L'arrivée dans le flux perturbé de l'hémisphère Sud, où circulent sans discontinuer d'Ouest en Est les dépressions australes, était très attendue par les concurrents du Vendée Globe 2008-2009. Et nous les comprenons aisément, eux qui durant une dizaine de jours ont dû prendre leur mal en patience en progressant au près à quasiment 90°de la route directe. Mais comme tout vient à point à qui sait attendre, c'est ce week-end, dans la nuit de samedi à dimanche pour les premiers, que le clignotant a pu être actionné … Un virage à gauche, en direction de la porte des glaces Atlantique, qui depuis donne lieu à une succession d'empannages, pour suivre les petites bascules du flux d'Ouest Nord-Ouest et exploiter au mieux le couloir de vent qui leur est donné. « Le vent est très changeant. Il oscille entre 22 et 25 noeuds avec des pointes à 28 nœuds. Le train de houle n'est pas encore très organisé mais cela va venir » décrivait Loïck Peyron pour poser le décor.
En effet, dans le Nord de la flotte, les hautes pressions de Sainte-Hélène sont toujours présentes telle une épée de Damoclès au-dessus des têtes, tandis que dans le Sud, une bande de vents faibles commence également à se former. C'est pourquoi les solitaires enchaînent les manœuvres :« Nous naviguons actuellement dans une bande de pression, car le vent est plus faible dans le Nord, mais également plus au Sud. Tout le jeu est d'exploiter ce couloir de vent. J'empanne quand le vent fluctue et m'amène sur un bord rapprochant vers la prochaine marque. C'est plutôt fatiguant tout ces enchaînements mais c'est le prix de la progression.»
Si la configuration actuelle n'autorise que peu de repos au skipper de Gitana Eighty, il a tout de même pris le temps d'ouvrir les cadeaux déposés à bord par ses proches avant le départ : « J'ai un grand sac où se mélangent les cadeaux d'anniversaire et de Noël. J'ai donc ouvert quelques présents aujourd'hui, et j'ai notamment trouvé le cadeau de ma grande fille ainsi que celui du Gitana Team : un petit hélicoptère télécommandé ! » Mais performance oblige, le capitaine du navire n'avait souhaité que des présents légers … Une volonté respectée que constatait agréablement le marin depuis les latitudes des 40èmes. Et, en cette date anniversaire, Loïck Peyron nous faisait partager sa joie de retrouver les mers du Sud « Ca y est, nous y sommes ! Je ne suis pas revenu ici depuis The Race en 2001 … Il y a tout ce qu'il faut : les albatros, la houle … ne manque plus que les longues glissades au reaching ! Car pour l'instant, ce n'est pas encore la ligne droite. »
Aujourd'hui encore, aux avant-postes du Vendée Globe, tout est une question de compromis. Se trouver suffisamment Sud pour bénéficier d'un flux plus soutenu, mais pas trop Sud, sous peine de perdre tout son crédit. A ce jeu, le gagnant du jour demeure Sébastien Josse. En effet, au classement de 16 heures, le skipper de BT conserve la main et accroît légèrement son avance sur Loïck Peyron, pointé à 40 milles du tableau arrière du monocoque britannique. Yann Eliès, calé dans le sillage de Gitana Eighty, occupe toujours la 3ème marche du podium provisoire.
La porte des glaces Atlantique droit devant
Cette année, la direction de course du Vendée Globe, dirigée par Denis Horeau, a choisi d'imposer huit portes de sécurité aux concurrents de la 6ème édition. Placées dans le Grand Sud, ces lignes de latitude virtuelles, que les solitaires devront respecter en un point, ont été imaginées dans un esprit d'anticipation des risques. Elles empêcheront, en effet, les marins de descendre trop Sud et tenteront ainsi de minimiser les rencontres avec des glaces dérivantes ou pire, avec des icebergs. A noter que ces portes pourront être déplacées selon les résultats des observations radar réalisées par CLS Argos.
La porte des glaces Atlantique se situe dans le Sud de la pointe africaine, par 42° Sud et entre 01° et 11° Est.
Classement du 1er décembre – 16 heures (heure française)
1. BT (Sébastien Josse) à 19 626 milles de l'arrivée
2. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 43,2 milles du 1er
3. Generali (Yann Eliès) à 60,7 milles
4. Veolia Environnement (Roland Jourdain) à 70,6 milles
5.PRB (Vincent Riou) à 73,1 milles
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