La Route de l'Or de Gitana 13, semaine après semaine
Gitana 13 a franchi la ligne d'arrivée de la Route de l'Or, située dans la Baie de San Francisco non loin de la célèbre île d'Alcatraz, à 18h07 (heure française). Après plus de 43 jours 38 minutes de mer, dans lesquels il faut compter les cinq jours et demi de stand by forcé au Cap Horn, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers améliorent le temps de référence détenu depuis 1998 par Yves Parlier et ses hommes de 14 jours 2 heures et 43 minutes. Le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild aura parcouru les quelques 16 398 milles (distance réellement parcourue sur l'eau) qui séparent New York de San Francisco à la vitesse moyenne de 15,88 nœuds et décroche le premier chrono de sa campagne de records 2008.
Semaine 1 (du 16 au 23 janvier)

Mercredi 16 janvier à 17h29 (heure française), Gitana 13 s'élance à l'assaut du premier record de sa campagne 2008 : direction San Francisco via le Cap Horn contre les vents dominants. La course de Lionel Lemonchois et de ses neuf équipiers démarre sur les chapeaux de roues dans un flux de Nord Nord-Ouest très instable en force.

Quatre jours après leur départ et suite à une course contre l'anticyclone des Bermudes, les hommes du Gitana Team atteignent les alizés soutenus de l'hémisphère Nord. « Ce début de record a été assez fatiguant car nous avons eu beaucoup de travail sur le pont pour exploiter au mieux le potentiel du bateau. » soulignait Léopold Lucet. Le premier Pot-au-Noir de cette aventure se fera très discret et laissera passer le maxi-catamaran armé par le Baron Benjamin de Rothschild « comme une fleur ». Le mercredi 23 janvier à 8h24 (heure française), moins d'une semaine après leur envol, Lionel Lemonchois et ses équipiers atteignent l'équateur. Ils réalisent une très belle performance et établissent un premier joli temps de référence en couvrant les 4 000 milles qui séparent New York et la ligne de démarcation des deux hémisphères en 6 jours 14 heures 52 minutes ! Quatre des dix marins du bord célèbrent leur premier passage de la « ligne ».

Semaine 2 (du 23 au 30 janvier)

Depuis leur passage de l'équateur, Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers ont du faire preuve de sang-froid et d'opiniâtreté. Car la semaine qui vient de s'écouler s'est jouée sur « un air d'accordéon » : la région tropicale chaude et humide brésilienne « pond » ses dépressions en quelques heures, venant ainsi bouleverser les prévisions et casser la belle mécanique alizéenne d'un jour à l'autre : vents mollissants, accélérations, zones de calme, passages de front, l'équipage de Gitana 13 est confronté tous les 300 milles à un système météo nouveau et différent jusqu'au sud de l'Argentine. « Depuis le Pot-au-Noir (dont ils sont sortis le 23 janvier dernier, ndlr), ce n'est pas facile ! Nous avons dû batailler avec des vents instables, tant en force qu'en direction, et déjouer les pièges de zones de grains puis de calmes… c'était un peu longuet ! » confiait Lionel Lemonchois. Mais la vitesse de déplacement du maxi-catamaran permettra aux hommes de Lionel Lemonchois  de rester évolutifs et de zigzaguer entre tous les pièges sud américains.

C'est au cours de cette deuxième semaine, que les dix marins du Gitana Team effectuent leur premier changement d'amure. Malgré de très nombreux réglages de voiles, le catamaran de 33 mètres aura réalisé ses dix premiers jours de mer sur un seul bord.

Semaine 3 (du 30 janvier au 6 février)

Gitana 13 progresse vers le Sud, au large des côtes argentines, et plus le maxi-catamaran descend plus les conditions hostiles de la pointe sud-américaine se profilent. « Le coup de vent, de 40 à 45 noeuds de Sud-Ouest, qui nous cueille le long des côtes au nord de la Terre de Feu n'est qu'un avant goût de ce qui nous attend … Depuis quelques jours déjà, nous scrutons avec Sylvain les prévisions de vent et surtout de mer tout autour du Horn. Pour s'engager,  il faut une fenêtre de 60 heures minimum pour couvrir les 1000 milles qui nous sépare du 45° Sud et échapper à coup sûr au déchaînement de la prochaine dépression » expliquait Dominic Vittet.

Le Cap Horn constitue l'une des difficultés majeures de ce record entre New York et San Francisco. Et cette année, les conditions météorologiques qui régnaient début février alentours du célèbre rocher ont contraint Lionel Lemonchois et ses solides neuf équipiers à rebrousser chemin pour attendre la clémence des lieux et espérer un passage vers le Pacifique. Initialement prévu dans la journée du samedi 2 février -  le jour de l'anniversaire du « Capitaine » Lemonchois !- le salut de la mythique falaise noire n'aura lieu que quelques jours plus tard…

Semaine 4 (du 6 au 13 février)

Après 5 jours et demi d'errance à l'abri des rivages de la Terre de Feu - où les hommes de Lionel Lemonchois auront tout de même subi des rafales de plus de 65 nœuds à sec de toile ! -, le feu passe au vert pour reprendre une expression de Nicolas Raynaud. Au terme de 120 milles musclés dans une mer particulièrement formée depuis le Détroit de Le Maire, Gitana 13 double le Cap Horn d'Est en Ouest le vendredi 8 février à 00h54 (heure française), 22 jours 7 heures 25 minutes après son départ de New York. Le maxi-catamaran armé par les Baron Benjamin de Rothschild compte alors six nouveaux cap-horniers ! Un honneur que Lionel Lemonchois comptait déjà depuis de longues années. « Sous ORC et trois ris, nous voilà à tirer des bords dans le détroit de Le Maire que nous embouquons pour la troisième fois en cinq jours. La mer est encore grosse, mais heureusement, comme prévu, le vent et la mer iront en décroissant. C'est à 23h54 TU que nous croiserons enfin dans le sud de l'île Cabo de Hornos. Reste que nous sommes bien passés dans un « trou de souris » et que ce créneau, il ne fallait pas le manquer sous peine d'attendre encore quatre à cinq jours de plus» expliquait Nicolas Raynaud.

Et si le Horn marque la mi-parcours, cela signifie aussi la fin de l'Océan Atlantique et le début de l'immense Océan Pacifique pour les dix hommes d'équipage de Gitana 13 ; des eaux hostiles, méconnues et craintes par les marins qui y ont croisé un jour. Lionel Lemonchois et ses équipiers y feront une entrée musclée.

Semaine 5 (du 13 au 20 février)

« Quatre semaines dans le sillage, déjà, seulement, on ne sait plus très bien … La seule chose que l'on sache vraiment est que San Francisco est encore loin ! Si dans la première partie de notre parcours, nous n'avons fait quasiment que de la route « utile », cette remontée vers le but ne permet pas une telle efficacité. Hier, nous avons parcouru quelques 500 milles, mais avec un gain positif de seulement 395 milles » pouvait-on lire dans le commentaire du bord du 13 février. Cette cinquième semaine de mer sera marquée par le contournement de l'Anticyclone de l'Ile de Pâques, que l'équipage de Lionel Lemonchois choisi de parer par l'Est. C'est dans un flux de Sud-Est modéré que les dix marins grimpent vers l'hémisphère Nord au gré des empannages.  Quelques jours sous grand gennaker et sans trop d'action sur le pont qu'ils qualifieront de reposants avant d'aborder le Pot-au-Noir Pacifique.

Le maxi-catamaran aux couleurs du Groupe LCF Rothschild, franchit l'équateur le mardi 19 février à 1h56 (heure française), 33 jours 8 heures et 27 minutes après avoir doublé le Phare d'Ambrose, qui balise l'entrée du port de New York. « Il y a eu la statue de la Liberté, l'équateur, le cap Horn, à nouveau l'équateur, il ne reste plus que le Golden Gate Bridge » s'amusait Lionel Lemonchois lors de ce retour dans l'hémisphère Nord, après avoir navigué plus de 26 jours la « tête à l'envers » !

Semaine 6 (du 20 au 27 février)

Si la Zone de Convergence Inter-Tropicale Atlantique s'était montrée plus que clémente avec l'équipage de Gitana 13, son homologue Pacifique a lui donné du fil à retordre aux hommes de Lionel Lemonchois. Pensant s'en être sortis le 21 février, les dix marins se font rattraper par ses calmes et mettront près de deux jours à s'extraire définitivement de ce front équatorial.

Mais les derniers milles qui séparent encore le maxi-catamaran de sa destination finale ne seront pas non plus une promenade de santé : des bords de près - une allure qui ne sied guère à Gitana 13 - en bordure de l'Anticyclone californien viendront rythmer la route qui mène à San Francisco. Mardi 26 février, à moins de deux jours de leur arrivée, Lionel Lemonchois et ses équipiers se trouvent pris en étau entre deux situations météorologiques bien contrastées et n'ont d'autre alternative que de zigzaguer de l'un à l'autre : « Dans notre Ouest il y a une bulle anticyclonique synonyme de vents faibles alors que dans notre Est s'est formé un couloir de vents plus soutenus le long des côtes. L'enjeu de ces dernières 24 heures est de jouer successivement avec ces deux phénomènes. La route directe nous guide vers le Nord, mais dès que ça mollit trop nous virons de bord pour retrouver plus de pression, puis dès que le vent forcit nous remettons le cap vers la bordure de l'anticyclone… et vice versa » résumait Dominic Vittet depuis la table à cartes du maxi-multicoque.

Jeudi 28 février

Le jour est levé depuis quelques heures lorsque les étraves de Gitana 13 glissent sous le Golden Gate Bridge. Deux milles et demi plus loin se dressent l'île d'Alcatraz et sa célèbre prison. Le maxi-catamaran franchit la ligne d'arrivée de la Route de l'Or à 18h07 (heure française) et Lionel Lemonchois et ses neuf équipiers établissent un nouveau record entre New York et San Francisco en 43 jours 38 minutes ; le premier du catamaran de 33 mètres sous les couleurs du Gitana Team.

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