Une première nuit noire sans douceur

Nos cirés ruissellent d'embruns et de paquets de mer ; déjà ils sont complètement détrempés. Une première nuit tout feu tout flamme, c'est ce qu'il y a de bien avec les records puisque on a la latitude de choisir les bonnes conditions météos pour boucler les trois/cinq premiers jours de navigation. Pour une mise en jambe en douceur et en finesse, il convient de repasser.

Dès le Golden Gate Bridge franchi et le chrono déclenché,  Gitana 13 s'est cabré et a renoué avec des vitesses qu'il n'avait pas encore connues dans le Pacifique. Entre chien et loup, puis aux premières heures d'une nuit sans lune, sans étoiles, d'une encre bien noire, il a poussé des pointes à plus de 33 nœuds, chose que Gitana 13 n'avait plus fait depuis le passage du Cap Horn.

Travers à la lame, avec des creux bien creux de 4 à 6 mètres, cela secouait ferme à bord, avec vigilance maximum aux écoutes et à la barre. Mais ce qui nous a sans doute le plus surpris a été le froid : un froid bien vif, bien humide, totalement pénétrant. Une première nuit tonique qui contrastait totalement avec notre appareillage tout en douceur et en sérénité.
Après un dernier repas « diététique » (hamburger/frites/coca, la totale quoi !) pris sur le pouce au pied d'un ancien porte-avions de l'US Navy, transformé aujourd'hui en musée, nous avons largué les amarres comme prévu à 14 heures locales, puis tiré quelques bords au pied de San Francisco pour rejoindre le célèbre pont rouge. S'il n'y avait que peu de monde sur notre quai, un rien perdu au fond de la baie, celle-ci était en revanche remplie de voiles en ce samedi après-midi. Entre cornes de brume et saluts de la main, nous avons eu droit à un superbe au revoir. Maintenant, sus au Japon.

Nicolas Raynaud

Les contenus figurant sur ce site sont protégés par le droit d'auteur.
Toute reproduction et représentation sont strictements interdites.

Pour plus d'informations, consultez la rubrique mentions légales.
Saisissez au moins 4 caractères...