Retour sur une bien belle traversée
Hier, jeudi 12 juillet à 15h 19 minutes et 49 secondes, Groupe Edmond de Rothschild franchissait en deuxième position la ligne d’arrivée de la Krys Ocean Race en Rade de Brest et remplissait ainsi la première ligne de son palmarès océanique. Cette course inaugurale du Multi One Championship restera à coup sûr dans les annales. Pour sa rapidité tout d’abord : Sébastien Josse et ses cinq équipiers ont bouclé cette transatlantique d’Ouest en Est en 4 jours 22 heures 19 minutes et 49 secondes, à un peu plus d’une heure du vainqueur Spindrift Racing et quelques vingt-huit minutes devant Foncia. Le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild a parcouru 3 285 milles (la route directe en comptent 2 950 milles) à une vitesse moyenne 28,02 nœuds. Ce vendredi, jour d’ouverture des Tonnerres de Brest, les MOD 70 ont fait leur entrée dans le port du château au cœur même des grandes fêtes maritimes. Un retour à terre bien mérité

Si les chiffres de cette Krys Ocean Race retiennent l’attention, ce sont les hommes qui sont parvenus à les inscrire au compteur que Sébastien Josse souhaitait mettre à l’honneur à son retour sur la terre ferme. A bord de Groupe Edmond de Rothschild, le skipper a choisi de s’entourer d’une jeune garde ; un groupe qui ne présente certes pas toujours l’expérience des autres équipages du circuit mais dont la cohésion et la motivation ont permis de décrocher une magnifique deuxième place. Sébastien Josse, revenait sur cette alchimie construite au fil des mois de préparation, notamment lors des entraînements d’hiver du team à Agadir : « pour réunir un équipage compétent qui fonctionne ensemble il y a deux options. La première consiste à s’entourer de marins aguerris dans le domaine concerné. La deuxième, qui me correspond plus, est de rassembler des profils d’horizons divers et de les faire travailler ensemble pour parvenir à un collectif soudé et compétent. Mais cette méthode est longue et nous avons la chance que notre armateur – le Baron Benjamin de Rothschild – nous donne les moyens de nous entraîner ensemble bien en amont dans des conditions idéales. A bord de Groupe Edmond de Rothschild, quatre des six équipiers traversaient l’Atlantique en course en multicoque pour la première fois. Mon casting a pu surprendre au début je pense, car je suis moi-même un bizuth du multicoque, mais aujourd’hui je suis fier de cet équipage et heureux de mes choix. Je me suis régalé avec ces cinq marins pendant cinq jours.»

Passage en revue des cinq équipiers de Groupe Edmond de Rothschild

Antoine Koch

Marin passé par l’Imoca, le Figaro ou encore l’Orma, où il a géré son propre projet de 60 pieds, Antoine Koch fait figure d’ovni dans la planète voile. Architecte naval de formation, il est en charge de la navigation à bord de Groupe Edmond de Rothschild. En concertation avec Sébastien Josse, il analyse la météo et détermine la route empruntée par le trimaran : « Quand j’ai commencé les études météos et stratégiques de cette course l’hiver dernier, j’avais notamment fait des routages avec la fenêtre météo utilisée par le maxi Banque Populaire V pour son record de traversée de l’Atlantique Nord. Ca nous donnait 4 jours 15 heures… je n’y croyais pas du tout. Finalement, les polaires que nous avions pu enregistrer à Agadir lors de nos entraînements d’hiver étaient bonnes. Sur cette Krys Ocean Race, nous avons eu la chance d’avoir une fenêtre météo exceptionnelle. Nous sommes partis à l’arrière d’un front dépressionnaire en formation et nous sommes parvenus à aller plus vite que lui, ce qui nous a permis de nous placer en avant du secteur chaud de cette dépression, dans son front froid. Le front se déplaçant à peu près à la même vitesse que nous, il nous a accompagné quasiment jusqu’à l’arrivée ; je dirais sur 80 % de notre parcours. Si on essaye de comparer au record de l’Atlantique Nord, en prenant des points les plus proches possibles sur la route, nous pouvons dire que nous aurions mis environ 4 jours 16 heures. Si l’on parle de course, c’est la plus rapide de l’histoire et en termes de record de traversée nous devons être le quatrième temps après Banque Populaire V, Groupama 4 et Orange ; des bateaux bien plus grands.

Nous ne sommes pas étonnés des vitesses pures du bateau mais agréablement surpris d’avoir réussi à les tenir si longtemps. Aller à 30 nœuds pour un multicoque ce n’est pas exceptionnel mais aller à cette vitesse pendant quatre jours successifs c’est déjà plus surprenant. Pour ce qui est de notre route, nous n’avons aucun regret car nous avions discuté avec Seb de celle choisie par Spindrift et nous ne souhaitions pas y aller du fait des conditions de mer notamment. »

David Boileau

Membre permanent du Gitana Team, David Boileau est à la fois navigant et technicien. Avec Sébastien Josse et le boat captain du trimaran, il est l’un de ceux qui connaissent le mieux Groupe Edmond de Rothschild. Lors de cette Krys Ocean Race, David embarquait pour une première : « Je fais partie des quatre du bord qui réalisait là leur première traversée de l’Atlantique en course. Et quelle première ! Nous venons de vivre une superbe traversée : de belles conditions, une bonne gestion météo avec une belle trajectoire et un groupe vraiment soudé et heureux d’être en mer ensemble. Sébastien a très bien su créer cette ambiance et donner à chacun sa place et son rôle pour que tout se passe à merveille. Tout le monde a su dépasser ses limites pour le collectif et tenir la cadence jusqu’au bout. Ce fut un vrai sprint sans temps morts, à l’exception de trois heures peut-être. 24 heures avant notre arrivée, nous avons découvert que notre foil bâbord était endommagé. Nous nous sommes demandé s’il fallait continuer à ce rythme, ralentir … Mais Seb, après discussion avec l’équipe à terre, a choisi de continuer à attaquer. Nous n’avions rien à perdre et nous voulions défendre notre deuxième place. Cet hiver, Antoine (Koch, ndlr) avait fait tourner des routages et il nous avait annoncé des résultats autour des quatre jours et demi. A l’époque, ces chiffres nous avait fait rire car cela nous semblait tout simplement impossible ! En partant de New York et en connaissant les conditions qui s’annonçaient nous savions que ce serait rapide mais à ce point là : il y a un peu de surprise mais beaucoup de plaisir. En septembre, nous nous retrouverons sur le Tour de l’Europe avec des étapes tout aussi intenses mais plus courtes et je crois que la cohésion de notre groupe, qui ne cesse de grandir, sera un atout pour ce format de course.»

Thomas Rouxel

Issu de la filière olympique, Thomas Rouxel a ensuite fait ses gammes en solitaire sur la très sélective classe Figaro Bénéteau. C’est sur ce circuit que ce brestois d’origine a rencontré Sébastien Josse. Par son arrivée au sein du Gitana Team, Thomas découvre l’univers du multicoque et la navigation à grande vitesse : «Des pointes à 40 nœuds et 28 nœuds de moyenne sur la Transat, c’est assez hallucinant. Tout cela est d’autant plus impressionnant qu’il y a beaucoup de charge sur ces bateaux ; les écoutes sont en permanence extrêmement tendues. Pour quelqu’un comme moi qui est dans la découverte d’une telle machine, c’est vrai que c’est un peu stressant. Mais j’ai pu vraiment m’appuyer sur l’expérience de mes équipiers qui m’ont toujours entouré, expliqué. J’ai une chance incroyable. Il faut avoir une grande confiance l’un dans l’autre. Côté vie à bord, ce qui a été le plus difficile c’est clairement l’humidité. Etre trempés 24 heures ça va mais au bout de trois jours, la fatigue s’installant, remettre son ciré mouillé en sortant de sa bannette c’était vraiment désagréable. Dans ces bateaux et aux vitesses où nous avons traversé, dormir n’est pas simple car il y a beaucoup de bruit. J’ai aimé cette première expérience au large en multicoque en course et j’ai hâte de repartir pour de nouvelles courses avec l’équipage.»

Christophe Espagnon

Sélectionné tricolore en Tornado pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, membre de l’équipe de France de voile olympique pendant de longues années, mais également équipier de Pierre Pennec sur l’extreme 40 Groupe Edmond de Rothschild, Christophe Espagnon a depuis répondu présent à l’appel du Large. Fin barreur, il a pu pleinement exprimer son potentiel sur cette Krys Ocean Race : « Avant de partir, il me tardait de profiter de longs bords à la barre ambiance pilotage et j’ai été servi. Le plus impressionnant c’étaient les quarts de nuit. Nous n’avions pas de lune et nous dévalions à plus de trente nœuds dans la nuit noire. Cela réclame une très grande concentration et je dois avouer que de temps en temps on débranche un peu le cerveau, c’est-à-dire que l’on se met complètement à l’écoute du bateau. On ne pense qu’à la prochaine vague, à soigner la trajectoire … L’équipage a très bien fonctionné ensemble et malgré les conditions peu propices à l’échange, nous avons eu des beaux moments de groupe dont on se souviendra ; une belle ambiance. Il y a aussi eu des moments plus personnels, de contemplation par rapport à la vitesse, à la mer et à la facilité d’avancer à ces vitesses là sur ces bateaux. En entraînement, nous n’avions jamais poussé le bateau aussi loin, les bonhommes aussi d’ailleurs. C’était intense ! »

Florent Chastel

Triple détenteur du Trophée Jules Verne, dont le dernier en date avec Banque Populaire V, recordman de l’Atlantique Nord, Florent Chastel est ce que l’on peut appeler un habitué des courses express. Mais si la vitesse et les traversées n’étaient pas une découverte pour ce provençal, les longues heures à la barre constituaient un baptême du feu : « Cette course était ma quatrième traversée de l’Atlantique en course, avec trois records et une Québec Saint-Malo. La Krys Ocean Race alliait les deux ! De la régate, du contact et tout cela avec des conditions météos qui ressemblaient à celles recherchées sur les records. Sur les gros équipages nous sommes très spécialisés et habituellement je suis N°1, ma partie est tout ce qui touche au gréement. Je suis donc bien plus habitué aux plages avant des bateaux qu’à la barre. Mais à six, il faut être beaucoup plus polyvalent et j’ai découvert ce poste avec beaucoup de plaisir. Mes records avec des gros bateaux et la traversée que nous venons de réaliser ne sont pas comparables. Ça reviendrait à comparer une grosse berline, où nous sommes le coude à la portière, et une Ferrari bien basse qui tient parfaitement la route avec de très belles accélérations. Sur le MOD, nous sommes au ras de l’eau et cela augmente considérablement les sensations de vitesses : c’est grisant ! Après une transat nous arrivons, les trois premiers, avec très peu d’écart : 1h maximum. Cela promet de belles bagarres sur le Tour de l’Europe où les formats proposés donnent une succession de petites étapes. Il y aura plus de stratégie, beaucoup plus de manœuvres mais toujours autant d’intensité.»

Classement de la Krys Ocean Race

1. Spindrift Racing

Arrivé le jeudi 12 juillet, à 14h 08 minutes et 37 secondes après 4 jours 21 heures 08 minutes et 37 secondes / vitesse moyenne sur l’orthodromie : 25,3 nœuds

2. Groupe Edmond de Rothschild

Arrivé le jeudi 12 juillet, à 15h 19 minutes et 49 secondes après 4 jours 22 heures 19 minutes et 49 secondes / vitesse moyenne sur l’orthodromie : 25,06 nœuds / vitesse moyenne sur le fond : 28,02 noeuds

3. Foncia

Arrivé le jeudi 12 juillet, à 15h 47 minutes et 57 secondes après 4 jours 22 heures 47 minutes et 57 secondes / vitesse moyenne sur l’orthodromie : 24,96 nœuds

4. Musandam – Oman Sail

Arrivée le vendredi 13 juillet, à 00h 05 minutes 38 secondes après 5 jours 7 heures 05 minutes 38 secondes / vitesse moyenne sur l’orthodromie : 23,30 nœuds

L’équipage de Groupe Edmond de Rothschild

Sébastien Josse (skipper, barreur)

Antoine Koch (navigateur - barreur)

Christophe Espagnon (régleur - barreur)

David Boileau (régleur - barreur)

Thomas Rouxel (régleur - barreur)

Florent Chastel (n°1)

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