Trapani Grand Prix : Première !
Les trois trimarans inscrits au Trapani Grand Prix, 3ème épreuve de la Multi Cup Cafe Ambassador, ont quitté le quai ce matin sous un ciel voilé et obscur. Suite aux annulations d'hier, c'est aujourd'hui le lancement officiel de ce rendez-vous inédit pour les multicoques.

Sur le ponton au départ, les mines sont réjouies de pouvoir enfin en découdre mais on sait aussi que la journée risque d'être longue, éprouvante voire violente. Au programme, 3 ou 4 manches en fonction des conditions qui s'annoncent, une fois de plus, musclées !

Antoine Mermod, équipier à bord de Gitana 11 :

« Hier les manches ont été reportées parce qu'il y avait trop de vent avec des rafales à plus de 50 nœuds annoncées dans l'après-midi. La règle est claire, elle dit que au dessus de 27 nœuds de vent réel sur la zone, on ne prend pas de départ en Grand Prix. Aujourd'hui le vent est prévu entre 20 et 25, jusqu'à 30 nœuds sous les grains, donc on sera encore en limite haute avec des conditions de navigation difficiles. Ce qui ne va pas être facile parce que quand il y a beaucoup de vent, il y a aussi beaucoup de mer et elle risque d'être toujours très forte aujourd'hui car elle met beaucoup plus de temps à s'atténuer ! »

La difficulté d'une navigation dans ces conditions ?

« C'est déjà ne serait-ce que de tourner, pour virer de bord ou même empanner ! Avec leurs 3 coques, les trimarans sont difficiles à manier sur les virements mais quand il y a de la mer, ça devient mission impossible. Le bateau s'arrête face au vent et se retrouve, sans vitesse, bloqué. On part en marche arrière avec les vagues qui nous poussent et toute la difficulté est de relancer la machine avec des manœuvres au millimètre ! Le plan d'eau est aléatoire avec des vents oscillants. A 20 mètres près les différences peuvent être de taille alors aujourd'hui, plus que jamais, le tacticien aura un rôle très important. Ca risque d'être une journée assez bizarre et ce n'est pas forcément le plus rapide qui va gagner ! » reprend Antoine.

Point de vue confirmé par le tacticien du bord, Daniel Souben, qui revient sur son rôle : anticipation, observation et contrôle !

« Pas facile pour le tacticien aujourd'hui… les conditions s'annoncent très instables en force et en direction. A 3 bateaux, c'est plus du contrôle que de la  régate  à options. C'est compliqué puisque qu'avec les passages de grains annoncés, le vent va changer très, très vite… ce ne sera pas simple de contrôler ses adversaires dans des conditions qui pourront être très différentes d'un bateau à l'autre ! Il faudra anticiper sur les rentrées de grains rapides et sur les différentes variations. »

Stratégie ? Tactique ?

« Sur des régates stratégiques on tire moins de bords. Avec ces bateaux, les virements sont très pénalisants car en vitesse, la relance n'est jamais très facile. On essaye d'anticiper à moyen terme sur l'évolution du vent et en fonction de ces analyses, on choisit une partie du plan d'eau et on essaye de s'y tenir. Sur des options plus tactiques, le côté du plan d'eau reste important bien sûr, mais l'essentiel est de réussir à garder l'avantage sur ses concurrents directs. On fait du marquage plus serré, on essaye de se placer du côté où le vent va rentrer mais c'est beaucoup plus au contact, un marquage à un contre un !» poursuit Daniel.

Le binôme barreur / tacticien

« Le barreur se concentre sur la marche du bateau avec ses régleurs. Et le tacticien s'attache plus à l'observation du plan d'eau et des concurrents et à l'évolution du vent. Il annonce les prochains virements, les différentes manœuvres envisageables… s'il faut temporiser ou au contraire attaquer. Il communique un maximum d'informations au barreur et à l'équipage, pour que tout le monde soit en alerte, mais c'est le barreur qui fait ses choix en fonction de ses sensations. »

Frédéric Le Peutrec, skipper-barreur de Gitana 11 :

« Ca va être super chaud, il y du vent, un ciel actif avec des grains qui risquent d'être forts. Le fond de vent est déjà élevé, autour de 20 nœuds, et 30 sous les grains. Et surtout il y a encore de la mer en place. Donc je pense que ça va être violent pour les bateaux, violent pour les hommes. C'est humide et instable à bord. Bref épuisant physiquement ! On a prévu de faire 3 manches et la 4ème est soumise à l'approbation des 3 bateaux en fonction de l'état des troupes ! Il faut savoir que dans ces conditions, c'est très puissant, tout est bordé à fond sur le bateau, ça bouge beaucoup, c'est violent, on prend des paquets d'eau dans la figure… Les manœuvres se font du coup forcément au maximum du vent qu'on peut accepter avec cette surface de voiles. Donc c'est très énergisant pour l'équipage qui se donne beaucoup et est très sollicité. »

        
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