Interview de Loïck Peyron
Le trimaran Gitana 12 a quitté hier matin, mercredi 18 octobre, le port de la Trinité sur Mer direction Saint-Malo, tandis que Gitana 11 prenait la mer un peu plus tard dans l'après-midi. Dernière ligne droite et surtout dernières navigations pour Thierry Duprey du Vorsent et Lionel Lemonchois avant le départ, le 29 octobre prochain, de la Route du Rhum / La Banque Postale, la 8ème édition de cette transatlantique en solitaire.
Loïck Peyron, Directeur général du Gitana Team, 6 participations à la Route du Rhum :

La préparation ? « Pour une course en solitaire, l'essentiel reste la fiabilité et non la vitesse pure. L'idée est d'avoir le moins de choix possibles pour limiter les problèmes et les interrogations. Pendant que les deux skippers étaient en formation « survie », je suis sorti avec l'équipe technique sur chacun des trimarans pour valider aussi les points névralgiques, afin d'avoir une vision extérieure de la préparation et de la fiabilité des bateaux. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur le matériel à embarquer : lattes, poulies, caisse à outils… pour, là encore, réduire la part de choix. Alterner les grandes navigations en solitaire et les sorties courtes pour effectuer des manœuvres, pour tester le matériel, pour se mettre en situation de réactivité ou pour accumuler les automatismes, est nécessaire. Et il faut constater que les solitaires d'aujourd'hui ont beaucoup plus navigué en configuration Route du Rhum que lors des éditions précédentes. Pour Thierry qui était novice en solitaire, il a fallu qu'il sorte plus longtemps pour appréhender la gestion du sommeil, pour acquérir un rythme, car c'était une réelle découverte pour lui… »

Le suivi de la course ? « Notre façon de fonctionner avec deux skippers en mer (Lionel Lemonchois et Thierry Duprey du Vorsent), moi, ancien solitaire, désormais à terre (Loïck Peyron) et une équipe technique étoffée, est très enrichissante puisque nous n'avons ni le même bagage, ni la même approche. Cela permet d'aborder des problèmes qui auraient été omis ou ignorés. Ainsi les solitaires seront très bien assistés à terre avec un météorologue (Sylvain Mondon de Météo France) épaulé par un « sherpa » pour chaque bateau (Mayeul Riffet pour Gitana 12 et Yann Guichard pour Gitana 11) avec moi-même en superviseur stratégique. Nous recevrons tous le journal de bord des deux Gitana, toutes les demi-heures avec vitesse, cap, pression atmosphérique… Il y aura donc une vision tactique pour chacun des Gitana et une vision globale par rapport à la flotte des trimarans. »

Le solitaire ? « C'est la capacité de continuer à aller vite en faisant le travail d'un équipage. Il faut donc être très affûté sur les réglages et sur le fonctionnement du pilote automatique. De là, découle le cycle du sommeil, la fatigue, la réactivité… Les réglages en solo sont plus complexes parce que « contre nature », moins performants, plus sécurisants. Concernant le rapport terre-mer, à bord, le solitaire est à l'affût des informations qui arrivent de la terre. En revanche, il est important d'apprendre à les trier, les gérer et surtout les relativiser pour ne pas les subir et s'en tenir à une stratégie générale susceptible d'évoluer malgré tout mais uniquement si cela est vraiment nécessaire. Il est important de ne pas la remettre en question à chaque pointage. Ce n'est pas facile d'éviter le couperet des flots de courriers électroniques qui a tendance à rythmer la journée. Apprendre à se détacher des informations terrestres et des autres concurrents est un gros atout... »

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