Cinq éditions après sa première participation, le skipper baulois avait à nouveau rendez-vous avec le tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance. A la barre de Gitana Eighty, Loïck Peyron entrait en scène avec un plaisir non feint et une étiquette de grand favori qui n'avait pas de quoi déstabiliser l'expérimenté marin. Aux avant-postes dès le premier classement, le skipper du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild assumait son statut de chef de file avec le panache attendu.
Des conditions météo de saison accompagnaient les premiers bords des solitaires et le Golfe de Gascogne frappait d'entrée la flotte au cœur en réduisant à néant les ambitions de plusieurs concurrents, dont Kito de Pavant, Marc Thiercelin ou encore Yannick Bestaven. Au près dans environ 35 nœuds de vent, Loïck Peyron se sortait parfaitement de ce premier piège se dressant sur sa route et prenait les commandes de la flotte deux jours après avoir quitté Les Sables d'Olonne. Le long des côtes de la péninsule ibérique, le chassé-croisé en tête du classement s'engageait alors que le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild passait Madère en tête et entamait la négociation du Pot-au-Noir avec une trentaine de milles d'avance sur ses poursuivants. La descente se jouait sur un rythme plus ou moins soutenu et sur les dix premiers jours de course, Gitana Eighty célébrait son sixième sous l'étiquette de leader.
Le 20 novembre, en ouvreur d'une flotte lâchée à ses trousses, Loïck Peyron était le premier à entrer dans la Zone de Convergence Inter-Tropicale et à en subir les affres en voyant sa vitesse chuter. Entré en tête dans le Pot au Noir, il était également le premier à en sortir et à franchir l'Equateur. Débutait alors un long bord de près, sur la bordure ouest de l'anticyclone de Sainte-Hélène, placé sous la suprématie de Loïck Peyron. Casse-tête attendu à l'échelle d'un tour du monde, ce phénomène était en cette saison particulièrement complexe et injuste car pénalisant les premiers et favorisant les poursuivants. Le skipper de Gitana Eighty subissait donc la difficulté de la situation météorologique et d'un anticyclone qui en s'installant confortablement, se mettait en travers de la route du Grand Sud et l'obligeait à adopter un chemin plus long que souhaité. Loïck Peyron perdait alors la tête du classement à la défaveur d'un stop intempestif à l'arrière d'un gros grain, mais restait solidement installé dans le trio de tête.
Il fallait attendre le dernier jour du mois de novembre pour que sonne l'heure de la délivrance et se sortir des effets de Sainte-Hélène. Loïck Peyron fêtait alors ses 49 printemps dans des 40èmes rugissants qu'il n'avait pas fréquenté depuis 2001. Le Grand Sud était dans les étraves des solitaires qui mettaient le cap sur la porte des glaces Atlantique. Le 2 décembre, le lendemain de son anniversaire, le baulois devait se battre avec un gennaker enroulé autour de la quille de son monocoque et perdait un peu d'énergie mais ne concédait que peu de milles à la concurrence. Il annonçait alors qu'une ascension dans le mât s'avérerait nécessaire dès que possible. La course gardait cependant pleinement ses droits et les solitaires se lançaient dans une bataille effrénée d'empannages vers l'Océan Indien. Le 5 décembre, Loïck Peyron décidément impérial inaugurait le Nautic en reprenant les commandes de la flotte. Le lendemain, les portes de l'Océan Indien s'ouvraient à Gitana Eighty qui, s'il n'était plus le premier, était le monocoque le plus rapide de la flotte… Mardi, le solitaire retrouvait 100% du potentiel de sa monture après être monté dans le mât pour y récupérer sa drisse de gennaker. 24 heures plus tard, c'est ce même espar qui vient briser l'impressionnante suprématie du skipper du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild.