Naviguer contre le vent, c'est parfois amusant, mais jamais agréable surtout quand ça dure longtemps… Et c'est encore moins plaisant quand la mer est courte, le vent soutenu, la mer glaciale. Au moins, sur ce dernier point, Frédéric Le Peutrec et Yann Guichard n'ont pas à souffrir : c'est plutôt l'excès de chaleur équatoriale qui contribue aussi à fatiguer les organismes. Là, le trimaran pilonne l'océan, le gréement tréssaille à chaque coup de butoir de la mer, les corps se recroquevillent sur les vagues et à chaque crête, un mouton d'écume vient balayer le pont et les visages déjà creusés par les cristaux de sel. Sans parler des poissons volants qui sifflent aux oreilles du barreur ! Le décor est peut-être idyllique sous les tropiques mais le scénario est rude pour les acteurs…
Gitana 11 n'est pas revenu sur Banque Populaire cette nuit car le duo Bidégorry-Lemonchois en a profité pour se recaler devant les étraves de Frédéric Le Peutrec et Yann Guichard. Le différentiel distance par rapport à Ascension n'est pas très important, une soixantaine de milles, mais il sera difficile à combler avant l'île. Il restera ensuite plus de 1400 milles à effectuer au portant, une allure très rapide qui convient bien au tandem du trimaran bleu. En revanche, Géant a de nouveau perdu du terrain sur Gitana 11 qui bénéficie toujours de son option plus à l'Est.
Côté Gitana X, le déroulé n'est pas du tout le même : Thierry Duprey du Vorsent et Erwan Le Roux n'aspirent qu'à une chose : faire du près… Paradoxal ! Car depuis mardi soir, ils sont dans le « ventre mou » du Pot au Noir. Cela ne semble pas se passer trop mal pour le duo qui avance encore à une vitesse raisonnable et devrait pouvoir s'en sortir dans l'après-midi de ce mercredi. Gitana X grâce à sa trajectoire très proche des côtes africaines lors de sa descente depuis son arrêt aux Canaries, aura tout de même gagné cent milles sur le trio de tête !
Frédéric Le Peutrec (Gitana 11) à midi mercredi :
« Comme vous vous en doutez, nous sommes au près ! Ca secoue mais on fait attention au matériel et on ne tire pas trop sur le bateau. Il y a entre 18 et 22 nœuds de vent avec une mer hachée : tout le monde fait le dos rond pour ne pas forcer et on en profite pour dormir car la fin de parcours va être très dynamique… Après le « remonte-pente » vers Ascension, ça va être la « grande glissade » dans la vallée jusqu'à Bahia ! Il y aura des empannages à faire, et des coups à jouer sur les 200 derniers milles. Normalement, Banque Populaire devrait avoir environ cinq heures d'avance au passage de l'île et nous serons au contact avec Géant.