Quelques heures avant de s’élancer sur la première étape, Sébastien Josse ne cachait pas son inquiétude quant à la situation météorologique du début de course :« C’est très instable dans les premières heures et c’est assez stressant car dans ces conditions nous savons que ça peut être un peu « la kermesse ». C’est là où de grands écarts peuvent se faire en multicoques.» Et malheureusement, les craintes du skipper d’Edmond de Rothschild se sont confirmées. Deuxième à la marque de Benicarlo dimanche soir, à huit minutes d’Oman Air, le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild a vu le monotype omanais s’échapper à la faveur d’un placement plus Est dans la descente vers le cap de la Nau. Ce positionnement a permis à Sidney Gavignet et son équipage de conserver plus de pression que leurs adversaires partis à terre et d’ainsi creuser l’écart.
« Avec les conditions météorologiques annoncées, ça partira par devant » prévenait Charles Caudrelier. Bien que la Méditerranée, fidèle à sa réputation, n’ait pas été avare en surprises avec des vents contraires à ceux annoncés par les fichiers, le schéma général a été respecté. Ainsi, le léger décalage réalisé par Oman Air dans les premières heures n’a cessé d’augmenter au détriment de ses poursuivants.
Troisième au pointage de la mi-journée, Edmond de Rothschild navigue actuellement au près et tire des bords en direction du détroit de Gibraltar, qu’il devrait atteindre dans l’après-midi. Sébastien Josse et son navigateur, Charles Caudrelier, choisiront-ils de passer côté Espagne ou près des rivages marocains ? La question reste entière car une fois Gibraltar dans leur sillage, les équipages devront négocier une dorsale anticyclonique et le placement aura son importance pour la suite de l’étape. Il faut également rappeler qu’un DST – dispositif de séparation de trafic – est en vigueur dans le détroit et oblige les concurrents à choisir leur camp entre le Nord et le Sud puisqu’ils ne peuvent croiser dans ce couloir central réservé aux cargos.
Côté ETA, les premiers sont annoncés demain, mercredi 12 juin, dans l’après-midi à Lisbonne. Mais d’ici là, la flotte de la Route des Princes devra négocier au mieux la situation météorologique qui s’annonce, avec un vent mollissant attendu la nuit prochaine avant de repartir au Nord-Ouest modéré.
Sébastien Josse, joint par téléphone ce midi :
« Nous nous attendions à une étape méditerranéenne et nous sommes servis. Les écarts que nous constatons aujourd’hui se sont joués dès la première nuit, à l’approche du Cap de la Nau. C’est assez rageant car nous étions bien dans le match en tête de flotte. Mais tandis que Virbac, Spindrift et nous avons décidé de rester à la côte, le vent est rentré au large, ce qui n’était absolument pas prévu. Au cap de la Nau c’est comme à Gibraltar, il y a un DST à respecter. Ce qui explique les routes un peu tranchées entre le groupe à terre et Oman. A terre, ça été très aléatoire et certains comme Spindrift sont parvenus à redémarrer dans une risée quand d’autres comme nous sont restés scotchés ! C’est le jeu : il faut toujours une part de réussite et ce n’était pas pour nous cette fois-ci.
Maintenant, nous prenons notre mal en patience. Avec notre retard nous avons moins de vent que nos concurrents de tête de flotte et actuellement nous avons le courant contre nous ! Nous devrions passer Gibraltar d’ici 4h. Ce soir nous attendons du vent assez mou de Nord-Ouest qui se renforcera à l’approche du Cap Saint-Vincent. C’est encore du près ! Et ce n’est pas fini car le flux est annoncé de secteur Nord après Saint-Vincent…
Après la première nuit, où ça a beaucoup manœuvré sur le pont, l’équipage était très fatigué mais la nuit dernière nous a permis de bien recharger les batteries et d’être d’attaque à 100 % pour la suite de l’étape. Il faut être lucides, à moins d’un coup de Trafalgar que nous ne voyons pas sur les fichiers, Oman ne sera pas rattrapable. Pour Spindrift, ça reste ouvert mais clairement notre objectif du moment est de garder Virbac dans notre sillage pour conserver la troisième place.»
Classement du 11 juin 2013 à 12h00 (heure française)
- Musandam – Oman Air (Sidney Gavignet) à 273,7 milles du but
- Spindrift Racing (Yann Guichard) à 22,4 milles du leader
- Edmond de Rothschild (Sébastien Josse) à 65,7 milles
- Virbac Paprec 70 (Jean-Pierre Dick) à 70,3 milles
L’équipage d’Edmond de Rothschild sur l’offshore 1
Sébastien Josse / Charles Caudrelier / Thomas Rouxel / Olivier Douillard / Jean-Christophe Mourniac / Florent Chastel