The Transat - Point de vue des skippers
Marc Guillemot : Pour moi, c'est la course qui a permis à tous les marins de découvrir grâce à des hommes comme Chichester et Tabarly ... Fred Le Peutrec : C'est la première course que j'ai vécue intensément. Mon premier souvenir date de 1976, j'avais 11 ans ...
Que représente pour vous The Transat ?
Marc Guillemot : Pour moi, c'est la course qui a permis à tous les marins de découvrir grâce à des hommes comme Chichester et Tabarly qu'on pouvait traverser l'Atlantique en solitaire. Ce qui était loin d'être une évidence au début des années « 70 ». Elle donnait envie à tous les navigateurs, même les gamins, de la faire au moins une fois. En 1976, j'ai traversé la Manche en bateau avec mon père, qui connaissait Eric Tabarly. J'avais 16 ans et je me rappelle encore de Pen Duick VI et de Club Med, amarrés côte à côte. Nous avons assisté au départ. C'était superbe, même si les bateaux étaient très disparates. Il n'y en avait pas deux pareils, aucun avec le même potentiel de vitesse. C'est plus le côté aventure que régate qui nous intéressait à cette époque là. Fred Le Peutrec : C'est la première course que j'ai vécue intensément. Mon premier souvenir date de 1976, j'avais 11 ans. Cette édition, la 5ème, a été celle de toutes les extravagances et d'un face à face d'anthologie entre le Club Med d'Alain Colas (72 m) et le Pen Duick VI d'Eric Tabarly (23 m). Alors qu'on attendait Colas, l'arrivée dans la brume de Tabarly, seul à bord de son monocoque conçu pour un équipage de 14 personnes, sans pilote automatique et après avoir surmonté cinq dépressions, est reste gravée dans ma mémoire. Après les victoires en multicoque de Mike Birch dans la première Route du Rhum en 1978, puis de l'américain Phild Weld dans l'Ostar en 1980, tous les passionnés ont été obligés de choisir leur camp. Moi qui commençait à naviguer sur un petit multicoque de plage, j'ai choisi le mien, celui des multis. J'avais alors le fort sentiment que mon tour viendrait de naviguer en course sur l'océan sur ce type de bateau. Après j'ai suivi les autres éditions avec les moyens qu'on avait à l'époque, c'est à dire quand une radio nationale faisait un point de la course vers minuit. Je reportais alors sur une carte les positions des concurrents. The Transat, c'est une course qui m'a pris peu de mon temps jusqu'à présent mais que j'ai toujours suivi avec beaucoup de passion.
Souvenirs liés à cette course ?
MG: Les souvenirs forts que j'ai de cette course sont surtout liés à l'édition à laquelle j'ai participé en 2000 sur La Trinitaine. Cela a été un moment fort du début jusqu'à la fin. Le routage était interdit et cela donnait un ton différent à la course, plus concentré. Un mois avant le départ, j'avais bien préparé ma stratégie d'ensemble avec un météorologue reconnu, Pierre Lasnier, qui par ses conseils m'a mis en confiance par rapport à ce que j'allais rencontrer. Grâce à ses conseils je suis parti serein. Je me souviens de ma détermination qui avait pour objectif principal de faire ce que j'avais décidé de faire sans me laisser entraîner par les autres concurrents. Cela a plutôt bien fonctionné parce que j'avais fini 2ème, en passant tout près de la victoire. FL: C'était en 1984, quand Philippe Poupon a été déclassé à la seconde place bien qu'il ait coupé la ligne d'arrivée le premier. Philippe Jeantot avait chaviré sur son catamaran Crédit Agricole et Yvon Fauconnier, également en course, s'était détourné pour lui porter secours. L'opération de sauvetage dure 16h. Pendant ce temps Poupon progresse et franchit la ligne d'arrivée le premier, Fauconnier dans son sillage 10h 30 plus tard. En pleine conférence de presse, le comité de course annonce qu'il rend au skipper de Umuoro Jardin les 16h passées à secourir Jeantot et le proclame vainqueur, Poupon prenant la deuxième place. C'est un événement unique dans la course au large qui resté ancré dans ma mémoire avec les émotions fortes qui s'en dégagent.
Le parcours dans Atlantique Nord ?
MG: Ce parcours évoque le stress parce que l'on est amené à souvent naviguer dans une visibilité réduite dès que l'on arrive en amont de Terre Neuve. Le long des côtes canadiennes, avec la forte probabilité de croiser des icebergs, des growlers, des bateaux de pêche et des cargos, il faut être très vigilant ou un peu fou. Ce sont en effet de vastes zones de pêche où il y a beaucoup de monde à se «balader » dans la brume. C'est donc une épreuve un peu angoissante mais un peu moins difficile que la Route du Rhum car elle se court sur une durée plus courte et que nos trimarans sont moins délicats à manier au près qu'au portant, sous gennaker. Le froid, l'humidité, la brume, les obstacles flottants, tout cela ce n'est pas facile à gérer quand on veut aller vite, mais c'est un terrain de jeu intéressant car il y a de l'espace pour jouer tactiquement. FL: Un parcours difficile, âpre, disputé le vent dans le nez dans des embruns glacés, même si toutes les éditions ne se sont pas courues dans des conditions difficiles. Mais les statistiques montrent que le mauvais temps est souvent sur le chemin de cette course. L'arrivée dans les bancs de Terre Neuve, le passage dans les glaçons, les brumes et les bancs de Nantucket sont des lieux pour moi étroitement associés à cette Transat, même si j'y suis passé après, dans d'autres contextes, pendant la tentative de Record de l'Atlantique sur Explorer avec Bruno Peyron en 1995 et Québec Saint Malo sur La Trinitaine en 2000.
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