Deux jours de navigation sont au compteur des hommes de Lionel Lemonchois et déjà on constate un échantillon varié des conditions que propose le Pacifique Nord : le flux de Nord-Ouest puissant des premières heures laisse rapidement place à des vents moins soutenus dus au contournement d'une dorsale anticyclonique. Un affaiblissement de courte durée puisque quelques heures plus tard, l'anémomètre grimpe à nouveau à l'approche d'un front froid … tel pourrait se résumer le scénario météorologique de Gitana 13 depuis son passage sous le Golden Gate.
« Hier nous avons dû tirer un bord au Nord-Ouest le temps que le vent refuse suffisamment. Ces quelques heures au près serré n'ont pas été des plus agréables … nous avons planté quelques pieux ! » lâchait Lionel Lemonchois.
Dans ces conditions, il n'est pas aisé de dialoguer sur le pont et encore moins de trouver le sommeil lorsque le quart de repos arrive : « C'était impossible de dormir cet après-midi car une fois dans la bannette, avec les mouvements du bateau on passait notre temps à faire le ping-pong entre les cloisons. Heureusement, depuis le passage du front la mer s'organise peu à peu … ça tape déjà moins à bord de Gitana 13. Nous ménageons encore notre monture car le Pacifique n'est pas assez assagi pour nous permettre d'allonger la foulée. Mais nous tenons le bon bout ! » positivait le skipper de Gitana 13 alors que le maxi-catamaran reprenait peu à peu de la vitesse hier soir.
Désormais tribord amure, Gitana 13 file cap au 241 à la rencontre de son prochain système : une belle traîne qui descend du Nord-Ouest avec 30 nœuds de vent annoncés. L'ambiance humide est par conséquent toujours au programme des marins du Gitana Team pour les prochaines 24 heures.
Loin de la route directe
Dans cette traversée du Pacifique Nord, les hommes du maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild, sont engagés dans une course virtuelle contre le trimaran géant d'Olivier de Kersauson, actuel détenteur du record.
Ce matin, au pointage de 7h30, Lionel Lemonchois et son équipage possédaient une avance de 371 milles sur le temps de référence ; un chiffre qui s'explique en partie par le décalage latéral de Gitana 13 par rapport à Geronimo, lors de sa tentative 2006. En effet, les conditions de l'époque avaient amené « l'Amiral » à passer très au sud de l'orthodromie. Une route directe, qui comme nous pouvons le constater sur la cartographie, obligerait les marins qui s'attaquent à ce record à suivre une trajectoire très nord pour rallier Yokohama. Pure théorie… car dans les faits, les conditions météorologiques dictent un passage bien au sud de ce tracé idéal.