Victoire d’Edmond de Rothschild, Sébastien Josse et Charles Caudrelier racontent
Pour leur première transatlantique en double en multicoque, Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont frappé très fort ! En franchissant la ligne d’arrivée à Itajaí (Brésil), lundi 18 novembre à 18h03’54’’ (heure française), ils remportent la Transat Jacques Vabre 2013. Mais plus que la victoire, c’est la manière dont le duo s’impose qui restera longtemps dans les annales de la course au large. Le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild a bouclé le parcours en 11 jours, 5 heures, 3 minutes et 54 secondes, soit une vitesse moyenne de 22 nœuds sur les 5 952 milles réellement parcourus sur l’eau ; un temps incroyable qui n’aurait pas été possible sans un engagement total des deux marins. Ils devancent de 5 heures leurs adversaires, Sidney Gavignet et Damian Foxall, avec lesquelles ils se sont livrés un match sans merci depuis le départ du Havre.

Après une nuit de sommeil bien méritée dans un vrai lit, les visages de Sébastien Josse et Charles Caudrelier trahissaient encore de l’intensité des onze jours de traversée. Les vainqueurs de la Transat Jacques Vabre revenaient pour nous sur les temps forts de leur course.

Est-ce le soulagement d’en terminer ou la joie de la victoire qui l’emporte aujourd’hui ?

Sébastien Josse : « Un peu des deux ! Contents de finir mais surtout très heureux de remporter cette course et d’offrir une victoire à Ariane et Benjamin de Rothschild ainsi qu’à l’ensemble des collaborateurs du Groupe Edmond de Rothschild qui nous permettent de vivre notre passion. Ces onze jours de course ont vraiment été intenses et difficiles. Nous avons quasiment menés de bout en bout et à l’approche des côtes brésiliennes quand nous avons vu notre avance fondre, c’était un moment délicat à gérer. Ces bateaux – les multicoques - sont fabuleux mais très durs physiquement. Nous n’avons quasiment pas eu de répit du départ à l’arrivée, nous avons eu des passages chauds et des périodes de fatigue extrême. Arriver était déjà un exploit pour Charles et pour moi, alors avec la victoire au bout c’est formidable.»

La cadence de cette Transat a été infernale, vous attendiez-vous à un tel rythme ?

Sébastien Josse : « Avec Charles nous sommes tous les deux issus de l’école du Figaro. Je crois que ça a été un gros avantage dans la gestion de notre course. Nous avions déjà puisé au fond de nous-même sur des Solitaires du Figaro par exemple et nous connaissions assez bien nos limites. Mais c’est certain nous avons été très loin dans cette course ! Nous avons peu dormi et aussi peu mangé. Nous avions prévu 14 jours de nourriture et à l’arrivée nous avons dû ouvrir à peine six sacs journaliers. Nous n’avons mangé notre premier plat chaud – lyophilisé – que deux jours après le départ. Il n’y avait pas beaucoup de plaisir à manger juste une obligation pour se donner de l’énergie.»

Charles Caudrelier : « Nous le savions avant de partir mais je crois quand même que nous n’imagions pas à quel point ces bateaux étaient sollicitants en équipage réduit. En multicoque tu n’as pas le droit à l’erreur et la peur du chavirage est là en permanence dès que tu prends la barre. Nous n’avons quasiment pas utilisé le pilote automatique sur la course. Sur ces bateaux ça ne s’arrête jamais ! Niveau stress, fatigue et dépassement de soi, cette Transat Jacques Vabre va largement au-delà de tout ce que j'ai pu faire avant. C'était très usant car il y avait en permanence l'un de nous deux à la barre. Et on ne la lâchait pas pendant nos quarts. Pour faire la moindre action, il fallait réveiller l'autre. Dans les grosses conditions, on ne peut pas se permettre d'aller régler seul une voile sans prendre un risque de chavirer. L'autre option aurait été de ralentir : mais nous sommes des compétiteurs donc on ne l'a pas fait ! Nous avons beaucoup travaillé en amont avec Seb. Nous avons tous les deux une bonne expérience du solitaire et du double. Nous nous connaissons bien et nous avons bien préparé notre coup.»

Quels ont été les moments les plus difficiles pour vous ?

Sébastien Josse : « Le passage du Cap Finisterre a été dantesque avec beaucoup de vent et surtout une mer énorme. Nous n’avions jamais connu de telles conditions avec ce bateau. La nuit qui a suivi ce passage restera également dans nos esprits longtemps. Nous étions très fatigués par les nombreuses manœuvres effectuées à La Corogne mais il a fallu continuer à allumer. Nous avons failli chavirer d’ailleurs car nous faisions des micros sommeils à la barre ! Dès que le bateau avance à 30 nœuds c’est éprouvant physiquement, car nous avons du mal à nous déplacer sur le bateau, mais également mentalement. Le Pot-au-Noir n’a pas été simple à gérer non plus et notamment un gros orage que nous garderons longtemps en mémoire avec Charles : des éclairs partout, une pluie diluvienne et le vent qui grimpe violemment à 30 nœuds tandis que nous avons toute la toile en l’air. Et puis le dernier passage de front. Il y avait beaucoup de tension car Oman était revenu sur nous et nous savions que ce passage serait déterminant pour la victoire. Nous étions entourés de grains et exténués… c’était très dur.»

Et ceux qui resteront comme les meilleurs ?

Sébastien Josse : « je dirais quelques heures avant l’arrivée. La météo était assez claire et nous avions suffisamment d’avance sur Oman pour être sereins. Là tu refais un peu le film de la course, tu sais que le gros temps et les problèmes rencontrés sont derrière toi… Le passage de ligne restera bien sûr un super moment, chargé d’émotions.»

Charles Caudrelier : « Personnellement, j’ai pris beaucoup de plaisir sur la descente vers l’équateur dans les alizés de l’hémisphère Nord. Le bateau allait vite, on naviguait bien. Le vent était stable, pas trop fort, la mer maniable : ce sont vraiment des conditions de rêve pour ces bateaux. Et puis l’arrivée bien sûr. Nous avons mené la course depuis le début, je ressens du bonheur et de la fierté. Je réalise un rêve de gosse : remporter une grande course en multicoque ! J’étais également ému à l’arrivée car en passant la ligne j’ai aperçu mon fils sur l’un des bateaux accompagnateurs. C’était une surprise de ma femme.» 

Votre course est un exploit sportif mais ce fut aussi une belle histoire humaine ?

Charles Caudrelier : « Avec Sébastien, nous nous connaissons depuis 15 ans mais cette année nous avons presque vécu ensemble tout le temps. Pendant la course c’était génial. Cette Jacques Vabre est l’une de mes plus belles courses en double. Comme tous les couples, nous avons eu nos petits moments de tension mais ca ne durait jamais plus de 5 minutes et il n’y en a pas eu beaucoup ! Je crois que nous formons un beau couple (rires).

Deux trimarans 70’ au départ, est-ce que ce chiffre enlève du plaisir à votre victoire ?

Sébastien Josse: « Nous aurions bien sûr préféré qu’il y ait plus de bateaux mais c’est comme ça. Nous n’étions certes que deux mais notre concurrent était très sérieux. Ca a été un très beau duel et nous sommes particulièrement fiers de les avoir battus car Sidney Gavignet et Damian Foxall sont de très grands marins et des spécialistes du multicoque. Ce qui n’était pas notre cas avec Charles car cette Jacques Vabre était notre première transat en double sur ce support ; une découverte ! Nous savons que nous avons une chance incroyable de pouvoir naviguer sur une machine telle que le trimaran Edmond de Rothschild.  »

Les chiffres d’Edmond de Rothschild sur la Transat Jacques Vabre 2013

Date de départ : le jeudi 7 novembre à 13h (HF)
Date d’arrivée :  le lundi 18 novembre à 18h03’54’’ (HF)
Temps de course : 11 jours, 5 heures, 3 minutes et 54 secondes
Nombre de milles réellement parcourus :  5 952 milles contre 5 450 pour la route directe
Vitesse moyenne : 22,1 nœuds

Note aux éditeurs

Le duo d’Edmond de Rothschild

Sébastien Josse, skipper
38 ans, vit en couple
6 Solitaire du Figaro, 2 Vendée Globe, 1 Volvo Ocean Race, 1 Trophée Jules Verne
2011, intègre le Gitana Team et fait ses premiers bords en multicoque océanique
3e participation à la Transat Jacques Vabre, 1ère en multicoque
Pour en savoir-plus sur Sébastien Josse : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=sebastien_josse_2013.html

Charles Caudrelier, co-skipper

39 ans, marié, deux enfants
8 Solitaire du Figaro, 11 transatlantiques en course, 1 Volvo Ocean Race
4e participation à la Transat Jacques Vabre, 2e en multicoque, dont  1 victoire en 2009 dans la classe Imoca avec Safran
Pour en savoir-plus sur Charles Caudrelier : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=charles_caudrelier_2013.html

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