La journée d’hier était celle de tous les dangers. Tandis que les trimarans 70’ amorçaient leur virage à l’entrée de la baie de Rio, la situation météo annoncée devant les étraves se révélait particulièrement piégeuse. Le passage d’un large front dépressionnaire allait pimenter les débats : « Il y avait un peu de tension avant d’aborder ce phénomène car beaucoup d’aléatoire dans sa traversée. Mais Sébastien et Charles ont su très bien négocier la situation. A l’entrée du front, ils ont touché une bascule de vent très franche – le vent a tourné de quasiment 180 ° - avec du vent très fort qui est passé en quelques minutes de 4 à 30 nœuds. Ils ont juste eu le temps de rouler le gennaker et de repartir au près dans l’autre sens ! Ce n’a pas été simple à gérer à bord mais cela leur a permis de traverser rapidement le front. Oman, qui était alors positionné plus dans le Nord, semble avoir mis plus de temps à sortir de cette bande orageuse » détaillait Antoine Koch.
Le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild navigue actuellement bâbord amure et fait route au Sud-Ouest dans un vent d’Est mollissant. Sébastien Josse et Charles Caudrelier vont aller chercher une rotation du vent au Nord-Est. Dès lors, ils devront réaliser un dernier empannage qui leur permettra enfin de faire route directe vers l’arrivée. « Le bateau a franchement ralenti depuis quelques heures mais c’était prévu. Ils sont les premiers à entrer dans une zone où il y a moins de vent et Oman Air devrait encore un peu se rapprocher de leur tableau arrière d’ici à l’arrivée. Il y a un petit anticyclone migrateur qui suit le front et qui se situe dans le Sud-Est d’Itajaí. C’est lui qui génère ces vents plus faibles. Il faudra rester vigilant et concentré jusqu’au bout ! » expliquait le routeur à terre d’Edmond de Rothschild.
« L’arrivée est assez proche en temps, mais c’est un peu compliqué, la météo n’est pas excellente. Il n’y a pas beaucoup de vent et nous attendons une transition demain. Le modèle météo est un peu perdu. Et même si on a une belle avance, ce n’est jamais fini » confiait un Charles Caudrelier prudent hier soir. Car, en marins aguerris, Sébastien et Charles connaissent parfaitement l’adage qui veut que rien n’est acquis tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie.
Extraits de la vacation de Charles Caudrelier hier soir avec le PC presse de Transat Jacques Vabre : « Itajaí j’y suis déjà allé : il y a du vent… ou pas ! Les conditions sont calmes, donc on se repose au mieux pour gérer cette fin de parcours complexe. Nous essayons de nous préserver. Ces bateaux sont performants, la météo était bonne et du coup tout s’est bien passé en double. Ces bateaux sont fabuleux, ils vont deux fois plus vite que les autres. Nous avions prévu un temps de parcours de 12 jours au mieux. Mais nous avons globalement rencontré des conditions propices à la performance : de bons vents, pas trop de mer, de bons enchaînements avec, parfois, des moyennes à 30 nœuds. Avec Sébastien, nous nous connaissons bien, nous avons bien navigué, sans faire de bêtise, du moins pas pour le moment. On est crevé, on ne s’arrête jamais car l’erreur n’est pas permise sur ces bateaux. Tu ne lâches pas la barre quand tu es de quart, même pas pour boire un café. C’est tout le temps de la conduite, car tu ne peux pas aller à fond la caisse avec le pilote. Parfois on alterne toutes les heures. On a bien tiré sur le bateau. Une frayeur ? Quand on a vu Oman Air – Musandam revenir. »
Classement du lundi 18 novembre à 10h30 (heure française)
- Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) à 127,6 milles du but / 20 nds de moyenne sur 2h
- Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) à 58,5 milles du leader / 8,8 nds de moyenne sur 2h