Madère dans le viseur
Les quarante-huit premières heures de course de cette Route du Rhum Destination Guadeloupe ont été conformes aux prévisions météorologiques : à savoir sportives et humides. Que ce soit en Manche, lors de leur traversée du golfe de Gascogne ou plus récemment au passage du cap Finisterre et le long des côtes portugaises, les solitaires ont dû composer avec du vent fort et une mer particulièrement dure tant pour les hommes que pour les machines. Mais la sortie n’est plus très loin comme l’évoquait Sébastien Josse ce midi en vacation. En effet, le passage de Madère marquera un changement de régime, où la régate pourra reprendre tous ses droits. Auteur d’une très belle première partie de course, le skipper d’Edmond de Rothschild mène sa monture tambour battant, ce qui lui permet d’être au contact des grands multicoques de sa classe, dans le paquet de tête. Au classement de 16h, le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild pointait en troisième position à 69 milles du leader.
Glisser sous l’Anticyclone

Bien avant de quitter Saint-Malo, une chose était actée dans le scénario de cette 10e édition. La route Sud, celle des alizés, semblait s’imposer telle une évidence pour les Ultimes. Et effectivement, les sept trimarans encore en lice - Sodebo Ultim’ ayant dû abandonner suite à une collision avec un cargo dès la première nuit – ont tous plongé le long de la péninsule ibérique et ils filent actuellement en direction de Madère : « L’objectif de la journée était commun pour tous : gagner dans le Sud, cap sur Madère. Compte tenu des dévents provoqués par les îles, nous ne devrions pas avoir de divergences de trajectoires au passage de l’archipel » avançait Antoine Koch. 

Une fois l’archipel portugais doublé, le Multi70 Edmond de Rothschild et ses adversaires ne seront pas encore dans le flux de Nord-Est caractéristique des alizés, mais la porte d’entrée ne sera plus si lointaine. Nous verrons alors la route des multicoques s’incurver pour initier la traversée en direction des Antilles le long de la bordure Sud-Est de l’Anticyclone.

Vers l’amélioration

Compte tenu des conditions rencontrées sur ce début de course, les liaisons du skipper d’Edmond de Rothschild avec la terre se limitent à l’essentiel. Le journal d’appel du bord est ainsi majoritairement composé du numéro du QG rochelais de Jean-Yves Bernot et Antoine Koch, qui assurent le routage météo du trimaran aux cinq flèches. Le reste de son temps, le solitaire le consacre entièrement à faire avancer sa monture ; alternant barre et manœuvres et s’accordant quelques phases de répit sous la casquette pour s’alimenter et dormir.

Mais la vie quasi « monacale » imposée par la brise et la mer formée devrait bientôt être dans le sillage de Sébastien Josse. Fini le ciel de traîne avec ses grains et leur instabilité, oubliées la mer démontée et sa houle de plus de 5 mètres dans laquelle le bateau se fait tout simplement malmener… le passage de l’archipel portugais, programmé pour la nuit prochaine, marquera un changement de régime : « Les conditions vont devenir plus maniables dans l’après-midi. Déjà, lorsqu’il sera par le travers du cap Saint-Vincent, et encore plus à la latitude du détroit de Gibraltar, car la mer va s’aplatir et le vent se calmer progressivement. Mais ce n’est vraiment qu’à partir du milieu de nuit prochaine que les conditions seront plus faciles à gérer… Une autre régate pourra alors débuter» concluait Antoine Koch.

Extraits de la vacation de Sébastien Josse, joint ce mardi en fin de matinée par le PC Presse :

« Ça se passe pas mal, le plus gros est derrière nous : on est encore dedans mais la sortie est imminente. Ça va faire du bien. J'essaye de faire ce qu'il faut pour rester dans le match. On verra comment ça se passe après. Les conditions sont encore musclées car nous sommes toujours dans le ciel de traîne avec de gros cumulonimbus, il reste de la mer, 4 mètres de houle, 30 nœuds vent. Je suis trois ris ORC… J'ai une bulle de protection du cockpit qui est partie. Je vais la remettre plus tard. Je barre beaucoup. La suite : sortir de cette mer désordonnée ! J'attends que le vent adonne, mollisse, et on va renvoyer de la toile. Ce matin, j'en profite pour me reposer comme on est au portant : c'est plus pratique que le près. »

 

Classement du 4 novembre à 16h (HF)
  1. Banque Populaire VII (Loïck Peyron) – 2 778 milles du but
  2. Spindrift 2 (Yann Guichard) – 67,14 milles du leader
  3. Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) – 69,2 milles
  4. Prince de Bretagne (Lionel Lemonchois) – 115,6 milles
  5. Idec Sport (Francis Joyon) – 122  milles
  6. Paprec recyclage (Yann Elies) – 126,5 milles
  7. Musandam Oman Sail (Sidney Gavignet) – 135,5 milles

Abd – Sodebo Ultim’

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