Flash Back sur la Route du Rhum 2006
Paris s’éveille tandis que la nuit bat son plein à Pointe-à-Pitre lorsque le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild pointe ses étraves dans la darse guadeloupéenne… Le 6 novembre 2006 à 6h21 (heure française), Lionel Lemonchois et Gitana 11 franchissent en grands vainqueurs la ligne d’arrivée de la 8ème Route du Rhum. En traversant l’Atlantique en 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes, le skipper Gitana vient de pulvériser le record de l’épreuve de plus de quatre jours… Cette année là, la Route du Rhum sera rebaptisée l’Autoroute du Rhum !

Dimanche 29 octobre : pour commencer, cap à l'Ouest
Avant le départ, Lionel Lemonchois et son équipe de routage à terre, composée de Yann Guichard et de Sylvain Mondon, ont établi un plan d’attaque très précis. Dans un premier temps, l’objectif est de sortir de La Manche en suivant une route plein Ouest et de conserver ce cap jusqu’à l’approche du premier front froid qui attend les concurrents.  A 13h02, Gitana 11 s’élance au milieu de soixante-treize autres bateaux de la 8ème édition de la Route du Rhum. Malgré des vents faibles, le spectacle est de toute beauté.  

Lundi 30 octobre : passage du front froid le soir
Tout se déroule comme prévu et après le virement réalisé, à l’arrière du front froid, dans la soirée, Lionel Lemonchois est le plus Sud de la flotte. Ce décalage que le skipper de Gitana 11 a patiemment établi est un investissement pour la suite de la course. Mais c’est aussi là que tout aurait pu basculer …. Juste après le changement de cap, le vent est soutenu et la mer désordonnée. Lionel Lemonchois se fait une grosse frayeur. En pleine nuit, Gitana 11 progresse au reaching, l’une des allures  les plus délicates pour ce type de bateau. Le trimaran monte très haut sur une coque mais heureusement, Lionel est à côté des écoutes et choque immédiatement … Gitana 11 redescend et reprend sa route. Cette figure de style sera la seule fausse note des sept jours de traversée.

Mardi 31 octobre : La prise de pouvoir
Sous le vent de ses concurrents, bénéficiant de vents portants, Lionel Lemonchois met sa position favorable à profit dans le franchissement du système suivant grâce à un empannage assez précoce dans la dorsale. L’objectif est de contourner un col barométrique (synonyme de vents variables faibles) par l’Est en pénétrant dans la dépression orageuse située dans le Nord-Est des Açores. La stratégie est alors la suivante : faire du gain Sud jusqu’à la dépression orageuse puis exploiter le flux perturbé pour gagner dans l’ouest et rejoindre rapidement l’alizé. La partie théorique semble se dérouler à merveille sur l’eau, à peu de choses près comme le trio l’avait envisagé au départ. Si bien que Gitana 11 s’empare de la tête de la flotte après un peu plus de 48 heures de mer.

Mercredi 1er novembre : Lionel dans le passage offensif et rapide des Açores
Le trimaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild traverse les Açores avant d’empanner dans le Sud de l’Archipel en bordure de la dépression orageuse. Lionel Lemonchois poussera sa trajectoire jusqu’à s’approcher au plus près du centre du système, une zone où les vents peuvent être très faibles, mais jamais le marin ne sera arrêté… au contraire, Gitana 11 bénéficiera toujours d’un flux d’une quinzaine de nœuds et d’une mer plus maniable que ses adversaires. Dans ces conditions et profitant de sa parfaite osmose avec le bateau, Lionel se paye le luxe de dormir quatre heures d’affilée quand d’autres avouent ne pas avoir fermé les yeux plus de dix minutes …

Jeudi 2 novembre : Le coup d’accélérateur pour distancer le reste de la flotte
Après l’empannage et le franchissement de la dépression orageuse, Lionel Lemonchois ne s’accorde pas de répit. Quand certains skippers décide alors de temporiser car la mer est encore dure et casse-bateau, Lionel choisit de marquer l’avantage. Il renvoit de la toile et pousse Gitana 11 dans ses retranchements. Le duo triple alors son avance sur le 2ème, le compteur passant de 30 à 100 milles … A terre, les observateurs sont impressionnés ; Lionel Lemonchois vient de prendre l’ascendant psychologique sur ses adversaires. Grâce au parfait état du bateau et à une gestion intelligente de son capital forme, le skipper a osé aller où d’autres ont préféré s’arrêter.

Vendredi 3 novembre : tirer au mieux parti des alizés
Gitana 11 et Lionel Lemonchois entament leur première journée dans les alizés de l’hémisphère Nord. La décontraction affichée du skipper lors de la vacation quotidienne avec le PC Presse, ferait presque oublier que dans les alizés la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Certes, l’allure débridée et le flux de Nord-Est soutenu permettent au trimaran d’allonger la foulée (562 milles parcourus en 24h) mais cette navigation de haut vol réclame une veille permanente. Sur le pont, le travail est intense : adapter le plan de voilure à la force du vent, avec les changements de voiles parfois difficiles que cela comprend, puis régler sans cesse ces voiles pour suivre au mieux les oscillations.

Samedi 4 novembre : choisir le bon point d’empannage
Avec l’anticyclone des Bermudes qui s’étend largement dans le Nord de la route des Alizés et le flux d’alizés qui tourne progressivement à l’Est, les concurrents doivent empanner pour faire route directe vers l’arrivée. Toute la difficulté et l’enjeu de cette journée est de choisir le moment opportun pour déclencher la manœuvre.  A ce moment de la course, Lionel, Sylvain et Yann, sont d’accord sur le principe de « l’aile de mouette » comme trajectoire à suivre jusqu’à la pointe Nord de la Guadeloupe. Ce nom imagé sous-entend d’opérer une remontée progressive sous l’anticyclone des Bermudes avant d’empanner, puis d’amorcer une descente en courbe vers les Antilles. C’est ce que Lionel Lemonchois réalisera à la perfection.

Dimanche 5 novembre : pile sur la Guadeloupe
Depuis l’empannage réalisé la veille en bordure de l’anticyclone des Bermudes, Lionel a encore gagné de la marge sur son concurrent le mieux placé. Désormais sur des rails, parfaitement calé dans le flux alizéen, rien ni personne ne semble pouvoir arrêter Gitana 11 qui file tout droit vers la victoire. Il compte plus de 200 milles d’avance sur le 2ème. Au terme d’une route régulière, au tracé très pur, le soir du 5 novembre 2006, trimaran arrive pile sur la pointe nord de Basse-Terre, à quelques encablures de l’îlot de la tête à l’anglais.

Lundi 6 novembre : le tour de l'ile serein
C’est la dernière épreuve : le tour de Basse-Terre. Lorsque Gitana 11 entame sa rotation la mer est d’huile et le vent évanescent. Les derniers quarante milles sont éprouvants pour les nerfs, sauf pour Lionel Lemonchois, qui fidèle à lui-même, restera serein ! Et finalement, Gitana 11 franchit la ligne d’arrivée le 6 novembre à 6 heures et 21 secondes (heure de Paris). En Guadeloupe, il est cinq heures de moins et d’innombrables bateaux spectateurs se pressent dans la baie de Pointe-à-Pitre pour saluer l’incroyable performance !

Quelques chiffres
- Le temps de parcours : 7 jours, 17 heures, 19 minutes et 6 secondes
- Le nombre de milles parcourus : 3 798 milles (ou 7 033 km), soit seulement 250 milles de plus que l‘orthodromie (route directe)
- La vitesse moyenne : 19,11 nœuds

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