Un parcours très technique
Dans moins d'une semaine maintenant, le 8 mai prochain, Gitana 11 et Gitana 12, les deux trimarans armés par le Baron Benjamin de Rothschild, prendront le départ de la course Londres / Alpes Maritimes. Cette épreuve ouvrira la saison de la Multi Cup Café Ambassador, le nouveau format du Championnat Orma.

Les deux skippers des Gitana, Frédéric Le Peutrec et Thierry Duprey du Vorsent, actuellement en convoyage vers Londres, analysent les spécificités de ce parcours inédit de plus de 2 500 milles, entre bancs de sable et îles, caps et détroits, Manche, Atlantique et Méditerranée. Un ensemble de séquences météorologiques très différentes qui vont, en permanence, relancer la course…

Commencer la saison par une épreuve off-shore est toujours difficile, surtout après un grand chantier hivernal où les trimarans ont subi de véritables opérations chirurgicales ! Gitana 11 a ainsi vu découpé tout son fond de coque pour en voir greffer un autre plus volumineux. Cette modification devrait optimiser l'évolutivité du bateau. Sans compter l'installation d'une nouvelle dérive, les modifications du cockpit, la stratification d'un ballast… Mis à l'eau il y a tout juste un mois, le trimaran bleu a déjà pu se comparer à ses concurrents et en tirer de premiers enseignements : le bateau est nettement plus évolutif mais manquait d'appuis contre le vent, un défaut déjà cerné et résolu puisque le trimmer (volet arrière de la dérive) a été rigidifié ces derniers jours.

Du côté de Gitana 12, le chantier a été encore plus important puisque l'ex-Bonduelle a été entièrement remis à blanc, décapé, dépouillé de son accastillage et optimisé : nouveaux foils, agrandissement du cockpit, nouveaux safrans, adaptation du mât de Gitana 11… Mis à l'eau à la mi-avril, le trimaran blanc n'a pas pu s'entraîner autant que son équipage le désirait mais le résultat est convaincant comme l'ont démontré les quelques essais réalisés en compagnie de Gitana 11. Les deux bateaux sont partis ensemble de La Trinité/mer hier, lundi 1er mai en fin d'après-midi. Ce départ commun va permettre aux deux équipages de se caler avant le départ du premier rendez-vous de la saison.

Thierry Duprey du Vorsent, skipper de Gitana 12 :

« La saison dernière, en partant de Lorient pour rejoindre Nice, nous entrions tout de suite en Atlantique, donc avec un champ de possibilités stratégiques assez ouvert. Cette fois, au départ de Londres, il va d'abord falloir gérer une zone délicate sur le fleuve avec les courants, les bancs de sable, le trafic maritime : c'est une zone que nous ne connaissons pas très bien, mais nos concurrents non plus ! Ensuite, c'est un bout de Mer du Nord et surtout la Manche avec en cette période de l'année, une forte probabilité que sa traversée sera musclée… Même si la route directe s'annonce comme la plus logique, il y a tout de même des passages tactiques et des choix importants : passer entre les îles anglo-normandes ou au large, le long des côtes bretonnes ou plutôt côté Angleterre, à l'intérieur de Ouessant… Il y a donc déjà des options à prendre et la possibilité de créer un décalage par rapport à la flotte. En plus de ces aspects stratégiques, il faut aussi prendre en compte la sollicitation de l'équipage et préserver le matériel : les premières 24-36 heures imposeront certainement que tout l'équipage soit sur le pont, car il faut aussi veiller aux rails de cargo, aux pêcheurs. Et une fois passée la pointe Bretagne, il peut y avoir un passage de front, donc encore des opportunités tactiques, des manœuvres, de la fatigue, au moins jusqu'au cap Finisterre (pointe Nord Ouest de l'Espagne). Ensuite, on retrouve les mêmes problématiques que l'an passé jusqu'au détroit de Gibraltar qui peut jouer l'effet « passage à niveau ».

Frédéric Le Peutrec, skipper de Gitana 11 :

« La deuxième partie, après la rentrée en Méditerranée, est aussi très différente de la saison passée : au lieu de longer les côtes nord-africaines pour rallier Malte, il va falloir remonter le long des côtes espagnoles, avec donc moins de champ optionnel jusqu'à Ibiza (Baléares). On sait d'ores et déjà qu'il y aura plein de changements, de rythme, de transitions car la Grande Bleue est toujours très capricieuse. Il y a des conflits météorologiques entre effets thermiques et de côtes : des « accordéons » avec des séquences rapides et des calmes, des systèmes météo qui passent très rapidement, donc des retours par derrière, des arrêts buffets. Sortis des îles Baléares, c'est un long bord vers la Sicile mais là encore, il peut y avoir bien des retournements de situation. Cette deuxième partie impose d'être opportuniste et de suivre en permanence l'évolution tout en gardant un œil critique, car les fichiers ne sont pas toujours fiables et souvent très variables. Il faut constamment valider les modèles, suivre la progression des autres trimarans ce qui permet aussi de voir s'il y a un différentiel entre les prévisions et la météo locale. L'an passé par exemple, derrière la Corse, nous avions arrêté de regarder les fichiers car les systèmes météo étaient trop aléatoires et dans ces moments là, il faut savoir retrouver ses automatismes d'observation, se fier à son expérience pour ne pas changer constamment de stratégie. La Méditerranée est toujours très stressante car les écarts se font en quelques heures, puis les retours sont aussi rapides… Enfin par rapport à la course de la saison passée, la remontée vers Nice est plus ouverte puisque nous avons le choix de passer par les Bouches de Bonifacio pour parer la Corse par l'Ouest. »

Thierry Duprey du Vorsent :

« Nous sommes six à bord et il y a donc des postes définis : Mayeul Riffet est ainsi en charge de la navigation et de l'analyse météo, ce qui impose qu'il soit hors quart car il va être très sollicité, particulièrement au début de la course et en Méditerranée car le routage est interdit. Il va donc passer pas mal de temps devant son ordinateur pour extraire les fichiers météo, chercher les infos et les interpréter. Ce qui ne l'empêchera pas de venir manœuvrer et barrer. Moi-même, je serai hors quart pour le relayer et barrer : dans tous les cas, il y aura au moins trois équipiers sur le pont. Erwan Le Roux est le deuxième barreur, mais donne évidemment un coup de main pour toutes les manœuvres et soutiendra Mayeul pour la tactique rapprochée lorsque nous serons au contact des autres trimarans. Enfin, Léopold Lucet est plus dédié à la plage avant, Nicolas Raynaud et Alexandre Marmorat aux réglages. »

Frédéric Le Peutrec :

« Sur une course au large comme Londres-Alpes Maritimes, les postes tournent mais chacun a tout de même une fonction précise en priorité. Ainsi, Frédéric Guilmin va s'occuper spécifiquement de la navigation avec Daniel Souben et moi-même pour les choix stratégiques et les phases de navigation à vue avec nos concurrents. François Denis étant blessé au genou, c'est Antoine Mermod qui le remplace : il a l'habitude de ce type de course hauturière puisqu'il avait gagné la transat Québec-Saint Malo 2004 avec Karine Fauconnier. Ronan Le Goff s'occupe plus spécifiquement de la plage avant et le Baron Benjamin de Rothschild est dans le cockpit, aux réglages. Il y a donc des phases où tout le monde est sur le pont (départ, sortie de Manche, passages à Gibraltar, Baléares, Sicile, Corse) et d'autres où il faut respecter les quarts pour récupérer car n'oublions pas que la course doit durer entre huit et dix jours… »

Thierry Duprey du Vorsent :

« Gitana 12 est le dernier des six trimarans du circuit à avoir été mis à l'eau mais ce n'est pas très grave : il fallait bien que le chantier soit terminé et le travail de l'équipe technique du Gitana Team a été super. Certes, nous sommes en déficit de navigation par rapport aux autres bateaux mais j'ai totalement confiance en la fiabilité du bateau et l'équipage a quand même une saison entière d'expérience. Gitana 12 s'avère en fait plus facile à mener que Gitana X : nous devrions trouver nos repères assez rapidement, surtout que nous sommes hyper motivés. Sur ce multicoque, nous avons les moyens  de jouer plus que les trouble-fêtes ! »

Frédéric Le Peutrec :

« Nous avons quasiment fini la préparation du bateau et cumulé les sorties depuis la mise à l'eau. Il reste encore un peu de travail mais dans l'ensemble, le bateau est prêt et nous commençons à en tirer la quintessence. Gitana 11 est fiable, de mieux en mieux réglé au niveau des détails, le trimmer de dérive a été rigidifié, le nouveau safran de large est prêt depuis ce week-end… Nous ne devrions pas avoir à bricoler sur le trimaran à Londres et pourrons ainsi nous concentrer sur la météo et la navigation sur la Tamise. Le bateau est en tous cas beaucoup plus évolutif que la saison passée, et plus à l'aise dans les petits airs. Cette première épreuve au large est donc une bonne mise en route pour la Multicup 60'. »

Equipage Gitana 11

Frédéric Le Peutrec (skipper-barreur), Baron Benjamin de Rothschild (régleur) , Frédéric Guilmin (navigateur), Daniel Souben (barreur-régleur), Ronan Le Goff (plage avant), Antoine Mermod (piano-régleur).

Equipage Gitana 12

Thierry Duprey du Vorsent (skipper-barreur), Erwan Le Roux (barreur-régleur), Mayeul Riffet (navigateur), Alexandre Marmorat (régleur), Nicolas Raynaud (régleur), Léopold Lucet (plage avant)

Programme du Gitana Team – Multi Cup et Route du Rhum

8 mai : départ de la course Londres-Alpes Maritimes
20-21 mai : Trophée du Conseil Général Alpes Maritimes (Nice)
2-4 juin : Grand Prix d'Italie (Trapani-Sicile)
23-25 juin : Grand Prix de Marseille Métropole
14-16 juillet : Grand Prix du Portugal (Portimao-Algarve)
8-10 septembre : Grand Prix du port de Fécamp
29 octobre : départ de la Route du Rhum Banque Postale(Saint-Malo/Pointe-à-Pitre)

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