Plus vite que les routages

Hier a été notre meilleure journée depuis le passage du Horn, tout simplement. 400 milles de gain vers le but, mais plus de 520 milles effectués sur la grande bleue .Une bonne journée, avec aucun changement de voiles, la seule manœuvre consistant à exécuter des empannages pour rester dans la bonne veine de vent générée par l'anticyclone de Pâques. A l'image du Pacifique, qu'il est grand cet anticyclone, qu'il est long à contourner mais l'important est qu'on « explose » toutes  les prédictions de routage. Nous sommes en avance sur eux, ce qui est toujours bon signe puisque ce logiciel passe à la moulinette les champs de vent des jours à venir avec les performances (les polaires de vitesse) de Gitana 13. Ce savant calcul informatique délivre alors la meilleure route à suivre pour exploiter au mieux les conditions de vent que nous sommes censés rencontrer.

Du coup, Nuage Mort vient de gagner le droit de s'appeler Grand Nuage Mort. Il faut dire que ce surnom va comme un gant à notre navigateur Dominic Vittet. Il fait partie de ces personnages qui aiment parler avec leurs mains. Dans l'espace, il ne cesse de positionner d'une main un centre d'anticyclone, de l'autre une courbe isobarique qui se transforme en direction de vent, les mains se mouvant  alors en un étrange ballet représentant tour à tour des dorsales, des fronts et autres champs de vent. Ce langage des signes, un sourd et muet n'y comprendrait rien et nous non plus parfois. Mais comme Grand Nuage Mort est également un grand bavard, on acquiesce tous en cœur sinon cela n'en finirait pas.

Comme cela, les journées passent, avec du gris ou du bleu dans le ciel, des levers et couchers de soleil plus ou moins brillants mais qui sont à chaque fois un spectacle à part entière. Mais hier le fait du jour a été incontestablement  le passage sous le vent de deux « cailloux » perdus au milieu de tout ce vide car situés à 500 milles de la côte chilienne. Nous sommes passés tout prêt des îles San Ambrosio et  San Felix. Cette dernière, la plus grande avec ses deux milles de longueur, était bardée d'antennes, de petites cases et d'une piste d'atterrissage. Certainement une base militaire doublée sans doute d'une station météo. Ce bout de terre sans arbre ni végétation apparente ne donnait nulle envie de s'arrêter, ce qui ma foi tombait fort bien.

A demain

Nicolas Raynaud

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