Entre la ZEA et les hautes pressions
ZEA est l’acronyme de Zone d’Exclusion Antarctique. Cette ligne virtuelle a été mise en place par la direction de course de l’Arkea Ultim Challenge – Brest pour des questions de sécurité et afin d’éviter que les concurrents ne s’aventurent trop Sud dans les zones des glaces. C’est une barrière infranchissable sous peine de lourdes pénalités. La ZEA fait pleinement partie de la stratégie de course puisque sa délimitation oblige actuellement Charles Caudrelier a un beau slalom dans l’Ocean Indien.
« Il y a 48 heures, la dépression devant laquelle nous étions parvenus à nous placer dans l’Atlantique Sud nous a dépassé par le Sud. Elle s’est échappée et nous n’avons pas la possibilité de la suivre du fait de la ZEA. C’est le jeu. Depuis deux jours nous avons changé de régime de vent – d’un flux de Nord à l’avant du front à un vent de Ouest Sud-Ouest avec une mer plus difficile - et notre trajectoire s’est incurvée sous un anticyclone situé dans notre Nord. Cela oblige Charles à pas mal de manœuvres mais d’ici une trentaine d’heures ça sera à nouveau différent avec l’arrivée d’une nouvelle dépression. Son flux de Nord-Ouest nous emmènera un peu avec lui et nous permettra de refaire un beau bord vers l’Est et le prochain point de passage du cap Leeuwin »,nous détaillait Julien Villion, l’un des trois routeurs météo du Maxi Edmond de Rothschild.
Charles Caudrelier, le 23 janvier
« Là on est bien dans l’Indien ! La mer est bien désagréable et pas trop de vent. On est plein vent arrière, donc il faut tirer des bords à cause de la Zone d’Exclusion Antarctique, c’est le slalom ! Je n’ai pas énormément de vent - entre 20 et 25 nœuds - mais quand même plus que ce que disent les fichiers. Du coup, je suis toujours à la limite entre deux voiles, entre 1 ris ou pas de ris, il y a du boulot sur le pont. Et c’est ça depuis 24h. C’est moins sympa… Ça bouge dans tous les sens. J’ai encore 36 heures un peu pénibles et après ça devrait être mieux.
C’est une ambiance studieuse à bord, j’essaie de me reposer entre les manœuvres qui sont assez fatigantes et de faire avancer le bateau sans trop le faire souffrir. Ça c’est le gros challenge, étant donné l’avance, de maintenir une bonne vitesse pour rester dans le même système météo mais sans aller trop vite non plus, donc je suis tout le temps entre le frein et l’accélérateur : voilà mes journées… Je m’occupe aussi beaucoup du Maxi Edmond de Rothschild. Le réviser, checker 2 ou 3 trucs quand je peux. L’équipe technique m’a dressé une liste détaillée après le passage de Bonne-Espérance et chaque jour je me mets une petite mission d’aller vérifier une partie du bateau. Pour l’instant tout est bien, c’est plutôt pas mal. On a trouvé des petites choses mais que j’ai réparées, des petits détails comme des serrages mais rien de grave pour le moment. »
Classement au pointage de 19 h
1) Maxi Edmond de Rothschild - Charles Caudrelier
2) Sodebo Ultim 3 - Thomas Coville - à 1 500,9 milles du leader
3) Maxi Banque Populaire XI – Armel Le Cleac’h – à 2 632,3 milles du leader
4) Actual Ultim 3 - Anthony Marchand - à 2 857,8 milles du leader actuel
5) SVR Lazartigue - Tom Laperche – à 3 149,1 milles du leader (victime d’une avarie majeure, en escale au Cap)
6) Ultim Adagio - Eric Peron - à 4 437 milles du leader