Tête à tête avec Loïck Peyron

Les avancées techniques

Les bateaux ne cessent d'évoluer et particulièrement dans la classe Imoca. Quelles sont les principales évolutions techniques ?« Les évolutions techniques sont énormes, que ce soit de mon premier Vendée Globe à aujourd'hui ou de la dernière édition à celle qui se prépare. Je pense évidemment aux matériaux, qui ont permis aux architectes et aux skippers de tomber dans le gouffre de la puissance. Mon envie de retrouver la barre d'un monocoque doit beaucoup à cette « révolution technologique ». C'est toujours passionnant d'évoluer avec son temps et de participer à cela. Mais plus que techniquement, d'une façon générale, c'est le niveau de préparation des bateaux et des hommes qui s'est métamorphosé. En 1989, nous étions trois pour préparer mon bateau, alors qu'aujourd'hui au sein du Gitana Team c'est une dizaine de personnes qui usent de tout leur savoir-faire et de leur expérience pour que Gitana Eighty soit fin prêt.»

La performance physique

Comment se prépare-t-on physiquement pour un tour du monde en solitaire de près de 90 jours ?« L'engagement physique a beaucoup évolué en quelques années et ces nouveaux monocoques sont bien plus exigeants. De mon côté, je ne fais pas vraiment de préparation physique en vue du Vendée Globe. Je crois bien plus en la gestion que l'on fait sur l'eau de son capital : pas de gestes inutiles et fournir le minimum d'efforts pour le maximum d'efficacité ; c'est plus ainsi que je vois les choses. Et je crois que j'ai réussi à me débrouiller pas trop mal ainsi pour l'instant.
Je pense que cette notion de gestion est encore plus efficace sur une longue durée. Les transats peuvent se révéler bien plus dures physiquement qu'un tour du monde. Il est en effet possible de manœuvrer plus souvent en une journée sur une transatlantique que durant une semaine entière sur un Vendée Globe. Mais là encore, Gitana Eighty a été pensé et conçu dans ce sens avec la mise en place du satellite ou encore les grandes ouvertures dans les cloisons pour faciliter le matossage. »

La solitude du marin solitaire

Comment gère-t-on la solitude et le solitaire ?« La solitude n'est jamais un problème avant et c'est toujours un soulagement après. Je n'ai pas de quête particulière de la solitude, elle fait tout simplement partie de notre discipline avec tous les inconvénients et les avantages que cela induit. J'aime par contre beaucoup la notion de passer dans des lieux quasiment vierges de toute civilisation.
Quant au solitaire, j'ai toujours aimé cela. Quand j'ai annoncé mon souhait de ne plus repartir seul en course sur un multicoque, beaucoup ont cru comprendre que je ne souhaitais plus faire de solitaire tout court. La chance qui m'est donné par le Baron Benjamin de Rothschild de participer au prochain Vendée Globe prouve bien le contraire.»

Vivre penché

Les monocoques sont des bateaux qui gîtent de 20 degrés 90 % du temps : comment s'adapte-t-on à une position si peu naturelle dans la vie courante ? « Les monocoques de dernière génération ont même une tendance à plus gîter que leurs prédécesseurs. Je crois qu'il est important d'anticiper les changements d'assiette du bateau et ne pas lutter contre, il faut utiliser l'énergie en question et ne pas la combattre. Car si l'on n'intègre pas ce changement, ce peut être une fatigue permanente. Je pense aussi que l'expérience aide beaucoup pour appréhender ce paramètre. Les aménagements du bateau sont également pensés pour nous faciliter la tâche. »

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