Le Sud se fait attendre
Les monocoques Imoca poursuivent leur descente de l'Atlantique, résolus à faire le grand tour de l'anticyclone de Sainte-Hélène, qui barre toujours la route du Grand Sud. Calés sur le même bord depuis leur sortie du Pot-au-Noir, les journées des solitaires se suivent et se ressemblent, si ce n'est qu'en ce 17ème jour de course, le vent s'est assagi et la mer – toujours formée - semble néanmoins plus maniable pour la tête de flotte. Une tendance qui devrait même s'accentuer avec l'approche et le contournement des hautes pressions en fin de semaine.

Loïck Peyron fait toujours la course en tête, suivi comme son ombre par Sébastien Josse, distant de 18 milles en milieu d'après-midi. Mais à noter qu'en parfait chasseur, le skipper de BT s'est légèrement décalé dans l'Est de la route de Gitana Eighty en position d'attente. Revenu dans le tiercé gagnant, après dirons-nous une petite nuit d'absence, Jean-Pierre Dick concédait 40 milles au monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild.

«Cela fait 48 heures que ce n'est pas très drôle. Ca tape beaucoup et les conditions sont dures surtout pour le bateau et un peu pour le bonhomme aussi… Mais il ne faut pas se plaindre, une nouvelle fois il y a plus malheureux que moi ! » Par ces mots, Loïck Peyron pensait bien sûr à Jérémie Beyou. Victime d'une avarie de gréement (barres de flèches) dimanche dernier, le skipper de Delta Dore faisait depuis route vers le Brésil pour tenter de réparer seul et de repartir en course. Malheureusement, son arrivée dans le port de Recife la nuit dernière a confirmé ses craintes : les dégâts occasionnés par cette casse sont trop importants et le marin est contraint d'abandonner. Cette triste nouvelle porte à cinq le nombre de solitaires ayant dû renoncer dans ce Vendée Globe 2008-2009, ainsi ils sont désormais vingt-cinq dans la course.  

Malgré le mode « régate » imprimé par les solitaires depuis leur départ des Sables d'Olonne le 9 novembre dernier, il faut garder à l'esprit que le Vendée Globe est plus proche de la course de fond. Car sur un tour du monde de près de trois mois, c'est bien l'endurance et la capacité du marin à tenir sur la durée, qui feront la différence. Dans cette optique, préserver le matériel est une préoccupation permanente : « Je mets un peu en sourdine car ça ne sert à rien d'aller trop vite quand le bateau tape trop. » Même son de cloche chez Sébastien Josse, qui admettait avoir levé un peu le pied hier soir dans la mer formée, pour ne pas trop solliciter le bateau.
Cependant, dans l'après-midi, le duo qui anime la tête de course depuis déjà 14 jours avait remis du charbon comme en témoignent leurs vitesses respectives au classement de 16 heures : 16,5 et 16,1 noeuds. Cela nous laisse à penser, que Loïck Peyron et ses plus proches concurrents devaient profiter d'une mer plus propice à l'accélération.

« Nous sommes tous dans le même petit train … mon leadership est un concours de circonstances bien géré mais nous sommes très près les uns des autres donc cela ne veut pas dire grand-chose. D'être en tête n'est pas une pression, enfin je ne la ressens pas comme telle car pour l'instant il n'y a pas de grands choix stratégiques à faire. Cet anticyclone va être une vraie embrouille et j'ai l'impression que l'on va tous viser un peu au milieu.» Si Loïck Peyron ouvre la route, cette situation de premier de cordée ne semble donc pas l'empêcher de dormir et encore moins de se nourrir ou de dévorer les livres embarqués : « Je suis entrain de me faire chauffer des petits œufs au bacon … » déclarait le skipper de Gitana Eighty en ouverture de vacation, avant d'expliquer quelques minutes plus tard : « Je dois avoir une quarantaine de bouquins à bord et je lis beaucoup en ce moment ; ca fait du bien de s'aérer les méninges. Là je finis le 3ème tome de Millénium(trilogie à succès de l'auteur suédois Stieg Larsson, ndlr).Je dois dire que c'est assez génial et prenant comme livre, si bien que je traîne un peu pour sortir régler tellement je suis pris dans ma lecture.» Ces anecdotes démontraient qu'après l'ambiance « sauts de vagues » de ces derniers jours, la vie à bord du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild reprenait progressivement ses droits.

Classement du mercredi 26 novembre – 16 heures (heure française)
1. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 19 982 milles de l'arrivée

2. BT (Sébastien Josse) à 18,3 milles
3. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 40 milles
4. Brit Air (Armel Le Cléac'h) à 44 milles
5. PRB (Vincent Riou) à 56,9 milles
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