Rodéo ibérique avant les surfs portugais
L’alizé, ça se mérite ! Si dans 24 heures, la glisse dans le vent chaud adoucira les mœurs, les deux trimarans 70’ ont vécu une nuit «douloureuse» à la Corogne. En effet, selon l’adjectif choisi par Charles Caudrelier (co-skipper d’Edmond de Rothschild) à la vacation de la Transat Jacques Vabre, le Cap Finisterre a mis les marins à l’épreuve. A l’approche des côtes espagnoles, le vent a redoublé d’intensité alors que la mer faisait un véritable bouillon avec la remontée des fonds. Ce rodéo nocturne a tourné à l’avantage du duo Josse-Caudrelier qui a choisi d’arrondir sa route vers le large. Alors que le tandem Gavignet-Foxall a pris le parti de la côte, où il a comptabilisé plus de virements que son adversaire. Au classement de 13h30, le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild gagne au Sud avec une trentaine de milles d’avance sur Oman Air-Musandam.

Après leur virage réussi à la pointe Bretagne, Sébastien Josse et Charles Caudrelier ont su tirer l’avantage de ce deuxième passage à niveau, pourtant très éprouvant. « Nous avons eu des conditions de mer difficiles dans le Golfe de Gascogne, ce qui a ralenti notre vitesse autour des 22/23 nœuds, là où sur une mer plus praticable nous aurions été à 30 nœuds, » relate Charles. « Nous sommes donc arrivés un peu tard sur la Corogne où le vent de Sud-Ouest soufflait déjà à 25/30 nœuds. Nous avons passé une nuit douloureuse avec beaucoup de mer. Nous en sommes à peu près sortis ce midi. Il y a toujours du vent mais nous restons sur le même bord avec une mer plus agréable. »

Un pur-sang très marin

A terre, la nuit n’a pas été plus reposante pour les routeurs Jean-Yves Bernot et Antoine Koch. « Nous avions choisi avec l’équipage de nous dégager des côtes, » explique ce dernier. « Sur les bords bâbord qui faisaient gagner vers le large, les garçons se battaient dans une forte houle de travers. Il fallait porter pas mal de voilure pour rester manœuvrant et ils s’en sont bien tirés. » 

Comme des cow-boys dans une arène déchainée, les marins vivent dans l’inconfort total alors que leur monture se cabre à chaque vague. « Nous faisons attention en nous déplaçant sur le bateau qui a des mouvements très violents. Il ne faut pas se cogner ni faire une chute bête, » poursuit Charles. « Nous sommes agréablement surpris du comportement du bateau qui est très marin. A nous d’agir aussi en bons marins en préservant le matériel et en faisant attention à nous et, jusqu’ici, je trouve que nous avons bien géré. »

Demain, l’été revient

« On quitte l’hiver en France pour retrouver l’été » concluait le Finistérien dont la voix, comme celle de Sidney Gavignet joint un peu plus tôt par l’organisation, laisse entendre l’engagement physique de ce début de course. « Nous nous livrons à une superbe bagarre avec Oman et, demain, nous serons déjà au chaud dans l’alizé. On ne va pas se plaindre d’autant que cela ne doit pas être simple pour les concurrents derrière. » En effet, au cœur du Golfe de Gascogne, Multi50 et monocoques IMOCA peinent à progresser ; le premier, MACIF (Gabart-Desjoyeaux), pointant encore à 250 milles de la pointe espagnole à 13h30.

« Le long du Portugal, Sébastien et Charles vont commencer à passer sous l’influence de l’anticyclone des Açores, » complète enfin le routeur d’Edmond de Rothschild. « Le ciel va s’éclaircir, les nuages vont s’aplatir et le soleil commencer à briller. Il ne faudra pas se relâcher pour autant car la vitesse fait aussi son retour avec 20 nœuds de vent au reaching (travers), des conditions sportives avec des empannages à bien caler sur la bordure de l’anticyclone pour garder un maximum de pression. »

Cette côte portugaise est reconnue pour ses fameux spots de surfs. En équilibre en haut de la vague au sens propre comme au figuré, les marins vont devoir eux aussi naviguer tout en feeling pour glisser le long des isobares en faisant attention de ne pas chuter dans les essoufflements du vent à l’approche du centre anticyclonique. D’un exercice à l’autre, cette transat dense et variée remplit ses promesses. Et cela ne fait que commencer !

 

Classement du samedi 9 novembre à 13h30 (heure française) :
  1. Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) à 4 709 milles du but / 24 nds de moyenne sur 2h
  2. Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) à 30,98 milles du leader / 27,90 nds de moyenne sur 2h
Note aux éditeurs

Le duo d’Edmond de Rothschild

Sébastien Josse, skipper
38 ans, vit en couple
6 Solitaire du Figaro, 2 Vendée Globe, 1 Volvo Ocean Race, 1 Trophée Jules Verne
2011, intègre le Gitana Team et fait ses premiers bords en multicoque océanique
3e participation à la Transat Jacques Vabre, 1ère en multicoque
Pour en savoir-plus sur Sébastien Josse : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=sebastien_josse_2013.html

Charles Caudrelier, co-skipper
39 ans, marié, deux enfants
8 Solitaire du Figaro, 11 transatlantiques en course, 1 Volvo Ocean Race
4e participation à la Transat Jacques Vabre, 2e en multicoque, dont 1 victoire en 2009 dans la classe Imoca avec Safran
Pour en savoir-plus sur Charles Caudrelier : http://www.gitana-team.com/fr/event.page.aspx?eventid=88&category=skippers&page=charles_caudrelier_2013.html

Transat Jacques Vabre
11e édition, fête ses 20 ans cette année
Transatlantique en double entre Le Havre et Itajaí (Brésil)
5 400 milles à parcourir sur la route directe
4 classes de bateaux inscrits (Class40’, Imoca60, Multi50 et Multi70), 44 duos engagés
Départ du Havre : le jeudi 7 novembre à 13h
Temps de traversée estimé : entre 12 et 16 jours

Les contenus figurant sur ce site sont protégés par le droit d'auteur.
Toute reproduction et représentation sont strictements interdites.

Pour plus d'informations, consultez la rubrique mentions légales.
Saisissez au moins 4 caractères...