La météo impose un temps d’arrêt à Charles Caudrelier et au Maxi Edmond de Rothschild
Depuis vingt-cinq jours, Charles Caudrelier s’emploie, avec succès, à faire avancer au mieux le Maxi Edmond de Rothschild. Aux commandes de la flotte de l’Arkea Ultim Challenge depuis le 17 janvier, le marin avait imprimé une cadence très élevée et comptait hier plus de 3 500 milles d’avance sur ses plus proches poursuivants. Mais avec l’appui et l’expertise de sa cellule de routage, il a pris hier soir la décision de mettre sa course sur pause pour une durée encore indéterminée. En effet, les conditions météorologiques attendues ce week-end aux alentours du cap Horn s’avèrent absolument incompatibles avec le passage du célèbre rocher, situé en Terre de Feu à l’extrémité sud de l’Amérique Latine. Un très large système dépressionnaire, résultat de la combinaison de deux dépressions, va balayer la zone et rendre toute navigation périlleuse ; des vents violents de 50 à 70 nœuds dans les rafales et une mer très forte sont attendus selon les prévisions.
Un phénomène violent qui barre la route

Les mers du Sud sont intraitables avec les concurrents de l’Arkea Ultim Challenge. Ces derniers jours, les solitaires doivent faire face à des conditions météorologiques difficiles. Pour preuve, dans le groupe des poursuivants, Armel Le Cléac’h a dû doubler la Tasmanie en empruntant le détroit de Bass et fait désormais une route très Nord pour contourner la Nouvelle-Zélande et échapper à des dépressions très actives dans son Sud. Ce choix de route singulier, est bien évidemment contre-productif pour la performance et la compétition, mais s’avère pourtant indispensable et responsable pour la préservation de l’homme et de la machine.  

Depuis plus de trois jours, la cellule routage du Maxi Edmond de Rothschild observe elle aussi la situation mais vers le Horn, encore distant de 1 800 milles hier soir. Le trio météo, composé d’Erwan Israël, Julien Villion et Benjamin Schwartz, réalise des routages à chaque sortie de nouveaux modèles. La nuit dernière, peu de temps avant l’heure limite qu’ils s’étaient fixés avec Charles Caudrelier, la décision s’est imposée d’elle-même, comme nous le détaillait Erwan Israël :« Nous avons patienté, pour laisser toutes les chances de notre côté, et espéré au fil des jours que la situation générale s’améliore. Mais, au contraire, elle s’est fortement dégradée. Ce n’était absolument pas envisageable de s’engager vers le Horn avec un tel scénario météo. C’était un guet-apens qui se serait refermé sur nous sans échappatoire possible puisque dans le Sud nous sommes limités par la Zone d’Exclusion Antarctique. Nous sommes face à une dépression australe qui fait du Nord-Est et qui vient sur notre route. Elle est par 70° Sud pour le moment. Il y a une deuxième dépression dans le Nord de cette première. Dans les prochains jours, ces deux systèmes vont se rencontrer et fusionner ; ça sera explosif. Ce phénomène violent est sur notre route et dans notre timing. Si nous continuons d’avancer nous allons nous retrouver au centre de cette énorme dépression très creuse. D’autant que dans cette zone, en approche du cap Horn et avec la cordillère des Andes, il y a une énorme compression et une amplification. »

Modèle CEP lors du passage du Horn si le Maxi Edmond de Rothschild était passé le 4 février
Un choix unanime et partagé

« Si nous avions pu poursuivre notre route avec une météo plus classique, notre passage du cap Horn était estimé pour le week-end prochain. Nous serions très probablement pass és dimanche, le 4 février. Sur ce créneau justement, les prévisions estiment des vents proches des 70 nœuds en rafales et une mer très forte associée. Notre décision, malgré la frustration évidente de s’arrêter et de s’imposer une pause synonyme de perte de temps et de milles, a été unanime et partagée. C’est un choix sécuritaire évident, du bon sens marin  », ajoutait Cyril Dardashti, le directeur de l’écurie Gitana.

Le temps d’attente imposé par la situation météorologique n’est pas encore clairement défini car ce dernier dépendra naturellement de l’évolution des conditions en approche du cap Horn. Mais il est d’ores et déjà clair qu’il se comptera en dizaines d’heures.
À bord du Maxi Edmond de Rothschild, Charles Caudrelier mettra ce temps précieux à profit. En se reposant tout d’abord mais en réalisant également quelques travaux et des vérifications demandées par son équipe technique. Les membre du Gitana Team lui ont en effet déjà préparé une liste de contrôles bien venus après plus de 18 000 milles parcourus tambour battant.

Charles Caudrelier, vendredi 2 février

« Je savais que cette course allait être une aventure et bien ça se confirme. Le cap Horn ne veut pas nous laisser passer pour le moment ! Il y a une énorme dépression qui va se présenter devant nous et avec mes routeurs nous avons fait le choix d’être patients. Nous avons une belle avance et nous allons essayer de la conserver au maximum. C’est la première fois de ma vie qu’une telle situation m’arrive en course. C’est très frustrant bien sûr car le cap Horn est là ! En temps normal je pourrais y être en 2 jours. Mais il faut aussi relativiser par rapport à mes camarades derrière. Par rapport à la météo ou encore aux soucis qu’ils ont eus. J’ai un bateau et un bonhomme en pleine forme. Je garde le sourire et je reste positif même si je vais surement ronger mon frein en voyant les milles diminuer. Une semaine d’avance c’était peut-être beaucoup et pourtant c’est ce qui m’attendais là, mais le cap Horn avec plus d’une journée d’avance n’importe quel tourdumondiste en rêve et je pense que j’aurai plus que ça. » 

Classement du vendredi 2 février, au pointage de 6h :

1)  Maxi Edmond de Rothschild  - Charles Caudrelier
2) Maxi Banque Populaire XI - Armel Le Cléac'h - à 3 479,2 milles du leader
3) Sodebo Ultim 3 - Thomas Coville - à 3 510,9 milles du leader
4) Actual Ultim 3 - Anthony Marchand - à 6 295 milles du leader 
5) Ultim Adagio - Eric Peron - à 7 248,4 milles du leader
Abandon :
6) SVR Lazartigue - Tom Laperche

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