C'est par où la sortie ?
Il était attendu et surtout redouté … S'il n'offre pas en cet automne un format classique, le Pot-au-Noir réserve toutefois depuis hier son lot de petits airs et quelques grains aux premiers monocoques du Vendée Globe 2008-2009. Toujours aux avant- postes, le skipper de Gitana Eighty aura donc été le premier à en subir les affres, voyant sa vitesse « de croisière » chuter de manière vertigineuse. Derrière, les poursuivants de Loïck Peyron ne sont pas forcément mieux lotis – même si les partisans de l'Ouest comme Jean-Pierre Dick semblent moins ralentis - et chacun cherche maintenant la porte de sortie de cette fameuse Zone de Convergence Inter-Tropicale.

Un constat s'impose en cette journée du 20 novembre, l'entrée dans le Pot-au-Noir a opéré un réel regroupement en tête de flotte. Le matelas de milles sur lequel le monocoque armé par le Baron Benjamin de Rothschild pouvait s'appuyer n'a certes pas totalement fondu, mais il s'étiole petit à petit. Cependant, pas d'inquiétude chez Loïck Peyron qui profitait de la vacation quotidienne avec le PC Course parisien pour refaire le film de la nuit passée : « La nuit n'a pas été très rapide, tout comme la matinée … Je suis en plein dans les calmasses mais il y a plus malheureux que moi ! Ca avance par à coups. La nuit dernière j'ai eu des grains de pluie mais pas grand-chose, juste de quoi rincer le bateau. Le Pot-au-Noir que nous traversons n'est pas comme dans les livres, car à part quelques zones de ciel sur fond noir, je n'ai pas encore rencontré de surventes violentes. C'est plutôt lisse et surtout ce qu'il y a de plus étonnant c'est le bleu du ciel ». Pas un nuage à l'horizon donc pour le skipper de Gitana Eighty qui, malgré les caprices météorologiques du moment, poursuit sa belle trajectoire ; une stratégie qualifiée de « quasi parfaite » et qui force l'admiration des terriens tout comme des marins depuis le départ des Sables d'Olonne.

A ceux qui croyaient voir se produire un bouleversement complet dans la hiérarchie de ce tour du monde, le scénario du jour répond qu'il n'en est rien… pour le moment tout du moins ! 24 heures après l'entrée dans la Zone de Convergence Inter-Tropicale, chacun fait avec ce que les éléments imposent, à commencer par le déplacement intempestif du phénomène vers le sud. Pas question pour le skipper de Gitana Eighty d'y échapper : « C'est comme les canards, tout le monde fait du Sud en hiver ! Et oui, il s'est déplacé vers le Sud depuis hier et c'est bien ça tout le problème. La situation est incontrôlable et il faut faire avec ce que l'on a. » L'humour et la patience apparaissent alors comme les meilleures des armes face à l'insaisissable !

La communication du jour avec les marins n'aura pas livré grand secret, tant chacun sait qu'il faudra attendre la fin de cette « foire météorologique » pour compter les points. L'heure est au statu quo du côté des projections et à bord des 60 pieds Imoca, on cherche la sortie ou du moins tente-t-on de l'anticiper. C'est d'ailleurs avec le sourire et la pointe d'espièglerie qui le caractérisent que Loïck Peyron recevait ce midi la question à ce sujet : « La sortie ? Je n'en ai vraiment aucune idée ! Et je crois qu'il ne faut pas trop se faire mal à la tête … cela ne sert vraiment à rien. ». Cette sortie attendue devrait toutefois se faire sans trop tarder et avec l'Equateur qui se profile, pointe aussi la perspective des alizés de l'hémisphère Sud qui devraient permettre d'allonger à nouveau la foulée. « Le vent devrait revenir un peu brutalement pour tout le monde en même temps. Il est certain qu'il était plus avantageux d'être derrière sur ce coup là ! Mich* nous fait d'ailleurs un retour fulgurant. C'est super qu'il revienne comme ça dans le match tant pour lui que pour l'intérêt de la course. Mais attention le Pot-au-Noir est encore devant lui.»

En attendant de fouler les alizés de Sud-Est, la vie s'organise à bord du monocoque aux couleurs du Groupe LCF Rothschild et le thermomètre affiche toujours à la hausse. « Il fait 33°C à l'ombre et l'eau est toujours à 29°C. Malheureusement la baignade n'est pas possible : le bateau avance trop vite pour cela et moi je ne nage pas assez vite ». La vie des marins est parfois mal faite…

*Michel Desjoyeaux, contraint à un retour aux Sables d'Olonne dans les premières heures de course à cause de problèmes électriques et auteur d'une très belle remontée au sein de la flotte ces derniers jours.

Classement du jeudi 20 novembre – 16 heures (heure française)
1. Gitana Eighty (Loïck Peyron) à 21 024 milles de l'arrivée

2. BT (Sébastien Josse) à 21,8 milles
3. Paprec Virbac (Jean-Pierre Dick) à 23,7 milles
4. PRB (Vincent Riou) à 29,5 milles
5. Brit Air (Armel Le Cléac'h) à 38,9 milles
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