La phase de préparation des trimarans a demandé du temps et de l'énergie aux skippers. Et à leurs côtés, toute une équipe technique s'est mobilisée pour adapter les multicoques à cette transat particulière et répondre à la demande spécifique de chaque solitaire. Un travail qui a pris plusieurs semaines, voire plusieurs mois, en alternance avec des sorties en mer pour valider la plate-forme. Les derniers jours à Saint-Malo consacrés à l'optimisation des derniers détails techniques sont aussi la semaine de toutes les sollicitations, une atmosphère singulière qui n'est pas sans déstabiliser parfois les esprits les plus sereins. L'heure du départ approche et le mental du solitaire doit commencer à se mettre en phase avec l'océan tout en répondant à des questions très terre-à-terre : une acrobatie intellectuelle particulière… Un multicoque s'apparente tout de même à un train à grande vitesse, circulant sur une voie défoncée sans arrêt aux stations, pendant dix/douze jours avec un seul pilote qui doit surveiller le trafic, gérer les aiguillages, assurer le service de restauration et l'entretien des machines…

Ne pas prendre le train en marche 

En fait, l'essentiel pour les jours avant le départ consiste à valider une dernière fois les systèmes de communication, d'informatique et d'électronique des bateaux. Au sein du Gitana Team, il y a toujours à bord un boat captain et son assistant : William Fabulet et Sébastien Thetiot pour Gitana 11, Léopold Lucet et Richard Loncle pour Gitana 12. Ceux ci s'occupent essentiellement des dernières « bidouilles » à effectuer à bord, aux côtés de Richard Bastide, le spécialiste des systèmes embarqués du team (Inmarsat, Iridium, Fleet, envois d'images...). Il faut en effet que les solitaires s'imprègnent parfaitement des processus instrumentaux pour que l'accès devienne très rapide afin de perdre le moins de temps possible un e fois la ligne de départ franchie.  Pour les deux Gitana pendant les quatre derniers jours avant le départ, une réunion est organisée chaque matin pour analyser les fichiers météo avec les skippers Lionel Lemonchois et Thierry Duprey du Vorsent, en compagnie de Sylvain Mondon de Météo France et des « routeurs », Mayeul Riffet et Yann Guichard, qui suivent les bateaux de la terre, et de Loïck Peyron qui supervise la stratégie du Gitana Team.
La bonne nouvelle de ces derniers jours à Saint-Malo pour tous les skippers, c'est que les conditions météorologiques pour le départ seront très maniables bien que peut-être scabreuses et aléatoires. En effet, la brise devrait rester assez molle et variable pour « démancher » (sortir de la Manche), et, jusqu'aux Açores, il semble que la trajectoire soit plutôt rectiligne et obligatoire. L'ambiance autour du bassin Vauban est donc sereine car il n'y a pas cette épée de Damoclès d'une méchante dépression dès la sortie de la Manche comme il y a quatre ans ou lors des éditions précédentes. Cette prévision modifie aussi la façon de se préparer mentalement… Les solitaires sont déjà dans le bain et il n'y aura pas de douche froide avant de partir sur l'eau !

Top départ !

Pour le départ, deux pneumatiques du Gitana Team seront sur l'eau et trois équipiers embarqueront à bord des bateaux jusqu'aux dix minutes avant le coup de canon du départ : ils débarqueront après avoir envoyé les voiles et effectué les derniers réglages pour aider le skipper. Comme la majorité des autres équipes techniques, le Gitana Team a armé deux camionnettes avec deux pneumatiques qui partiront à 15h00 dimanche pour rallier Perros Guirec afin d'organiser un PC d'intervention s'il s'avérait qu'un bateau doive s'arrêter. L'idée étant de pouvoir réduire au minimum le détournement du bateau et la durée de l'escale. L'équipe peut ramener en un temps très court une voile de rechange, une pièce d'accastillage, changer un équipement électronique ou un pilote défectueux…
Une fois le trimaran sorti de la Manche, l'équipe technique reste en stand-by pour intervenir à l'extérieur, c'est-à-dire à la pointe de l'Espagne, au Portugal ou aux Açores : Jean, Olivier, William et Léopold forment ainsi un « commando » capable de résoudre la majorité des problèmes techniques.
A terre pendant la course, un météorologue récupère tous les jours les fichiers et collecte des informations venues du monde entier pour avoir un panel de sources le plus diversifié possible. L'équipe « routage à terre » détermine alors, avec le skipper, une stratégie générale en prenant en compte la position des autres concurrents. Elle suggère, par exemple, des « portes virtuelles » à franchir par le skipper en un temps donné, pour indiquer s'il vaut mieux chercher à aller vite ou privilégier le respect d'un cap précis.
Le solitaire peut appeler 24h/24h l'équipe à terre par l'intermédiaire de son correspondant attitré pour toute intervention concernant le bateau ou la situation météo réelle sur l'eau. Mais les contacts téléphoniques sont principalement dans le sens « mer-terre » pour ne pas perturber le skipper qui doit forcément casser son rythme pour répondre à un appel à l'intérieur du trimaran.

Restent ensuite la dernière la ligne droite et l'arrivée en Guadeloupe à gérer…

L'équipe à terre du Gitana Team :

*Loïck Peyron, directeur général et stratège
*Jean Le Huérou-Kérisel, directeur technique
*Cyril Dardashti, directeur administratif
*Olivier Wroczinski, opérations spéciales
*William Fabulet et Sébastien Thetiot, équipe technique Gitana 11
*Léopold Lucet et Richard Loncle, équipe technique Gitana 12
*Laurent Rivals, logistique
*Jean-Pierre Trottet, Daniel Le Digabel, Marie Dixneuf, suivi chantier et interventions
*Richard Bastide, systèmes embarqués
*Benoît Piquemal, responsable électronique
*Sylvain Mondon, météorologue
*Yann Guichard, correspondant à terre de Gitana 11
*Mayeul Riffet, correspondant à terre de Gitana 12