Le petit temps était annoncé et il a bien été présent sur cette troisième offshore à destination de Plymouth. Avec 644 milles réellement parcourus, soit une vitesse moyenne de 11,47 nœuds, Edmond de Rothschild est bien loin des vitesses auxquelles l’équipage aime mener sa monture : « Ce fut une étape compliquée … Nous avons particulièrement apprécié le petit bord de portant du Fastnet aux Scilly, car à part ces quelques milles ce fut assez lent … Le multicoque dans la pétole n’est pas le bateau le plus agréable avec les flotteurs qui tapent en permanence. Il fallait être patient et relativiser en attendant que le vent revienne » avouait Sébastien Josse à son arrivée dans la marina de Mount Batten.
Les récits du bord convergent tous vers la même explication : le sort de cette troisième étape a été scellé dès la première nuit de course lors du passage de la pointe de Tuskar : « L’étape a basculé très vite au passage de Tuskar avec un DST* à respecter. Les routages nous faisaient passer au large pour aller chercher une bascule. Oman choisi de passer à terre. De notre côté, nous n’avions pas envisagé de partir dans une position aussi extrême. De même, nous n’avons pas eu la même approche du Fastnet car au vu des fichiers il n’y avait pas de discussions à avoir. Les choix d’Oman sont vraiment audacieux. Il a de la réussite et tant mieux pour lui ça passe, mais à mon goût c’est un jeu trop risqué qui ne peut pas forcément durer » déclarait Sébastien Josse. Le navigateur du bord, Charles Caudrelier, revenait également sur ce passage à niveau qui tournait en faveur de leur adversaire : « Dès le premier choix, nous avions un DST* au milieu de la route. Nous avons des interdictions de les traverser sous peine de pénalités. Du coup, ils nous obligent à faire des choix stratégiques un peu différents et nous empêchent de recroiser vers nos concurrents le temps de leur passage. A Tuskar, nous avons choisi de passer plutôt au large. Nous avons eu très peu de vent par rapport aux prévisions tandis qu’à l’inverse Oman a touché de la pression là où les fichiers n’en voyaient pas. Il a pris le large à ce moment là et comme par la suite les conditions favorisaient celui qui était devant, nous avons un peu subi jusqu’à Bishop Rock.»
Les îles Scilly marquaient un changement de rythme dans la course. En effet, une large zone sans vent se dressait sur la route des trimarans et relançait le jeu à un peu plus de 100 milles de l’arrivée :«Au final, avec Oman nous finissons très proches et pourtant au Fastnet il avait près de 60 milles d’avance au réel. Nous ne pensions pas le revoir d’aussi tôt mais nous nous sommes battus pour revenir. Au passage des Scilly, le vent s’est totalement écroulé et il y a eu un gros regroupement. Il faisait nuit, il y avait 3-4 nœuds et il fallait vraiment se baser sur les sensations pour essayer de faire avancer le bateau tant bien que mal. A ce moment là, nous avons décidé d’attaquer un peu plus Nord mais c’est reparti par dessous… Nous n’avons pas baissé les bras et nous avons mis la pression toute la journée mais malheureusement une fois que le front était passé il n’y avait pas de grands coups tactiques à tenter. Les quelques milles d’avance pris par Oman ne nous ont pas permis de passer devant eux. Ce soir, il y a forcément de la déception mais pas de regrets car nous nous sommes bien battus jusqu’au bout.»
Côté classement, cette étape place Oman Air en tête du général mais à égalité de points avec Sébastien Josse et ses hommes. Le match s’annonce serré et la bataille sans merci tant sur les inshores, qui se dérouleront vendredi et samedi, que lors de l’ultime offshore à destination de Roscoff, dont le départ sera donné samedi soir. Le suspense reste donc entier quant au nom de l’équipage qui remportera cette première édition de la Route des Princes : « Après un an et demi de navigation dans la classe MOD, nous avons appris que sur ces bateaux rien n’est jamais fini. Cela se vérifie encore et il faudra attendre la dernière étape pour connaître le vainqueur de cette Route des Princes. Nous sommes plus que jamais motivés et préparés à cela » concluait le skipper d’Edmond de Rothschild.
*DST : signifie dispositif de séparation de trafic et sous-entend une zone interdite à la navigation pour la flotte de la Route des Princes.
L’équipage d’Edmond de Rothschild sur l’offshore 3
Sébastien Josse / Charles Caudrelier / Thomas Rouxel / Antoine Koch / Jean-Christophe Mourniac / Florent Chastel
Les chiffres d’Edmond de Rothschild sur l’offshore 3
Edmond de Rothschild a franchi la ligne à 20 heures 8 minutes 33 secondes (heure française), 15 minutes et 27 secondes derrière Oman Air et 37 minutes et 27 secondes devant Virbac Paprec. Les trois MOD70 sont arrivés en 52 minutes et 50 secondes.
Temps de course : 2 jours 8 heures 8 minutes et 33 secondes
Distance théorique : 500 milles, soit une vitesse moyenne de 8,91 nœuds
Distance parcourue : 644 milles, soit une vitesse moyenne de 11,47 nœuds
Classement de l’offshore 3 (Dublin - Plymouth)
- Oman Air / 40 + 2* = 42 points
- Edmond de Rothschild / 36 + 2* = 38 points
- Virbac Paprec 70 / 34 points
- Spindrift Racing / Abandon = 28 points
* points de bonus attribués au passage de l’île de Bardsey (Edmond de Rothschild) puis de Bishop Rock (Oman Air)
Classement de la Route des Princes
- Musandam – Oman Air (Sidney Gavignet) / 126 points
- Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) / 126 points
- Spindrift Racing (Yann Guichard) / 122 points
- Virbac Paprec 70 (Jean-Pierre Dick) / 98 points