On dirait le Sud !
En ce vingt-troisième jour de course, l'ambiance est toujours à la régate au contact sur le Vendée Globe 2008-2009, alors même que le groupe de tête navigue désormais dans les quarantièmes, cette fameuse zone réputée pour être la plus ventée du globe en l'absence de terre et de relief. Relativement gâtés par la météo ces dernières heures, les solitaires font route vers la porte des glaces Atlantique qu'ils devraient atteindre, pour les premiers, dans 36 heures. A bord de Gitana Eighty, les agapes de l'anniversaire du Capitaine Peyron sont loin et la « pêche au gennaker » imposée la nuit dernière n'avait rien du cadeau de ses rêves…

Si c'est toujours Sébastien Josse qui mène les débats autour du monde, derrière la hiérarchie a connu un bouleversement la nuit dernière, voyant Yann Eliès s'emparer de la deuxième place jusque là détenue par le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild. Difficilement joignable hier, ce mardi était plus propice à la conversation entre Loïck Peyron et le PC Course parisien et permettait alors d'obtenir une explication sur les évènements nocturnes en tête du classement : « Tout va bien à bord. Ca ressemble un peu au sud… J'ai eu un petit souci avec mon gennaker qui est allé s'enrouler autour de la quille cette nuit. J'ai mis quelques heures à m'en dépatouiller. Ma voile est intacte mais il va falloir faire une grimpette en tête de mât pour changer la drisse ». La voilà donc la raison de cette légère perte de terrain ; une drisse récalcitrante et une voile de 300 m² qu'il a fallu, à la force des bras, remonter sur le pont de Gitana Eighty… De quoi y laisser un peu de temps et pas mal d'énergie. Forcément, quelques heures après ce tour de force, la fatigue est là et le skipper du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild ne s'en cache pas : « Je fais bannette depuis quelques heures parce qu'il faut vraiment que je me repose ». Hier à la même heure, c'est le leader Sébastien Josse qui confiait avoir besoin de lever le pied. Il faut dire que la position d'ouvreur est certainement l'une des plus sollicitantes tant la concurrence est menaçante. Ajoutons à cela les séries impressionnantes d'empannages – sept en 8 heures sur la journée de dimanche – pour admettre que le marin, aussi talentueux et rôdé soit-il, a parfois lui aussi une petite baisse de régime. Mais dans des situations comme celle-ci, l'expérience est la meilleure des conseillères et devrait permettre à Loïck Peyron de retrouver l'énergie qui le caractérise très vite.

Côté météo, le groupe de tête poursuit sa progression à l'avant d'un front froid et cultive les bénéfices de vents portants entre 20 et 25 nœuds. Depuis leur entrée dans l'anti-chambre des quarantièmes et dans le Grand Sud lui-même, les solitaires ont enchaîné les empannages, allant parfois chercher à gagner en vitesse au Sud ou privilégiant la route directe par un décalage dans l'Est. Changement de format aujourd'hui pour le skipper de Gitana Eighty comme pour ses concurrents qui vont pouvoir mettre de côté les manœuvres et rester sur un seul et même bord, bâbord amures, jusqu'à la porte des glaces Atlantique. Cette parenthèse au confort tout relatif leur permettra ainsi de trouver leurs marques dans un quotidien en mode Grand Sud : « J'ai perdu un peu de temps avec des détails techniques et il va falloir que je me mette doucement dans un rythme sudiste. Toute la question va alors être de savoir quelle est la bonne conduite à adopter tant le rythme de ce Vendée Globe est différent de celui rencontré lors de ma précédente participation ! ». Autant le dire tout de suite, les détails techniques évoqués par Loïck Peyron à la vacation quotidienne n'ont pas de quoi affoler la concurrence, ceux-ci se limitant au lot quotidien imposé aux marins par ces prototypes, purs concentrés de technologie, que sont les monocoques 60 pieds de dernière génération.

Les heures à venir vont donc être occupées par quelques plages de repos à bord du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild, afin d'aborder la première porte de sécurité dans les meilleures dispositions. Derrière la veille sera de tous les instants, l'organisation ayant signifié aux concurrents la présence d'icebergs environ 500 kilomètres après cette barrière de sécurité. Il n'y a pas de doute à avoir… on dirait le sud !

Au classement de 16 heures, Sébastien Josse confirmait son leadership même si Yann Eliès lui grappillait quelques milles. Quant à la troisième place, elle revenait à Jean-Pierre Dick qui grillait la priorité à Loïck Peyron pour une petite dizaine de milles.

Classement du 2 décembre – 16 heures (heure française)
1. BT (Sébastien Josse) à 18 577 milles de l'arrivée
2. Generali (Yann Eliès) à 37,7 milles du 1er
3. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 56,4 milles
4. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 64 milles
5. Veolia Environnement (Roland Jourdain) à 65,2 milles
6. PRB (Vincent Riou) à 72 milles
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