La Mer de Chine nous offre son visage d'été : petit vent léger de sud, en direct de l'Equateur, humidité générale et chaleur étouffante du milieu de matinée au début de soirée. Il nous faut tirer des bords vers le sud et s'approcher encore de l'Equateur, dans cette fournaise avec son eau chaude qui avoisine déjà les 30°C.

A partir de 11h, les barreurs – qui occupent la plus mauvaise place dans ces circonstances - se relaient plus souvent. Le soleil commence vraiment à faire mal et il leur faut user de mille ruses pour éviter de ramasser un coup de bambou trop violent : gants, tee-shirts manches longues et chapeaux de toutes sortes. On se croirait presque dans un concours de mode style « aventuriers équatoriaux »; ça vaut le détour !

A chaque manœuvre, les mouvements sont lents sous peine de perdre en quelques secondes quelques litres d'eau. Les places à l'ombre, comme l'entrée du cockpit ou sous la bôme, sont recherchées, d'autant que les bannettes sont limite praticables, même tous capots ouverts.

Dans la nuit, les conditions sont idéales mais une autre chausse-trappe nous attend. Dès que les fonds remontent, la mer s'éclaire de centaines de feux de pêcheurs qui s'accaparent l'espace sans aucun partage. Feux de navigation, radar, jumelles, compas de relèvement…  le quart de veille sort toute la panoplie de sécurité. Cela occupe une bonne partie de la nuit pour slalomer à coup sûr dans le dédale de filets dérivants. Impressionnant ! On se demande comment les poissons font pour survivre... à bord, nous appelons ça «la muraille de Chine».

Il va nous falloir encore quelques jours de cuisson et de patience avant d'attraper l'alizé d'Est qui souffle abondamment sur le nord de l'Océan indien jusqu'aux parages de la Mer de Java ; presque une semaine pour passer au sud de Bornéo dont le relief empêche l'établissement de l'alizé trop peu puissant. En octobre, avec le puissant flux de Nord-Est qui balaye la contrée, nous aurions été propulsés vers Java en 3 jours !

Dominic Vittet