Descente vers Ascension
Changement de braquet pour rallier l'île d'Ascension : Gitana 11 avec son décalage africain doit désormais affronter des brises contraires de secteur Sud Est. Du près avec même des virements de bord à négocier au mieux pour profiter des bascules d'un alizé encore instable. Du côté de Gitana X, l'entrée dans le Pot au Noir est imminente avec pour lui aussi une option très à l'Est.

D'un combat à trois, la Transat Jacques Vabre est passée au duel : Banque Populaire est allé chercher Gitana 11 vers l'Afrique… et l'a trouvé ! Les deux trimarans n'étaient plus à la mi-journée de mardi qu'à quarante milles l'un de l'autre. Un combat quasiment à vue. Où chacun va tenter de trouver l'opportunité de s'échapper à l'occasion d'un grain ou d'une bascule de vent permettant de virer de bord pour gagner dans l'Est. Car l'île d'Ascension, située par 8° Sud et 14°20 Ouest est loin, très loin même : 650 milles à louvoyer contre des alizés de Sud Est qui prennent leur souffle au fur et à mesure que les bateaux progressent vers le… Sud Est.  D'une quinzaine de nœuds, les vents vont monter progressivement à 20 puis 25 nœuds. Levant une mer courte. Il va falloir trouver le bon compromis entre vitesse et cap tout en préservant le matériel pour ne pas fatiguer le gréement, les voiles, les structures. Car les hommes eux, ne vont pas se modérer : deux jours à naviguer dans un shaker, face à une pluie d'embruns, sous une chape de plomb, dans un air saturé d'humidité. Sur le pont, c'est la douche permanente ; sous le pont, la chaleur suffocante… Ascension se mérite, comme un sommet himalayen !

En tout cas, Frédéric Le Peutrec et Yann Guichard sont désormais en position d'attaquants : avec moins de deux heures de retard, alors qu'il reste plus de cinq jours de mer, l'écart est insignifiant, surtout lorsqu'on sait que Gitana 11 est un redoutable trimaran dans la brise, particulièrement au près et aux allures débridées, comme il l'a démontré en Grand Prix. Surtout lorsqu'on sait que Frédéric et Yann viennent de la filière olympique et qu'ils cumulent un touché de barre exceptionnel avec un sens de la tactique rapprochée exacerbé.

Quant à Thierry Duprey du Vorsent et Erwan Le Roux, ils n'ont pas encore perçu les effluves du Pot au Noir. A quelques dizaines de milles des côtes sénégalaises, Gitana X a opté aussi pour une « voie intérieure », un raccourci pour gagner des milles en longeant l'Afrique. Un choix un peu risqué car le trimaran peut subir les métastases du Pot au Noir plus longtemps que le trio de tête, mais judicieux pour espérer combler une partie de leur retard accumulé en raison de deux arrêts à Porto, puis à Lanzarote pour réparer. Et à la vue de ce qui s'est passé sur l'eau ces derniers jours, l'avenir n'est pas acquis… 

Yann Guichard (Gitana 11) à 5h00 ce mardi :

«  Nickel : on est sorti du Pot au Noir cette nuit et le bateau est en parfait état… Les bonhommes aussi, même s'ils sont assez fatigués. Nous sommes déjà calés dans des alizés de Sud à Sud Est dans une mer un peu hachée. Nous n'avions pas vu le soleil depuis deux jours et cette nuit a été magnifique avec la pleine lune qui nous ouvrait la route !  Notre option à terre est donc une bonne opération : de 200 milles de retard au Cap Vert, nous sommes passés à moins de quarante milles… Il fait une chaleur d'enfer et il faut boire des litres et des litres d'eau pour ne pas se déshydrater. Je pense que notre situation est plutôt favorable, surtout vis-à-vis de Géant qui est à plus de cent milles sous notre vent (plus dans l'Ouest). Nous avons une bonne vitesse et nous avons pu checker Gitana 11 : tout est OK. Maintenant, il faut essayer de conserver notre décalage latéral pour descendre sur Ascension. »

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