L'insoutenable légèreté de l'air
La météorologie n'est pas une science exacte, particulièrement pour prédire les conditions de navigation en Méditerranée. La situation ce samedi matin est bien là pour le rappeler : les deux Gitana sont plantés dans des calmes, tous comme les trois leaders, désormais à portée d'étrave. Il va falloir prendre son mal en patience à bord car l'évolution n'est pas particulièrement favorable pour les grandes vitesses.

Après les accélérations à plus de trente nœuds, voici les décélérations à moins de cinq nœuds ! De quoi confirmer une nouvelle fois le contraste de la navigation en multicoque mais aussi la différence sensible entre un Atlantique relativement facile à prévoir «météorologiquement» parlant et une Méditerranée pour le moins aléatoire. De fait, les cinq trimarans de tête sont englués dans de petits airs, heureusement contraires car même si la route est plus longue quand il faut tirer des bords, au moins le plus petit souffle se transforme-t-il en progression : cinq nœuds de vent au près, cela fait au moins huit nœuds de vitesse ; cinq nœuds de vent portant, cela fait difficilement trois nœuds de vélocité… C'est la loi du vent apparent !

A 600 milles de l'arrivée, on peut envisager différents scénarios, surtout que les écarts entre le trio leader (Groupama 2, Banque Populaire et Géant) se résument à peu de choses avec les deux Gitana, le Onze à 25 milles et le Douze à 50 milles. Et l'air de rien, le Gitana Team a grappillé 10 et 30 milles en 24 heures… Reste qu'il faut maintenant profiter de chaque risée, multiplier les virements de bord face à une brise instable et variable, se projeter dans l'avenir pour tenter de comprendre ce que la météo annonce. La route est longue pour Nice et les chemins pour y arriver au plus vite sont loin d'être tracés !

Frédéric Le Peutrec à bord de Gitana 11 à 8h30 ce samedi 13 mai :

« Nous sommes à l'arrêt ce matin. Il n'y a rien, pas de vent ! Et en plus, il y a du clapot… C'est moins que rien depuis une demi-heure. Et nous allons avoir normalement du petit temps avec des vents contraires jusqu'aux Baléares et de moins en moins de brise au fur et à mesure que nous remontons vers Nice ! Cela va être très long… Au moins jusqu'à mardi après-midi. Mais tout le monde est dans la même galère. Avec ces conditions, on va là où on peut : on ne peut pas tenter une option avec aussi peu de vent et cela nous oblige pour l'instant à rester le plus proche de la route directe, comme tous les autres. C'est vraiment la Méditerranée telle que je la déteste car nous n'avons pas d'opportunité… Nous avons bien navigué la nuit dernière avec quelques rentrées de brise et nous ne sommes plus très loin des leaders. Le passage de Gibraltar n'a pas été trop venté mais tout de même, il a fallu naviguer sous deux ris et trinquette, le long des côtes marocaines où il y avait moins de mer et moins de courant. On a tout de même viré neuf fois avec jusqu'à 32 nœuds de vent. Pas de casse, c'est bien !  Les fichiers nous indiquent que nous devrions avoir 20 nœuds et ce n'est pas du tout le cas… Et en plus, ils annoncent du vent mollissant : en partant de zéro, ça ne fait pas beaucoup à venir… Tu peux venir le vent, on est prêt ! Il faut que nous nous rapprochions de la côte pour bénéficier des brises thermiques du jour mais pas trop car il n'y a pas de vent tout près des rivages. Bref, tout ça est bien compliqué. Les prévisions nous font faire vingt virements entre Ibiza et Majorque ! Ce n'est vraiment pas clair du tout et côté option, ce n'est pas le moment. Enfin, l'aspect positif, c'est qu'on peut se reposer. Mais la journée s'annonce très chaude. Il faut rester zen… »

Léopold Lucet, boat-captain sur Gitana 12 à 13h00 :

« Ca se passe hyper bien… on a même retrouvé du vent. On a un bon rythme. Les écarts se resserrent et on a définitivement une carte à jouer : on est dessus et franchement on est à bloc ! On est très content de Gitana 12, c'est  un bateau marin et sain. C'est très prometteur pour la suite. Nous n'avons pas eu de souci technique depuis le départ… on a ouvert que deux fois la trousse à outils, c'est plutôt bon signe ! Le bateau est top préparé, un grand coup de chapeau aux équipes de préparations du Gitana Team. Jusqu'à la veille du départ, on a bossé sur le bateau et ça a porté ses fruits. Aujourd'hui on apprend à connaître Gitana 12, on a des sensations incroyables et surtout on est plus qu'à 50 milles des leaders… on y croit ! »

Equipage Gitana 11

Frédéric Le Peutrec (skipper-barreur), Baron Benjamin de Rothschild (régleur) , Frédéric Guilmin (navigateur), Daniel Souben (barreur-régleur), Ronan Le Goff (plage avant), Antoine Mermod (piano-régleur)

Equipage Gitana 12

Thierry Duprey du Vorsent (skipper-barreur), Erwan Le Roux (barreur-régleur), Mayeul Riffet (navigateur), Alexandre Marmorat (régleur), Nicolas Raynaud (régleur), Léopold Lucet (plage avant)

    
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