« C'est un peu chaud ! Nous avons tout eu : des rafales à plus de 58 nœuds, des orages accompagnés d'éclairs et chargés de pluie … là, le vent s'est un peu calmé, il n'y a plus que 25 nœuds. Nous naviguons actuellement sous trinquette avec deux ris dans la grand voile, un peu sous toilé, mais l'état de la mer nous impose cette voilure » expliquait Lionel Lemonchois hier soir peu avant 23 heures. En effet, avec des creux moyens de 8 mètres, atteignant par moment les 10 mètres, la conduite d'un maxi-catamaran de 33 mètres relève de la haute voltige : « Nous faisons des surfs à 30 nœuds avec trois fois rien dessus. C'est impressionnant et surtout très exigeant pour les barreurs. Les heures qui viennent de s'écouler ont été stressantes pour tout le monde.» Dans ces conditions, il est difficile voire impossible de trouver le sommeil. Malgré tout, l'équipage a conservé son organisation de quart ; à l'exception près que compte tenu des nombreux réglages, les équipiers habituellement en stand by étaient sur le pont avec les hommes de quart.
Profitant de leur proximité avec le centre de la dépression, synonyme de vents plus faibles, l'équipage de Gitana 13 a procédé à un nouvel empannage cette nuit. Depuis, le maxi-catamaran a mis le cap au 290° puis au 270° pour s'extirper du centre et aller chercher la traine de la dépression. « Ils vont accompagner la rotation du vent, qui passera du Sud-Est à l'Est puis au Nord-est avant de se fixer au Nord dans la traine. La mer sera moins formée mais plus courte. En effet, c'est dans cette zone que règne le Kuro-Shivo – courant de sud-ouest équivalent du Gulf Stream le long des côtes Est américaines» précisait Sylvain Mondon de Météo France.
« Nous sommes dans la dernière ligne droite et il n'est pas question de précipiter les choses. Nous progressons prudemment en tentant de conserver au maximum le matériel » précisait le skipper de Gitana 13 fidèle à sa philosophie.
Pointant, à 9h30, à 271 milles de l'arrivée, le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild est attendu à Yokohama dans la nuit de mercredi à jeudi (heure française). Mais, pour Lionel Lemonchois et ses dix équipiers, tout dépendra de la négociation des derniers milles avant le Cap Nojima, qui marque l'entrée de la Baie de Tokyo. Puis, 30 milles de louvoyage seront alors encore nécessaires pour rejoindre la ligne d'arrivée, située dans le fond de la baie devant Yokohama (entre le phare de l'entrée de la Marina Hakkeijima et le phare blanc au sud du passage vers Hakkeijama, comme le stipulent les textes du WSSRC).