« Je me souviens … » par Loïck Peyron
Un tour du monde et qui plus est en solitaire, n'est pas quelque chose d'anodin !

Le 26 novembre 1989, Loïck Peyron figurait parmi les treize pionniers du premier Vendée Globe. Le 9 novembre prochain, 19 ans plus tard, il sera l'un des marins les plus confirmés sur la ligne de départ et surtout le seul des inscrits à avoir participé à la première édition.

« Ce genre de situation est une machine à raccourcir le temps ! Je me souviens encore très précisément de toutes les transats où j'étais le benjamin de la course … et aujourd'hui je suis le dernier des Mohicans. Ce statut ne me dérange pas, bien au contraire. La voile est un sport qui permet de s'exprimer longtemps et je trouve la longévité rassurante et agréable. »

Tous les quatre ans, la ferveur populaire déferle dans les rues des Sables d'Olonne. Passionnés de voile ou simples admirateurs de ces hommes et femmes qui prennent la mer, ces milliers de personnes se donnent rendez-vous.

« Quand Philippe Jeantot a annoncé la création du Vendée Globe, je lui ai tout de suite dit que je serai au départ. Je n'avais pas de bateau mais c'était un rêve … et puis, les premières fois m'ont toujours passionné. De cette première, je garde un grand nombre de souvenirs, dont celui de la sortie du port. Pour gagner le large, les solitaires doivent emprunter le chenal des Sables d'Olonne. Un chenal où des milliers de personnes sont agglutinées, juste pour nous saluer. C'est un moment très fort, émouvant mais aussi très difficile. Je me souviens avoir eu envie d'être le lendemain matin. »

En 1989, quelques semaines après le départ du premier Vendée Globe, au large du cap de Bonne Espérance, Philippe Poupon chavire. Se retrouvant bloqué, son bateau couché sur le flanc, il demande assistance. Loïck étant alors son plus proche concurrent, il fait route, suite à la demande de l'organisateur, pour venir prêter main forte à son compagnon.

« Ce sauvetage fait partie de mon histoire et je ne l'échangerais pour rien au monde, tout comme ma 2ème place derrière Titouan Lamazou. Ce sauvetage de Philippe Poupon, avant le Grand Sud fut un épisode assez perturbant, mais je crois que quelque part il m'a sauvé. Vous imaginez, voir le favori au tapis avant d'attaquer « l'enfer » ; ça donne à réfléchir ! Mais cela m'a vraisemblablement permis d'être plus prudent et plus lucide. C'était une prise de conscience importante pour la suite de ma course. »

Après de longs mois passés seuls en mer, les marins qui ont eu la chance de participer au Vendée Globe, accordent volontiers revenir changés …

« Un tour du monde et qui plus est en solitaire, n'est pas quelque chose d'anodin ! On pourrait comparer le Vendée Globe à une retraite ecclésiastique. L'aspect sportif peut parfois occulter les cogitations intérieures mais trois mois c'est long et ça laisse du temps pour penser. Cette course est pour moi révélatrice de personnalités. »

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