Dure nuit pour Fred
La dépression n'a pas été facile à gérer pour Fred qui a vu son foc-solent se dérouler alors qu'il y avait plus de 40 nœuds de vent… Le skipper de Gitana 11 a réussi à remettre en place cette voile d'avant après six heures d'un travail acharné sur le pont et a pu reprendre sa route vers Terre-Neuve.

Alors que la flotte des multicoques abordait sa seconde dépression depuis le départ de The Transat, lundi dernier, le vent est monté à plus de 45 nœuds (force 10) avec une mer très dure, des grains et de fortes pluies. Sans grande visibilité à l'exception d'une pleine lune blafarde, Fred Le Peutrec naviguait sous grand voile réduite et petit foc et engageait son virement de bord dans un vent qui tournait du secteur Sud-ouest à l'Ouest Nord-ouest au passage du front froid. C'est alors que la partie haute du foc-solent (utilisé jusqu'à 15-18 nœuds normalement, soit force 4) s'est déroulée. Avec ces rafales, une poche se créait mettant en danger le bateau qui, surchargé de toile, risquait de chavirer. Le cas s'était produit lors de la dernière Route du Rhum 2002 pour Philippe Monnet qui s'était retourné pour le même problème. Il a fallu non seulement du courage mais une énorme dépense d'énergie pour remettre en place cette voile d'avant sous les paquets de mer glacés et ce vent frigorifique : après six heures de travail sur le pont, Fred Le Peutrec arrivait enfin à enrouler la voile et à se remettre en route vers Terre-Neuve. Gitana 11 a donc perdu du terrain mais Fred a réussi à limiter les dégâts à un peu plus de trente milles par rapport au leader. Le trimaran doit franchir la barre virtuelle de la mi-parcours (1 400 milles) en fin de journée, après seulement quatre jours et quelques heures !

Les solitaires font désormais route dans un vent d'Ouest soutenu qui doit progressivement mollir dans la journée avant l'arrivée d'une nouvelle dépression pour le week-end. Ce vendredi midi, Gitana 11 était à environ 700 milles de la pointe Sud de Terre-Neuve par 52° Nord. Il fait donc très froid car Fred approche du courant du Labrador qui descend du Groenland et charrie les glaces brisées de la banquise. Il y a d'ailleurs un gros paquet d'icebergs dans l'Ouest immédiat de Terre-Neuve que les solitaires devraient frôler demain soir…

En tous cas, The Transat 2004 ne ressemble aucunement aux onze précédentes éditions. L'installation de l'anticyclone sur le proche Atlantique suivi par un train de dépressions venant de Terre-Neuve avec une trajectoire Nord-est a imposé une route très haute en latitude puisque la majorité de la flotte a été obligée de naviguer jusqu'au 54° Nord, soit plus de 150 milles au-dessus de la route directe (orthodromie). Habituellement, cette voie est peu empruntée (sauf Joyon en 1996) car il est rare que les bateaux puissent contourner par le Nord les perturbations. Cette fois, le fait d'avoir pu allonger la foulée dès la première nuit de course a permis aux multicoques de parcourir la moitié de l'Atlantique Nord sur un seul bord ! A ce rythme, les premiers multicoques sont attendus à Boston à partir du 9 juin, soit après un peu plus de huit jours de mer… alors que le temps de référence établi par Francis Joyon lors de la dernière édition de la transat anglaise en 2000 est de 9 jours 23 heures !

Base Gitana à La Trinité sur Mer

A la base arrière du Gitana Team, à la Trinité, l'équipe d'assistance  concentre son énergie sur ses deux missions prioritaires du moment : le routage de Fred et la remise en état de Gitana X. En veille H-24 dans les bureaux de la base où sont installés leurs ordinateurs, Marc Guessard et Yann Guichard, routeur de Marc Guillemot resté pour apporter son expertise à Fred, se relaient pour faire régulièrement au téléphone ou par mail, la synthèse des informations envoyées par Sylvain Mondon de Météo France. Des informations et des conseils précieux pour les solitaires en course, mais qui ne peuvent pas se substituer au sens marin des skippers et aux observations qu'ils ont de la situation sur l'eau.

Côté Gitana X, c'est le soulagement. La dérive de Bonduelle a pu être adaptée  au puit de dérive de Gitana X, au prix de trois jours de travail pour une partie de l'équipe technique, Laurent, William, Jean Pierre et Léopold. Le bateau est donc prêt pour reprendre la mer en convoyage, le 18 juin, pour rejoindre Québec sur une route directe. Deux jours plus tard, il est prévu que Gitana 11 quitte Boston pour la même destination. Les deux trimarans du Gitana Team, devraient donc arriver en même temps à Québec.

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