Après une nuit quasi blanche à négocier les forts courants en Manche et les îles anglo-normandes, Sébastien et Charles ont réussi un premier coup tactique. En allant chercher au Nord-Ouest de la Bretagne la rotation du vent à droite prévue ce matin, le trimaran Edmond de Rothschild a croisé devant son adversaire avant d’effectuer des pointes de vitesse à 32 nœuds dans le Chenal du Four ! Si ce bonus de quelques milles reste infime à l’échelle de la course, bien conclure ce premier round donne confiance, d’autant qu’une autre partie délicate commence.
D’une bonne voix, vive et concentrée, le skipper expliquait ce matin qu’ils avaient pu s’assoupir deux fois 30 minutes chacun durant la nuit. « Nous nous sommes imposés d’aller dormir en prévision de la suite. La journée va être longue avec les conditions musclées qui nous attendent dans le Golfe. Il va falloir réussir à se reposer malgré la mer pour être d’attaque au passage de la pointe espagnole. Le match est très serré avec Oman, ce qui n’est pas une surprise. C’est le principe de la monotypie de nos bateaux. Avec Charles, nous sommes dessus, bien décidés à ne rien lâcher ! »
Les Multi70 en avant de la tempête
Sous une pluie battante, un plafond très bas et un «vent froid qui commence à piquer,» dixit Sébastien Josse, le golfe de Gascogne s’ouvrait ce matin devant les étraves des deux grands trimarans. Dans leur sillage, le gros de la flotte bataille encore en Manche. Avec un fort coup de vent annoncé samedi, les Class 40’ se mettront à l’abri à Roscoff dès ce soir alors que les Imoca et les Muli50 se préparent à des heures difficiles dans un golfe balayé par la tempête.
Pour Edmond de Rothschild et Oman Air-Musandam, le timing est différent. «Le flux d’Ouest passe Nord-Ouest à la mi-journée en forcissant de 25 à 30 nœuds,» explique Antoine Koch. « La traversée vers le Cap Finisterre se fera aujourd’hui dans une mer formée, avant d’atterrir cette nuit sur la Corogne où la brise va virer Sud-Ouest. Il faudra alors de nouveau tirer des bords efficaces afin de gagner rapidement au Sud.»
Haut régime
Les deux tandems vont donc passer la journée rivés à la barre, les mains sur les écoutes et sur le qui-vive dans une mer cabossée. S’il n’y a pas de choix tactiques majeurs à opérer, les sens seront en éveil afin de rester à l’écoute de ce bateau grisant et nerveux. Avec précision et anticipation, chaque vague et chaque oscillation du vent devront être utilisées pour gagner sur la route tout en restant en sécurité. «Exercice difficile, c’est aussi dans ces conditions de vent un peu fort qu’il faut arriver à se reposer à tour de rôle,» précise Antoine Koch en connaisseur, lui qui navigue depuis trois ans avec le Gitana Team à bord des trimarans armés par le Baron Benjamin de Rothschild. «Il faudra garder de l’énergie pour l’arrivée sur l’Espagne où il y aura des manœuvres à effectuer dans une zone délicate.»
Classement du vendredi 8 novembre à 14h00 (heure française) :
- Edmond de Rothschild (Josse-Caudrelier) à 5 095 milles du but / 21,20 nds de moyenne depuis 2h
- Oman Air-Musandam (Gavignet-Foxall) à 8,18 milles du leader / 19,50 nds de moyenne depuis 2h