De chasseurs à chassés
Premier à devoir réaliser une escale technique à Salvador au 8e jour de course, le Maxi Edmond de Rothschild perdait ainsi son leadership. Mais deux jours plus tard, à la faveur de deux faits de course, le géant de 32 mètres aux couleurs du groupe Edmond de Rothschild retrouvait sa première place aux avant-postes. Tout d’abord, l’arrêt de Macif à Rio de Janeiro pour remplacer son safran de coque centrale s’est avéré plus long que prévu et a permis à nos deux marins d’annuler le temps de leur propre pit-stop réalisé quelques milles plus tôt. Puis, le demi-tour de Sodebo, qui faute de n’avoir pu suffisamment allonger la foulée du fait de la mer a dû renoncer à sa trajectoire au sud et revenir sur ses pas dans la roue de ses concurrents partis eux pour contourner la dépression par le nord, a totalement relancé la course.
« Ce sont les circonstances de nos adversaires qui font que nous avons pu revenir en tête » notait le skipper d’Edmond de Rothschild. Mais c’est aussi l’avarie survenue sur la dérive du dernier-né des Gitana qui leur avait permis de prendre les commandes... Bref les compteurs sont remis à zéro sur la Brest Atlantiques après quasiment 6 000 milles parcourus depuis le départ !
Changement d’ambiance
Si le passage au pied du Corcovado, le célèbre Christ rédempteur qui domine la baie de Rio de Janeiro, a sonné comme un nouveau départ sur la Brest Atlantiques, il a aussi marqué le début d’un changement de rythme. Car c’est au près que les quatre géants ont amorcé leur traversée vers l’Afrique du Sud. Les journées à plus de 30 nœuds de vitesse moyennes devenaient alors de lointains souvenirs et les compteurs baissaient pour se caler entre 23 et 28 nœuds, soit une distance d’environ 600 milles parcourus en deux jours...
De même, les cirés et les premières couches de polaires étaient à nouveau de sortie sur le pont du Maxi Edmond de Rothschild, où les températures avaient franchement baissé tandis que le taux d’humidité grimpait lui de façon inversement proportionnelle. « Nous avons 48h au près dans du vent et de la mer difficile, ce n’est pas génial ! Là, il n’y pas vraiment de fenêtre pour aller vite vers Cap Town. On subit ce vent de Nord-Est qui ne nous fait pas avancer très vite et surtout qui génère une mer de face fort désagréable pour les hommes et les bateaux » confiait hier Franck Cammas, joint depuis la maison de la Bretagne à Paris pour la vacation hebdomadaire de la course.
Dans ces conditions, le mot d’ordre et la priorité étaient naturellement la préservation du matériel forcément malmené dans la mer de face - d’environ 3 mètres - et les nombreux sauts de vagues que décrivait notre skipper.
Mais au classement de 8h, les vitesses du Maxi Edmond de Rothschild, qui flirtaient à nouveau avec les 30 nœuds, et le cap au 134°, laissaient présager des conditions plus maniables. Pour autant, comme le confirmait Marcel van Triest, le routeur météo de notre duo de skippers, ce passage venté et chaotique n’est pas encore dans le sillage du dernier-né des Gitana. Le vent fort et la mer formée devraient ainsi perdurer une bonne partie du week-end avant que les conditions ne se calment franchement à l’approche des hautes pressions. « Pour la suite, l’anticyclone de Sainte-Hélène reste devant nous, donc on verra au moment voulu si on peut passer en-dessous ou si il faut attendre qu’il s’évacue pour avancer ou passer au-dessus », concluait Franck Cammas.
Classement du 16 novembre 2019 à 8h
1. MAXI EDMOND DE ROTHSCHILD (Franck Cammas / Charles Caudrelier / Yann Riou) - distance au but : 8 123,6 milles - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 30,9 nœuds
2. MACIF (François Gabart / Gwenolé Gahinet / Jérémie Eloy) - 102,4 milles du leader - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 25,5 nœuds
3. SODEBO ULTIM 3 (Thomas Coville / Jean-Luc Nelias / Martin Keruzoré) - 189,5 milles du leader - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 23,2 nœuds
4. ACTUAL LEADER (Yves Le Blevec / Alex Pella / Ronan Gladu) - 291,2 milles du leader - vitesse moyenne sur les dernières 30 min : 21,2 nœuds