Originaire d’Ardèche et issu d’une famille paternelle viscéralement attachée à la terre, rien ne semblait prédestiner Sylvain Mondon à embrasser une carrière dans la Course au Large. Mais cela aurait été sans compter sur les étés passés dans les côtes d’Armor à Saint-Cast. C’est là que Sylvain découvre les joies de la navigation et l’immense sentiment de liberté que procurent les longues virées dans les baies avoisinantes. A quelques encablures d’ailleurs se dressent les remparts de Saint-Malo… Sylvain Mondon ne sait pas encore que sa carrière s’écrira en partie au départ de la Cité Corsaire !
Elève appliqué et incroyablement doué, Sylvain obtient un Bac C en 1991 avant d’intégrer Math Sup puis Math Spé, classes préparatoires aux grandes écoles dont la difficulté n’est plus à énoncer. Reçu brillamment, il se présente dans la foulée, en 1993, au concours d’entrée de l’Ecole Nationale de la Météorologie, basée à Toulouse. Là encore le succès est au rendez-vous puisque le jeune homme, de tout juste 20 ans, est reçu premier ! Diplômé en juillet 96, il rejoint brièvement la recherche et en profite pour effectuer son service militaire au sein du Centre National de Recherches Météorologiques. Les trois années suivantes seront largement consacrées à l’enseignement au sein de l’école qui l’a formé. Puis en 2000, il devient prévisionniste pour la sécurité en mer.
Le début d’une longue histoire avec Gitana
En 2001, le Gitana Team contacte Richard Silvani chez Météo France car l’équipe souhaite s’adjoindre les services d’un météorologue pour router Thierry Duprey du Vorsent et François Denis sur la Transat Jacques Vabre qui s’annonce. D’ores et déjà engagé auprès d’un bateau concurrent et donc dans l’impossibilité d’accepter cette proposition, Richard Silvani recommande alors de confier cette mission à un jeune ingénieur talentueux : Sylvain Mondon fait ainsi son entrée dans le monde de la Course au Large et au sein de la famille Gitana. Dans les premières années, le routage ou les préparations météos d’avant course occupent 10 % de son temps de travail. Mais rapidement, le mot est passé et le météorologue voit sa cote grimper en flèche. Aujourd’hui, Sylvain Mondon avoue y passer 90 % de son activité : Solitaire du Figaro, Trophée Jules Verne, Vendée Globe, Transat Jacques Vabre, Traversée de l’Atlantique Nord …. Ainsi, depuis 2003, que ce soit pour un organisateur de course ou un concurrent, il n’a pas passé un hiver sans suivre un tour du monde. Mais la voile n’est pas son unique terrain de jeu et il a notamment fait partie, en 2008, de l’équipe d’assistance d’Yves Rossy, l’incroyable homme oiseau détenteur de la traversée de la Manche en vol à basse altitude !
Sylvain Mondon / Yann Guichard : le duo gagnant reformé
Sylvain Mondon et Yann Guichard se connaissent bien. Ils se côtoient depuis 2004, date de l’arrivée de Yann au sein du Gitana Team, et ont appris à travailler ensemble au gré des courses. « Je suis un brin perfectionniste » ironise celui qui déteste l’approximation avant de préciser : « mais c’est un point commun que nous avons avec Yann » Les deux hommes expriment leur respect mutuel et jouissent d’une confiance toute aussi partagée. En 2006, le duo avait accompagné Lionel Lemonchois dans sa victorieuse Route du Rhum : Sylvain, à Toulouse, et Yann, chez lui dans le Morbihan. Durant les sept jours de traversée express, les deux hommes ont tracé et ajusté le parcours sans-faute de Gitana 11. A son arrivée à Pointe-à-Pitre, le skipper leur rendait hommage par ces mots : « Ils ont été la tête et moi les bras !»
Quand on le questionne sur l’importance de son rôle dans l’aventure qui attend le skipper de Gitana, ce dernier répond sobrement et sans équivoque : « Je suis au service de Yann et de la performance du bateau au même titre que le technicien qui règle les indispensables pilotes automatiques ou de celui qui prépare quotidiennement Gitana 11 dans l’ombre pendant six mois. Mon travail n’est pas plus important que le leur, j’arrive simplement à la fin de la chaîne, dans le vif de la course et je suis par conséquent un peu plus exposé médiatiquement. C’est une histoire de travail d’équipe. Avec quelques années d’expérience, j’ai bien sûr une meilleure connaissance générale des choses ainsi que de ma façon de fonctionner durant une traversée telle que la Route du Rhum. Néanmoins, chaque nouvelle course est une remise à zéro »
Analyser, décrypter les secrets de la météo, en déjouer les pièges et conseiller en conséquence des marins parfois distants de milliers de kilomètres pour les conduire vers la victoire, tel est le quotidien exaltant de Sylvain Mondon. Une activité de tous les instants que ce papa attentif accepte cependant volontiers de délaisser pour partager des moments de vie avec ses deux petites filles de sept et neuf ans.