 5 nœuds de vitesse, tandis que plus bas, Michel Desjoyeaux est sur la voie express. Ce qui sépare les deux skippers ? L'anticyclone des Açores et ses calmes, que chacun a choisi de contourner différemment. "Je ne comprends toujours pas pourquoi Lalou Roucayrol est parti au nord, s'interroge Marc Guessard, et surtout pourquoi il a persisté dans cette option. Peut-être voulait-il tenter autre chose que le leader, afin de ne pas être sur la même route. En se mettant juste derrière lui, il bénéficiait des mêmes conditions, donc d'une vitesse similaire, ce qui ne permet pas de combler l'écart. Il aura donc voulu jouer un coup ? Il ne faut pas oublier que Lalou connaît peut-être des soucis techniques dont nous ne sommes pas informés, et qui l'ont obligé à prendre cette option".
Anticipation et capacité de réaction
"En ce qui concerne Steve Ravussin (qui avait ce matin plus de 500 milles (926 km) d'avance et devrait franchir la ligne dans la nuit de jeudi à vendredi, ndlr), il a toujours eu du vent. C'est une situation que nous avions vu se dessiner dès le départ de la course : il était clair que les alizés étaient bien établis au sud de l'anticyclone, et que cette situation serait assez stable. Michel Desjoyeaux a aussi assez bien joué en choisissant de faire escale à Madère plutôt qu'aux Açores, ce qui lui a permis de ne pas avoir de problèmes de vent et de repartir très vite : résultat, il est en passe de prendre la seconde place au détriment de Banque Populaire grâce à sa route sud... C'est d'ailleurs l'option que nous avions retenue pour Lionel Lemonchois, et c'est d'autant plus frustrant d'avoir cassé le mât... Pourtant, notre stratégie privilégiait la préservation du matériel ! Car une route se fait en fonction de ce que l'on connaît des réglages ou des points forts du bateau, mais aussi du skipper. Notre tâche consiste également à anticiper. Ensuite bien sûr, Lionel reste maître à bord sur l'eau et c'est lui qui choisit de virer ou pas. Mais de toute façon, ce n'est pas quelqu'un que l'on téléguide".
* Avec Sylvain Mondon de Météo France