Charles Caudrelier et Erwan Israël, troisièmes à Fort-de-France
Le duo du Maxi Edmond de Rothschild a le sens du timing ! Hier, mardi 14 novembre, il était 17h 10min (heure locale), 22h 10min (heure de Paris) lorsque le géant aux cinq flèches a fait son entrée dans la baie de Fort-de-France ; un passage de ligne de toute beauté, éclairé par les dernières lueurs du jour. À leur arrivée au ponton d’honneur, Charles Caudrelier et Erwan Israël étaient accueillis par un public martiniquais venu en nombre saluer la performance des marins après 16 jours 9 heures 5 minutes et 43 secondes de mer et près de 10 000 milles (18 500 kilomètres) parcourus depuis le départ du Havre le 29 octobre dernier. Les hommes du Gitana Team signent la 3e performance des ULTIM sur cette Route du Café et complètent le podium d’une épreuve brillamment remportée dimanche soir par le Maxi Banque Populaire XI.
Un maxi-trimaran privé de 100 % de son potentiel   

Vainqueur 2021 de la Transat Jacques Vabre, Charles Caudrelier venait défendre son titre cette année. Ses derniers résultats et notamment sa magnifique victoire, il y a un an quasiment jour pour jour, sur la Route du Rhum, avaient logiquement placé le Maxi Edmond de Rothschild parmi les favoris de cette édition anniversaire de la Route du Café. Mais, dès les premières minutes de course, Charles Caudrelier et Erwan Israël ont connu d’importants problèmes techniques et par la suite ils ont dû alterner sans cesse entre performance, réparation et gestion d’un bateau qui n’était plus à 100 % de son potentiel. Dans la liste des avaries rencontrées lors de cette course, on notera principalement celle du système de barre, qui a largement handicapé le duo tout au long des 10 000 milles de course, ou encore le délaminage du foil bâbord, celui sur lequel le Maxi Edmond de Rothschild était en appui 70 % du temps sur les quatre derniers jours de course. « Au passage de Madère, lorsque nous étions les trois à vue, c’était génial, c’est exactement ce que j’imaginais pour cette transat. On était à quelques milles de SVR et on apercevait Banque Populaire à l’horizon. On était vraiment en mode course exceptionnelle. C’est ce que j’étais venu chercher et finalement j’ai découvert une course de gestion, où il a fallu réparer les petits pépins. Heureusement que Charles s’est transformé en MacGyver. Il s’est démené pour réparer des choses qui paraissaient parfois très compliquées et heureusement car on a pu rester compétitifs, même si au fur et à mesure il y avait des choses que l’on ne pouvait plus réparer », confiait Erwan Israël. Des propos complétés par Charles Caudrelier : « Nos avaries ont entraîné un delta conséquent dans le potentiel de performance du bateau et cela, combiné à une météo qui ne nous était pas favorable sur la fin de parcours, a créé un grand écart à l’arrivée. »   

Car, au-delà des problématiques techniques, des faits météos sont venus marquer les derniers milles de course : « Il y a des jours où on n’y croyait plus, mais on a continué à cravacher. On a vu SVR-Lazartigue et Banque Populaire prendre la poudre d'escampette, et nous le train était passé et nous avons dû faire avec un scénario météo de fin bien différent du leur », précisait le skipper du Maxi Edmond de Rothschild. En effet, le long des côtes nord brésiliennes tandis que le duo d’ouvreurs filait enfin tout droit et à hautes vitesses vers l’arrivée, leurs poursuivants ont dû enchaîner les empannages - près d’une trentaine comptabilisée pour les hommes du Gitana Team sur cette seule partie du tracé - et traverser les calmes d’un deuxième Pot-au-Noir. « On s’attendait à perdre beaucoup de temps et à voir Sodebo revenir fort, et finalement on a touché du vent plus tôt que prévu. En se battant avec ce bateau blessé, nous avons réussi à faire des moyennes honnêtes (30 nœuds) et à rester devant. C’est une énorme satisfaction d’être parvenus à défendre notre 3e place », confirmait le co-skipper.         

Une troisième place riche en enseignements   

Comme le déclarait Erwan Israël, sans langue de bois : « La course a été frustrante car nous n’avons jamais pu emmener le bateau là où il aurait dû être, c’est-à-dire aux avant-postes. Mais ce qui est positif, c’est qu'il a quand même été question d’abandonner, ce que j’aurais compris avec l’échéance proche du tour du monde, mais nous avons choisi de continuer pour finir sur le podium de cette Transat Jacques Vabre ! »   

Dans le même esprit de transparence que son co-skipper, Charles Caudrelier se projetait sur son prochain grand défi sportif, l’Arkea Ultim Challenge. Le premier tour du monde en course et en solitaire des ULTIM, dont le départ sera donné dans un peu plus de 50 jours à Brest, s’annonce tout simplement exceptionnel à de nombreux égards : « Parfois c’est dans les échecs que l‘on apprend le plus ! En cela, cette course est une très belle expérience avant le Tour du monde et les enseignements que je tire ici seront très importants dans quelques semaines sur l’Arkea Ultim Challenge. Cela permet déjà de voir qu’il faut vraiment faire attention au bateau et en prendre soin au jour le jour. Car on constate que des avaries mineures peuvent prendre beaucoup d’ampleur si elles ne sont pas réparées immédiatement », expliquait Charles Caudrelier avant d’évoquer l’intensité de la régate qui s’est déroulée sur l’Atlantique ces quinze derniers jours : « La course a été dure car très disputée. Nous n’avons jamais eu une telle bagarre en ULTIM. Le plateau est à maturité et le niveau très homogène. Les bateaux se tiennent désormais dans un mouchoir de poche et la moindre erreur ou casse se paye immédiatement. Le plus dur peut-être dans cette course est que justement le match était très beau aux avant-postes et que nous n’avions pas toutes les cartes en main pour nous y mêler pleinement. Le tour du monde promet d’être incroyable ! »   

Les chiffres du Maxi Edmond de Rothschild sur la Transat Jacques Vabre 2023 

3e place sur le podium derrière le Maxi Banque Populaire XI et SVR - Lazartigue, respectivement 1er et 2e.   

Temps de course => 16 jours 9 heures 5 minutes 43 secondes 

Écart avec le vainqueur => 1 jour 22 heures 50 minutes   

Vitesse moyenne sur la route directe (7 500 milles) => 19,08 nœuds   

Distance réellement parcourue sur l’eau => 9 498 milles, à la vitesse moyenne de 24,16 nœuds       

Les contenus figurant sur ce site sont protégés par le droit d'auteur.
Toute reproduction et représentation sont strictements interdites.

Pour plus d'informations, consultez la rubrique mentions légales.
Saisissez au moins 4 caractères...