Premiers vols au large
Les premières images du Multi70 Edmond de Rothschild prenant son envol au large de Belle-Ile-en-Mer témoignent du chemin parcouru par le Gitana Team depuis le début du projet de modification du trimaran de 70 pieds.
Pour mémoire, fin 2013 les membres du Gitana se lançaient dans un pari audacieux en vue de la Route du Rhum 2014. Pour permettre à Sébastien Josse d’essayer de rivaliser avec les géants de la classe Ultime, il avait été choisi de remplacer les safrans de flotteurs du trimaran pour le doter de safrans en T ; des appendices devenus familiers sur des unités inshore (régates en baie, ndlr) depuis la 34e America’s Cup mais encore bien singuliers pour un grand multicoque océanique. La très remarquée 3e place de Gitana XV à l’arrivée à Pointe-à-Pitre convainc l’équipe de passer à la phase 2 du plan concocté par l’architecte naval Guillaume Verdier, les ingénieurs de Team New Zealand et le bureau d’études Gitana. Le 22 avril, après quelques mois au chaud dans la base technique lorientaise du team, l’écurie aux cinq flèches dévoilait le Multi70 Edmond de Rothschild dans sa version 2015 et affichait ses ambitions.
Trois mois plus tard et fort de navigations variées, Sébastien Josse nous dressait un premier bilan : « A ce jour, nous sommes satisfaits par le comportement du bateau mais pas encore par les vitesses de pointe atteintes. Les tests vont donc se poursuivre jusqu’à ce que nous atteignions l’ensemble des objectifs que nous nous sommes fixés. Mais les sorties réalisées au large de Lorient n’ont pas été un coup d’épée dans l’eau, loin de là car elles ont été riches en enseignements » confiait le skipper Edmond de Rothschild, avant de détailler les points positifs de cette deuxième phase d’essais : « Lors du chantier d’hiver, nous avions retravaillé les safrans en T avec lesquels j’avais traversé sur la Route du Rhum. La modification des pelles de ces profils a engendré des problèmes de symétrie. Ce qui a eu pour conséquence directe une tendance à « caviter » au delà des 35 nœuds. En gros, une bulle d’air se formait sur le profil et le rendait inutilisable. Nous avions identifié ce défaut dès les premières sorties, et c’était d’ailleurs le cas lors du Tour de Belle-Ile, mais depuis l’équipe a revu cela et tout est rentré dans l’ordre. C’est l’un des succès de notre deuxième phase de développement. Puis, ces navigations nous ont permis de vérifier nos données théoriques sur les différences de comportement du bateau avec le foil en L ou le foil en C. Et pour l’heure, la voie dans laquelle nous souhaitons continuer nos investigations est celle du foil en L. L’appendice qui équipe actuellement le flotteur bâbord va être revu dès cet automne pour naviguer rapidement avec une V2.»
Le 11 mai dernier, le directeur du Gitana - Cyril Dardashti - annonçait le lancement de la construction d’un maxi-multicoque. Les observateurs comprenaient alors mieux la logique appliquée par le team depuis plusieurs mois ; celle d’une méthodique montée en puissance. Car les séries de tests réalisées sur le trimaran de 70 pieds permettent aux architectes et au design team de Gitana de valider à grande échelle les appendices et systèmes qu’ils souhaiteraient installer sur le futur maxi-multicoque Gitana. Un « luxe » suffisamment rare pour être souligné, comme le rappelait Sébastien Josse : « La pratique est toujours bien plus intéressante que la théorie et nous avons une chance immense de pouvoir faire nos essais quasiment à l’échelle 1. Cela nous fait non seulement gagner un temps précieux dans l’élaboration du projet du maxi-multicoque Gitana mais ce sera aussi un atout non négligeable lors de la phase de mise au point de ce nouveau géant. Les plans de formes du bateau sont en cours de finalisation mais pour ce qui est des appendices nous avons plus de temps avant de devoir figer nos choix. Car il faut rappeler que la première ligne du cahier des charges stipule la conception d’un maxi-multicoque polyvalent capable aussi bien de naviguer que de voler lorsque les conditions et les allures le permettent.»
La construction à proprement dite de cette nouvelle unité débutera courant octobre 2015 pour une livraison programmée au printemps 2017.
Mise à l’eau du Mono60 Edmond de Rothschild, une question de jours
« D’ici quelques jours, la phase de construction laissera place à la délicate période de mise au point, ce sera à nous de jouer et nous avons hâte » glissait Sébastien Josse en pénétrant dans le hall est du chantier Multiplast. En effet, la semaine prochaine - ou au plus tard le 10 août - le Mono60 Edmond de Rothschild sera mis à l’eau à Vannes après onze mois de construction ; un jour ô combien important pour les hommes du Gitana Team mais aussi pour les équipes de Yann Penfornis qui s’appliquent quotidiennement à construire ces prototypes complexes imaginés par le duo d’architectes Verdier / VPLP, en collaboration avec le bureau d’études Gitana.
Et preuve que l’heure approche, l’effervescence est plus que jamais palpable autour des 18,28 mètres de carbone aux allures de fourmilière. Ce matin, le skipper Edmond de Rothschild était accompagné de Guillaume Verdier et Daniele Capua (VPLP), véritable cheville ouvrière et notamment dans le suivi de construction du 60 pieds. Venu observer et valider les derniers détails, le trio ne cachait pas son impatience de voir Gitana 16 prendre le large et tirer ses premiers bords.
A noter que pour des problématiques de marées dans le Golfe du Morbihan, le Mono60 Edmond de Rothschild touchera pour la première fois son élément naturel sans quille. L’imposant appendice – de près de 4 mètres de hauteur – sera positionné à l’issue du convoyage entre Vannes et Lorient, de même que le mât et la bôme qui l’attendent bien au chaud dans la base technique du Gitana Team.