Sprint final
Quel suspense ! En tête de flotte de la Transat Jacques Vabre, les trimarans 70’ Edmond de Rothschild et Oman Air Musandam nous offrent un final haletant dont le dénouement pourrait avoir lieu dès demain à Itajaí (Brésil), selon les dernières estimations. L’issue de ce sprint d’enfer s’annonce compliquée avec un front froid associé à une dorsale anticyclonique à traverser avant l’arrivée. A moins de 500 milles du but, à bord du trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild, les mots d’ordre sont concentration, application et détermination. Solides leaders depuis le passage du Cap Finisterre le 9 novembre Sébastien Josse et Charles Caudrelier sont plus décidés que jamais à défendre leur fauteuil jusqu’au bout.

Lorsque l’on évoque Rio de Janeiro, on pense carnaval, Pain de Sucre, Corvocado mais surtout soleil. En escale dans l’aéroport de la « cité merveilleuse » avant de rejoindre l’état de Santa Catarina et la ville d’Itajaí, une partie de l’équipe technique a pu constater sur place le phénomène qui préoccupe actuellement le duo d’Edmond de Rothschild. Couverture nuageuse proche de 100 %, plafond bas et ciel noir menaçant : il n’y a pas de doute, le front froid annoncé par le routeur Antoine Koch est en place.

Dernier virage et dernière ligne droite

Ce dimanche après-midi, les deux monotypes étaient en approche du Cap Frio qui marque l’entrée de la baie de Rio. Après avoir négocié ce virage, une ligne droite en direction de l’arrivée aurait pu s’ouvrir devant Edmond de Rothschild et son adversaire mais la situation se complique : « Une grosse dépression s’est formée sur les côtes brésiliennes avant de partir faire son tour de manège dans le Grand Sud autour de l’Antarctique. Un vaste front froid y est associé et casse l’anticyclone de Sainte-Hélène qui s’étend jusqu’à la baie de Rio. Dans le Sud du front, il y a peu de vent et c’est très orageux, » expliquait le routeur depuis son QG rochelais avant de dérouler le scénario à l’heure actuelle : « A l’approche du front, le vent de Nord mollit doucement et les vitesses vont diminuer de façon significative. Ce sera une période instable avec des grains possibles. Dans le front, un vent faible et rafaleux devrait basculer de 180° et les photos satellites nous laissent imaginer que ce sera aussi très pluvieux. En arrière du front, le décor changera radicalement. Sébastien et Charles devraient toucher du vent de Sud d’environ 25 nœuds.»

Cependant, l’épisode décrit par le routeur sera de courte durée car un dernier obstacle météorologique se dressera sur la route des trimarans : le passage d’une dorsale anticyclonique synonyme d’un nouvel empannage dans une zone de vent faible. En résumé, jusqu’à demain, les vitesses vont faire du yoyo et il est fort à parier que les marins seront bien souvent deux sur le pont, un à la barre et l’autre aux réglages, pour exploiter au mieux les moindres oscillations du vent.

A l’attaque jusqu’au bout

Il y a deux jours, le skipper d’Edmond de Rothschild confiait : « On a rien sans rien ! » Une expression que Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont une nouvelle fois mis en pratique la nuit dernière. Hier, au classement de 20h, ils avaient en effet concédé du terrain à leurs poursuivants et ne comptaient plus que 21 milles d’avance sur Oman Air – Musandam. La situation n’était pas des plus favorables mais le duo du Gitana Team a su garder la tête froide. Physiquement éprouvés par 10 jours d’une course d’une incroyable intensité, les deux marins n’ont pourtant pas hésité à « remettre » du charbon dès la nuit tombée. « Ils ont su se relayer beaucoup à la barre pour tenir une cadence élevée (26-30 nœuds de vitesse) et trouver les bons réglages sous gennaker. C’était une nuit de conduite mais encore fallait-il bien négocier l’empannage prévu dans la nuit pour mettre le cap au Sud-Ouest. Ils ont trouvé le timing parfait. Conséquence, un seul empannage pour eux contre trois pour Oman, » expliquait Antoine Koch. Ainsi, ce dimanche matin, Edmond de Rothschild reprenait de précieux milles à son adversaire avant le « sprint » final : 31 milles au pointage de 17h.

Classement du dimanche 17 novembre à 16h30 (heure française)
  1. Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) à 465 milles du but / 13,8 nds de moyenne sur 2h
  2. Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) à 31,7 milles du leader / 12,4 nds de moyenne sur 2h

  

Note aux éditeurs

Le duo d’Edmond de Rothschild

Sébastien Josse, skipper
38 ans, vit en couple
6 Solitaire du Figaro, 2 Vendée Globe, 1 Volvo Ocean Race, 1 Trophée Jules Verne
2011, intègre le Gitana Team et fait ses premiers bords en multicoque océanique
3e participation à la Transat Jacques Vabre, 1ère en multicoque
Pour en savoir-plus sur Sébastien Josse : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=sebastien_josse_2013.html

Charles Caudrelier, co-skipper
39 ans, marié, deux enfants
8 Solitaire du Figaro, 11 transatlantiques en course, 1 Volvo Ocean Race
4e participation à la Transat Jacques Vabre, 2e en multicoque, dont 1 victoire en 2009 dans la classe Imoca avec Safran
Pour en savoir-plus sur Charles Caudrelier : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=charles_caudrelier_2013.html

 

Transat Jacques Vabre
11ème édition, fête ses 20 ans cette année
Transatlantique en double entre Le Havre et Itajaí (Brésil)
5 400 milles à parcourir sur la route directe
4 classes de bateaux inscrits (Class40’, Imoca60, Multi50 et Multi70), 44 duos engagés
Départ du Havre : le jeudi 7 novembre à 13h
Temps de traversée estimé : entre 12 et 16 jours

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