Histoires de temps

Nous sommes aujourd'hui dans notre 40ème jour de navigation sur la grande bleue. Autant vous dire que pour la plus grande majorité d'entre nous, sept sur dix exactement, nous avons battu largement notre temps passé jusqu'alors en mer. Il est rare d'affronter des parcours aussi longs, la seule exception venant des tours du monde non stop. Lionel Lemonchois, Ludovic Aglaor et Florent Chastel étaient ensemble sur Orange 2 lors du Trophée Jules Verne en 50 jours et des poussières. Mais la palme du « plus de temps en mer » revient cependant haut la main à notre skipper. Sur cette même Route de l'Or en 1994, sur le monocoque skippé par Isabelle Autissier, Lionel avait décroché ce record en 62j 5h 55' !

Reste que le temps en mer est un concept bien abstrait. Il y a six jours, nous passions l'équateur, six jours que nous n'avons pas vu passer. Cela n'avait pas été le cas lors de la remontée au portant le long de l'anticyclone de Pâques. Là en effet, alors que les conditions de navigation étaient « idylliques », les jours nous avaient paru s'étirer en longueur. L'inaction sans aucun doute, car depuis que cela bouge à nouveau, comme ce week-end avec une belle navigation au près serré sous un ciel d'une incroyable pureté, les quarts filent à nouveau à vitesse grand V.

Ce 40ème jour de mer est également l'occasion de saluer notre passage symbolique sous la barre des 1 000 milles restant à parcourir pour franchir la ligne d'arrivée située, non pas sous le Golden Gate Bridge, mais au pied de la non moins célèbre prison d'Alcatraz. Cet îlot au milieu de la baie de San Francisco, lieu de visite touristique, nous espérons l'atteindre dans la journée du jeudi 28 février. Avec 700 milles parcourus lors des dernières 48 heures et des conditions de navigation qui s'annoncent similaires, nous pourrions prétendre l'atteindre plus tôt. Mais voilà, avec ce vent de secteur nord d'une quinzaine de nœuds, la ligne droite nous est proscrite. Pour rejoindre notre destination, nous allons devoir tirer des bords, donc nous rallonger la route. Nous ferons tout pour arriver au plus vite, cela ne nous empêchera pas de profiter pleinement des derniers jours d'un si beau et long voyage.

A demain
Nicolas Raynaud

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