Sorti du froid
Sans que les températures atteignent celles de la France ces jours derniers, Fred Le Peutrec peut enfin profiter de conditions moins rudes que lors des huit derniers jours. A 700 milles de l'arrivée, Gitana 11 sortait ce matin d'une dorsale anticyclonique pour accélérer grâce à une nouvelle dépression.

La quatrième perturbation, donc ! Mais cette fois, les conditions climatiques commencent à reprendre un aspect plus conforme à un mois de juin avec des
températures de l'eau qui dépassent les 10° C sous l'influence du Gulf Stream, de l'air qui frôle les 15° à midi, avec une brise qui tourne progressivement au secteur Sud-est dans cette journée de mardi en forcissant 15-20 nœuds, une visibilité qui s'améliore, car depuis le départ de Plymouth, il y a huit jours (déjà), le temps était particulièrement gris…

Comme ses concurrents, Fred a dû composer avec ce froid vif qui transforme la moindre petite brise en un blizzard sibérien. Alors quand le coup de vent est monté à plus de 45 nœuds, quand il a fallu frôler la zone des icebergs, quand il devait manœuvrer sur la plage avant en prenant en prime les vagues de face, le skipper de Gitana 11 a souffert et a subi quelques sérieux coups de fatigue. Avec une moyenne de 3-4 heures de sommeil par jour et par tranches d'une demi-heure depuis plus d'une semaine, l'organisme est particulièrement sollicité. Sans compter quelques coups au moral et le stress de l'avarie de foc-solent qui, non seulement handicape le trimaran en vitesse pure, mais aussi, change la physionomie de la course pour Fred.

Bref, les bancs de Terre-Neuve étant désormais derrière les flotteurs de Gitana 11, Fred Le Peutrec peut envisager une fin de parcours moins musclée. Une nouvelle dépression arrive sur lui vers midi aujourd'hui, mais le trimaran pourra la contourner par le Nord, ce qui va générer des vents portants, donc une navigation plus sympathique sous gennaker et grand voile haute. Et aussi plus de plaisir à la barre avec des vitesses qui vont encore friser les 25 nœuds ! De quoi se propulser rapidement le long des côtes du Maine avant une nouvelle « molle » (vents faibles)  mercredi matin, heureusement passagère, puis du Sud-ouest, donc du près contre le vent jusqu'à Halifax (Nouvelle Ecosse). La fin de parcours est moins claire car le vent est plus difficile à prévoir mais en tous cas, le mauvais temps est définitivement derrière… En terminant par le Nord avec plusieurs passages à niveau entre dorsale et minimum dépressionnaire, Gitana 11 a encore la possibilité de revenir sur Philippe Monnet et Lalou Roucayrol même s'il faut rappeler que le foc-solent du trimaran étant totalement explosé et donc hors d'usage, le bateau sera pénalisé dans les petits airs contre le vent. En attendant, Fred a pu reprendre des forces cette nuit dans la dorsale anticyclonique pour pouvoir « allumer » pour les trois jours qui viennent. Il devrait en effet franchir la ligne d'arriver à Boston vendredi prochain.

Les graves avaries de lundi parmi les monocoques se sont heureusement terminées sans mal pour les hommes. Le trimaran à moteur d'Olivier de Kersauson est en route vers PRB démâté, et Bernard Stamm, qui a dû abandonner son bateau retourné, est à bord du Jean Charcot, un patrouilleur de pêche. Enfin, Michel Desjoyeaux (Géant) est attendu dans la soirée à Boston et devrait normalement remporter sa première transat anglaise, devant Thomas Coville (Sodebo) et Franck Cammas (Groupama), car les écarts entre ces trois bateaux sont très stables depuis deux jours. La quatrième place est en revanche très disputée entre trois trimarans : Alain Gautier (Foncia), Karine Fauconnier (Sergio Tacchini) et Giovanni Soldini (TIM-Projetto Italia) ne sont qu'à une trentaine de milles les uns des autres.

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