Christophe Espagnon, en charge du réglage de la Grand Voile, nous évoquait hier un petit manque de régularité de la part de l’équipage Groupe Edmond de Rothschild. En remportant deux des manches du jour et en parvenant à se classer par huit fois dans le top 5 des courses, les hommes de Pierre Pennec ont su parfaitement corriger le tir. Ils signent ce vendredi la meilleure journée de la flotte des Extreme Sailing Series et s’emparent ainsi la première place au détriment d’Artemis. Une performance impressionnante si nous nous rappelons que hier soir, les suédois menaient avec vingt et un points d’avance sur le catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild. « Nous avons remis les compteurs à zéro, c’est une nouvelle régate qui débute demain et tout reste à faire » lançait tout sourire Thierry Fouchier à son arrivée à terre. « Nous sommes parvenus à être consistants, à l’exception d’une manche où nous partons mal et où les arbitres nous sanctionnent par la suite par un 360. Du coup, nous fermons la marche de cette régate mais sur ce circuit là, ça arrive. Il faut l’accepter et passer très vite à autre chose, ce que nous avons fait. C’est une belle journée, que nous savourons, car nous savons très bien que cela peut aller très vite dans un sens comme dans l’autre. Le jeu est très serré mais la compétition n’en est que plus passionnante » se réjouissait le marin originaire de Marseille.
Après trois jours de compétition et plus de vingt-trois manches dans les bras, les organismes commencent inévitablement à fatiguer. Néanmoins, les hommes du bord se préparent physiquement tout au long de la saison et ce soir ils étaient unanimes sur leur état de forme : « La fatigue est là, c’est certain mais nous savons que le circuit est sollicitant et nous nous préparons pour cela. Je crois d’ailleurs qu’il s’agit de l’une des forces de notre équipage. Si le comité avait décidé de lancer d’autres manches aujourd’hui, nous étions tous d’attaque à bord pour y aller ! » assurait Christophe Espagnon.
« Le vent a oscillé entre 12 et 14 nœuds et les prévisions qui nous annonçaient des risées un peu plus fortes ne se sont pas vérifiées sur l’eau. Malgré tout, les parcours proposés étaient plus petits que lors des deux jours précédents, ce qui a occasionné des passages de bouées assez chaud avec de nombreux contacts, dont un très violent.» En effet, ce troisième jour de régates à Istanbul a malheureusement été marqué par une grosse collision entre Team Extreme et Alinghi. Survenue dans la quatrième manche, elle a contraint les deux monotypes à jeter l’éponge pour le reste de l’après-midi. Ce fait de course a de lourdes conséquences au classement pour les suisses encore deuxièmes hier soir. Dans cet incident, la coque bâbord de Team Extreme a été très sérieusement endommagée, trop pour espérer être de retour sur le plan d’eau Turque. C’est pourquoi, l’équipe de Roland Gaebler annonçait ce soir tristement son retrait du Grand Prix d’Istanbul.
Demain, les régates débuteront une heure plus tard qu’à l’accoutumée et le premier départ devrait être lancé peu après 15 heures (heure d’Istanbul).
L’équipe a la parole
Thierry Fouchier, régleur Voiles d’avant
« Nous étions très sereins à bord aujourd’hui. Tout le monde a bien pris ses marques sur ce plan d’eau spécifique et Pierre était très à l’aise et percutant sur les départs aujourd’hui. Sur les Extreme, c’est souvent le barreur qui fait tout et nous, nous sommes là pour l’aider au maximum.»
Pierre Pennec, skipper et barreur de Groupe Edmond de Rothschild
« Il y a des journées où tout se passe bien. Nous parvenons à nous placer là où nous le souhaitons sur la ligne, les choses s’enchaînent sans le moindre grain de sable et aujourd’hui nous avons vécu une journée comme cela. J’étais à l’aise avec la vitesse du bateau au près comme au portant. Le vent était oscillant mais je suis parvenu à trouver rapidement les bons angles. Et surtout, j’ai réussi à « sortir la tête du bateau », c’est à dire à plus me concentrer sur la tactique, que lors des jours précédents. Tout cela est possible grâce à la sérénité de l’équipage. Cela met une ambiance très positive à bord et je sens mes équipiers solides. C’est un énorme atout car je peux me permettre de lancer n’importe quelle manœuvre à n’importe quel moment car je sais qu’elle sera parfaitement exécutée. Nous avons pris des départs plus conservateurs, ce qui nous a permis d’être plus libres notamment dans nos premiers virements et d’avoir de l’eau claire autour de nous, c’est-à-dire d’être manoeuvrant et de pouvoir faire notre vitesse tout le temps. »
Cyril Dardashti, team manager
« Je suis très fier et pleinement satisfait de la journée que vient de nous proposer l’équipage. Ils sont parvenus à remonter vingt-deux points ! Je crois que c’est la première fois qu’une équipe réussit une telle performance dans le championnat, ou tout du moins cette année. Ils ont su lire correctement le plan d’eau et être opportunistes quand il le fallait et ça a payé. Sur les départs, ils étaient toujours lancés, pas forcément au meilleur endroit, mais toujours avec du vent frais et je crois que c’est une des clés de leur réussite aujourd’hui. C’est une très bonne journée, maintenant le Grand Prix est loin d’être fini. Je suis confiant pour la suite car depuis le premier jour, je les sens sereins et décontractés, ce qui est de très bon augure.»
Classement provisoire du Grand Prix d’Istanbul le 27 mai (après 23 manches)
1. Groupe Edmond de Rothschild – 171 points
2. Racing – 170 points
3. Emirates Team New Zealand – 163 points
4. Luna Rossa – 156 points
5. The Wave, Muscat – 153 points
6. Red Bull Extreme Sailing – 140 points
7. Oman Air – 121 points
8. Niceforyou – 112 points
9. Team GAC Pindar – 112 points
10. Alinghi – 111 points
11. Team Extreme – 88 points